Avec l’accroissement du nombre d’utilisateurs et du trafic, les enjeux liés à l’évolution du réseau Internet sont considérables. Brunilde Sansò, de l’École Polytechnique à Montréal, identifie cinq axes de transition qui créeront des défis pour les planificateurs et les opérateurs de réseaux.
Dans le cadre d’une plénière qui portait sur les réseaux optiques numériques à 100 gigabits à la seconde et plus, lors du récent colloque annuel du Réseau d’informations scientifiques du Québec (RISQ), Brunilde Sansò, qui est professeure titulaire au Département de génie électrique à l’École Polytechnique de Montréal, a décrit des axes de transitions qui soulèveront sous peu des enjeux d’envergure pour les exploitants de réseaux.
Adressage, médium, applications
Le premier axe consiste en la transition de l’adressage de type IPv4 vers l’adressage de type IPv6 au sein des réseaux. Puisqu’il sera difficile de convertir toutes les adresses IP qui sont présentement en exploitation dans une courte période de temps, la professeure s’attend à une longue cohabitation de deux couches d’adressage. Pour les opérateurs de réseaux, cela se traduira par l’ajout d’équipement et de tâches de gestion ainsi que par des coûts plus élevés.
Le deuxième axe de transition a trait au médium de choix pour la réseautique, alors que le mode sans fil ne cesse de croître en popularité. L’augmentation du trafic vidéo et des communications de machine à machine nécessitera une croissance de la capacité pour l’accès sans fil et un rehaussement de la capacité du réseau filaire, mais aussi une gestion plus serrée de la réseautique de bout en bout.
Le troisième axe de transition est lié aux applications, où la vidéo en temps réel aura des impacts directs sur la planification et la gestion du réseau ainsi que sur le niveau de performance. Mme Sansò s’attend à une compétition entre la voix et la vidéo à titre de trafic prioritaire.
Nature du trafic, impact écoénergétique
Le quatrième axe de transition est lié à la nature du trafic. La professeure explique qu’en raison de la popularité des médias sociaux et des applications de divertissement, le trafic n’est plus axé sur un passage d’une origine vers une destination, mais plutôt sur une diffusion dans plusieurs directions. Alors que les réseaux de distribution de contenu gagnent en popularité, Mme Sansò a mentionné l’existence de problèmes non résolus à leur égard au niveau de la granularité de l’information qui sera conservée en cache, de l’adressage, de la planification et de la sécurité.
Enfin, le cinquième axe de transition des réseaux porte sur l’impact écoénergétique de l’accroissement de la réseautique. Mme Sansò a indiqué que des données provenant des grands fournisseurs de services Internet ont démontré de grandes variations de la consommation pour la prestation de mêmes services.
La professeure a souligné notamment que les planificateurs et les exploitants de réseaux devront miser sur une minimisation des redondances, sur la virtualisation des réseaux et sur la gestion d’un réseau qui fonctionnera au besoin, en vertu de la norme IEEE802.3az. Ainsi, les acteurs de la réseautique devront envisager une « ingénierie verte » du trafic.
Pistes de solution
Pour résoudre des besoins à court terme en planification et en exploitation des réseaux, Mme Sansò a indiqué que des pistes de solution résidaient dans la connaissance du trafic et dans la considération d’un réseau comme étant un tout. Également, des pistes de solution résideraient dans la prévision des changements plusieurs années à l’avance et dans l’obtention de bénéfices au niveau des redondances actuelles et futures.
Également, Mme Sansò a expliqué que les planificateurs et les exploitants de réseaux ne pourront augmenter sans cesse la capacité des réseaux. Ainsi, ils devront miser sur l’ingénierie du trafic, sur une meilleure efficacité énergétique et sur une grande optimisation des actifs.
La professeure a ajouté que les planificateurs et les exploitants de réseaux devront intégrer les nombreux axes de changement d’une façon efficace.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.