Des responsables des technologies, des dirigeants d’entreprises de l’industrie des TIC et des observateurs répondent à trois questions liées à la thématique de notre dossier.
Michel Couture Vice-président, stratégie Tink Montréal |
Jonathan Fournier Président Distantia Gatineau |
Gladys Caron Vice-présidente, Affaires publiques, Banque Laurentienne Montréal |
1 – Est-ce que l’accès à distance à un intranet requiert des mesures de sécurité particulières?
Michel Couture : Les organisations sont sensibles à permettre un accès à distance à leur intranet et plusieurs ne l’autorisent pas. Selon la confidentialité et la nature critique de l’information, celles qui le permettent le font de façon parcimonieuse.
La tendance lourde d’accès à l’information à l’aide d’appareils mobiles oblige les organisations à ouvrir davantage l’accès à distance à une partie ou à la totalité du contenu de leur intranet, mais avec des moyens qui assurent la sécurité.
Jonathan Fournier : La mobilité des employés fait en sorte qu’on doive accéder à l’intranet de partout. Cela nécessite une sécurité accrue pour éviter qu’un compétiteur y accède, mais il ne faut pas rendre le processus complexe au point où les gens ne l’utiliseront pas. Il faut garder le bon vieux mécanisme de nom d’usager et de mot de passe – en y incluant l’emploi de majuscules et d’un mélange de chiffres et de lettres – afin de rendre la tâche plus difficile aux robots décodeurs.
Gladys Caron : Certains employés peuvent accéder à des applications de l’extérieur du bureau, mais selon un processus rigoureux, puisque nous sommes dans le secteur bancaire. Un système qui est utilisé dans le cadre des activités normales n’est pas nécessairement accessible hors du bureau. Pour ceux qui y ont droit, l’intranet fait partie des applications accessibles dans un environnement hautement sécurisé, au moyen d’une calculette.
2 – Est-ce que l’avenir de l’intranet passe par les fonctions d’interaction sociale?
Michel Couture : Les fournisseurs de plateformes intègrent le réseautage social à leurs solutions, ce qui confirme le phénomène. Avoir un équivalent de Facebook dans un intranet est encore un phénomène émergent, mais de plus en plus d’organisations y ajoutent des composantes de réseautage aux fins du partage et de la captation des connaissances.
L’interaction peut prendre plusieurs formes. Par exemple, l’ajout par un employé de compétences et d’accomplissements à son profil d’intranet peut entraîner l’établissement de communautés de pratique.
Jonathan Fournier : Les fonctions d’interaction sociale permettent d’aller chercher de l’information et de procurer une valeur ajoutée à un intranet. Si les employés sont capables de partager de l’information et de participer au sein d’un intranet, l’organisation en sort gagnante. Il existe différents types d’intranets et d’entreprises : si une entreprise a une culture de partage des connaissances, qu’elle veut encourager l’utilisation de l’intranet et qu’elle y investit les efforts nécessaires, les employés y participent et la roue tourne…
Gladys Caron : Pour les employés plus jeunes – et moins jeunes – l’interaction sociale est de plus en plus intégrée aux modes de communications et les gens veulent accéder à ces applications. Nous n’y sommes pas rendus, mais la problématique n’est pas technologique. Dans le contexte du secteur bancaire, le partage d’information nécessite l’établissement d’un encadrement sur ce qui peut être échangé de cette façon, ce que nous n’avons pas encore fait. Éventuellement il faudra y arriver, car cela peut procurer une valeur ajoutée certaine pour l’efficacité.
3 – Est-ce que le logiciel service menace l’avenir des intranets?
Michel Couture : En considérant la sécurité, le niveau de complexité et les besoins d’intégration entre l’intranet et les applications d’entreprise, je doute que les grandes organisations prennent le virage du logiciel service de sitôt. C’est plus prometteur pour les PME qui ne disposent pas de grands moyens ou d’infrastructures technologiques nécessaires au déploiement d’un intranet. Par contre, très peu de plateformes en logiciel service intègrent un ensemble de fonctions typiques d’un intranet – c’est plutôt dispersé dans le nuage.
Jonathan Fournier : Oui. Avant, il fallait avoir un serveur et un technicien sur place, ce que plusieurs organisations ne pouvaient se payer. Maintenant, pour quelques dollars par mois on peut avoir un intranet dont tout le monde peut se servir. Comme de plus en plus d’employés sont mobiles, il est plus facile de travailler avec un intranet qui n’est pas hébergé chez soi. Il y a toujours un frein envers la sécurité, mais une infrastructure externe, avec ses ressources et ses experts, est souvent plus sécuritaire qu’un serveur en interne.
Gladys Caron : Ce qui risque de se produire, comme on le voit dans le marché avec Facebook et d’autres applications du genre, c’est que pour certains besoins spécifiques rien n’empêcherait d’aller chercher une application sous forme de logiciel service qui serait accessible par le biais de l’intranet. De là à ce que cela devienne chez nous uniquement «service», j’en serais fort surprise, compte tenu du niveau spécialisé et de la latitude technique et financière que nous permet un intranet traditionnel.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.