Le grand patron de Cisco Canada, de passage à Montréal, affirme que les nouvelles technologies de communication constituent le tremplin des PME vers l’innovation. Compte-rendu.
Terry Walsh, le président et chef de la direction de Cisco Canada, croit que les entreprises canadiennes ont intérêt à adopter les nouvelles technologies de communication si elles veulent tirer leur épingle du jeu dans une économie en bouleversement.
À l’occasion d’un déjeuner-conférence de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, M. Walsh a voulu convaincre l’auditoire que l’économie du Canada et du Québec, composée en grande majorité de petites et moyennes entreprises, était rendue à un moment décisif alors que s’accentuent plusieurs tendances.
En racontant une anecdote d’enfance, où il a dû choisir entre sauter d’un tremplin de piscine ou en redescendre par l’échelle, M. Walsh a fait état des facteurs qui forceront les entreprises à opter pour le changement, par l’adoption des nouveaux moyens de communication par la réseautique.
Après avoir fait état de la réduction des surplus budgétaires gouvernementaux, de la réduction des exportations – notamment des produits à valeur ajoutée – de l’augmentation des importations américaines en provenance de la Chine et des impacts du taux de change, M. Walsh a affirmé que les entreprises canadiennes démontraient des écarts au niveau des coûts de main-d’oeuvre et de la productivité avec les entreprises américaines.
En soulignant que la moitié des PME n’utilisait aucune forme de technologie de communication instantanée, il a affirmé qu’il fallait regarder du côté des enfants pour saisir l’importance des nouvelles technologies de communications, alors que les réseaux sociaux, les blogues et la vidéo en ligne sont en croissance fulgurante.
« L’an dernier, les enfants disaient que le courriel était pour les vieux. Maintenant, ils disent que la messagerie instantanée est aussi pour les vieux, alors qu’ils parlent en temps réel sur l’Internet, a déclaré M. Walsh. J’ai dit à mon fils : “Ne regarde pas trop la télévision”, ce à quoi il a répondu “Pas de problème, je ne la regarde pas de toute façon! ”, puisqu’il passe ses temps libres en ligne! »
« Maintenant, quelle est la proposition en matière de valeurs de la publicité à la télévision pour les annonceurs? », a-t-il demandé.
Interaction… Et rédemption
M. Walsh a donné des exemples d’intégration des nouvelles technologies de communications au sein même de Cisco. L’entreprise a instauré, pour ses employés, une version de la page personnelle du site Facebook, qui affiche l’état de la personne, les coordonnées de contact, des images et des vidéos et des extraits de blogue. Le recours aux concepts des communications unifiées et de l’état de disponibilité permet aux treize ingénieurs de systèmes émérites de parler à davantage de clients à des moments précis sans « se brûler ». L’utilisation de la téléprésence permet au président de Cisco, John Chambers, de discuter par la vidéoconférence en temps réel avec les directeurs généraux répartis autour du globe, ce qui a permis de réduire d’un milliard de milles les déplacements en avion et de réduire l’empreinte écologique, tout comme de parler à deux fois plus de clients.
Pour souligner l’impact de la collaboration, M. Walsh a expliqué que les employés puis les internautes ont été invités à soumettre en ligne des idées d’applications ou de technologies à l’entreprise, en échange d’une rétribution si ces idées se concrétisaient. Il a aussi évoqué le cas de Goldcorp, une entreprise minière canadienne qui était au bord de la faillite. Son chef de la direction, en guise d’essai ultime, a mis en ligne des données stratégiques pour inciter des géologues et des scientifiques du monde entier, en échange d’une compensation, à analyser les informations et à suggérer de nouvelles méthodes pour trouver rapidement de l’or.
« La moitié des filons suggérés [par ces collaborateurs] contenait de l’or, et 80 % contenaient beaucoup d’or. Ce ne sont pas les géologues de l’entreprise, mais une grande communauté qui a permis à l’entreprise d’augmenter sa valeur de quelques centaines de milliers de dollars à plus de 9 milliards de dollars », a indiqué M. Walsh.
M. Walsh a tenu à souligner que les nouvelles technologies de communications étaient non seulement plus abordables pour les petites et moyennes entreprises, mais qu’elles constituaient un avantage qui permet de hausser l’habileté des gens de ces organisations à collaborer avec chacun.
Transition et adoption
Interrogé par un participant à propos du moment déterminant de passage aux nouvelles technologies, qui nécessite d’importants investissements, alors que les actifs patrimoniaux sont considérables, M. Walsh a donné l’exemple de l’entreprise américaine de télécommunications Verizon.
« Cette entreprise, qui détenait beaucoup d’actifs en téléphonie traditionnelle, constatait l’émergence des communications IP. Le chef de la direction de l’entreprise a choisi d’offrir aux clients une bande passante en assez grande quantité pour qu’ils n’aient pas le goût d’aller chez un autre concurrent », a-t-il relaté.
M. Walsh a également souligné le caractère innovateur de l’économie montréalaise et québécoise, mais surtout son adoption hâtive des nouvelles technologies en comparaison avec le reste du Canada.
« Le Québec a pris rapidement les devants en matière d’adoption de la téléphonie IP. Les gens ont été rapides à reconnaître l’innovation, ce qui est vrai depuis cinq ans », a-t-il déclaré, en soulignant l’attention portée envers la recherche et le développement par l’industrie québécoise des TIC.
Bande passée
Quant aux impacts des nouvelles technologies de communication sur la bande passante, M. Walsh a affirmé que les besoins de mise à niveau des infrastructures se font déjà sentir dans tous les segments des réseaux.
« Ce qui tuera rapidement la bande passante, c’est la vidéo, a-t-il déclaré. YouTube, à lui seul, utilise autant de bande passante en ce moment que tout l’Internet en 2000. Maintenant, la communication vidéo envahit le domicile.
« Je n’ai pas un gros système de téléprésence à la maison, mais je tente d’en simuler un avec un gros écran, un ordinateur et un abonnement à l’Internet par câble. Les images que je reçois à 4 Mb/s sont belles, mais celles que j’envoie à 720 Kb/s le sont moins pour ceux qui les reçoivent. Maintenant, si tout le monde qui habite ma rue décide de faire la même chose… »
« Seulement 16 % de la population mondiale est sur l’Internet. Certains diront que certains pays sont pauvres et n’y seront pas avant un bon moment. Mais des pays, des compagnies ou des organisations y construisent l’infrastructure nécessaire, parce qu’ils reconnaissent que si on leur donne de la nourriture et de l’eau sans les aider à participer à la conversation mondiale, ils seront encore laissés en plan.
« Donc, si la croissance de l’utilisation de l’Internet est exponentielle et qu’elle se fera par la vidéo, et que [c’est déjà difficile] avec une bande passante de 720 Kb/s… [Le manque de bande passante] constitue déjà un problème. »
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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