La performance du Canada en matière d’Internet haute vitesse est meilleure que ne le prétendent les plus récentes données fournies par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), soutient une étude.
« Le problème avec les chiffres de l’OCDE, c’est que l’organisation se base sur les vitesses affichées (advertised speeds) par les fournisseurs de services Internet, alors que pour notre étude, nous nous basons sur des vitesses réelles obtenues par les utilisateurs finaux », explique Johanne Lemay, coprésidente du cabinet d’études Lemay Yates Associés.
L’étude n’inclut pas les données en provenance d’Israël et de l’Islande, deux pays membres de l’OCDE.
« J’étais surprise de voir les plus récents chiffres de l’OCDE. Je ne m’attendais pas à ce que le Canada soit premier de classe, mais pas non plus à ce que le pays soit toujours en queue de peloton comme le laisse entendre l’organisation », dit-elle.
Internet haute vitesse : le Canada dans la moyenne
Ainsi, selon l’étude de Lemay Yates Associés, le Canada se classe au 15e rang sur 32 pays avec une vitesse moyenne de 11,5 mégabits par seconde (Mb/s) au niveau du téléchargement. « Le Canada est loin d’être en queue de peloton comme le prétend l’OCDE », affirme Mme Lemay.
Les vitesses moyennes varient entre 2,6 Mb/s au Mexique et 37,3 Mpbs en Suède. L’étude soutient que le Canada devance notamment les États-Unis et la France (11,2 Mb/s), la Finlande (11 Mb/s) et le Royaume-Uni (9,3 Mb/s). Le Canada est toutefois légèrement sous la moyenne des 32 pays à l’étude, qui est de 13,06 Mb/s.
D’après les plus récents chiffres de l’OCDE, dévoilés en septembre 2010, le Canada se classe au 22e rang sur 34 pays avec une vitesse de téléchargement moyenne de 20,82 Mb/s. Le Mexique est au bas du classement à 2,98 Mb/s, alors que la Suède domine à 85,61 Mb/s. La moyenne pour tous les pays de l’OCDE se situe à 37,5 Mb/s.
L’OCDE soutient que les vitesses moyennes en France, en Finlande et au Royaume-Uni étaient alors de 66,84 Mb/s, 30,67 Mb/s et 26,62 Mb/s respectivement.
« La différence vient de la commercialisation des plans, qui varie beaucoup selon les pays. Par exemple, en Europe, les opérateurs peuvent promettre des vitesses allant jusqu’à 25 Mb/s. Dans les faits, ce n’est pratiquement jamais aussi rapide. Si l’OCDE, en se basant sur les plans offerts, écrit 25 Mb/s, ce n’est pas la réalité », croit Johanne Lemay.
Des prix abordables
L’étude de Lemay Yates révèle également que le Canada se situe au 12e rang sur 32 pays au niveau du prix moyen (en dollars américains) par mégabit par seconde à 2,68 dollars. C’est la Corée du Sud qui arrive en tête de liste à 0,87 dollar, suivie de la Suède (1,24 dollar), du Japon (1,34 dollar) de l’Estonie (1,46 dollar) et du Luxembourg (1,69 dollar).
À ce chapitre, le Canada devance des pays comme la France (2,88 dollars), les États-Unis (2,89 dollars), le Royaume-Uni (3,79 dollars) et l’Espagne (4,75 dollars). Le Mexique arrive en queue de peloton avec un coût moyen par mégabit par seconde de 17,42 dollars, soit plus du double de la Turquie, qui arrive à l’avant-dernier rang à 8,04 dollars.
Or, selon les données de l’OCDE, le Canada se classe plutôt au 25e rang sur 34 pays avec un prix moyen par mégabit par seconde de 1,46 dollar américain. La Suède et le Japon dominent le classement à 0,12 et 0,13 dollar respectivement, alors d’autres pays comme la France (0,34 dollar) et le Royaume-Uni (1,10 dollar) devancent le Canada à ce chapitre. Le classement place l’Espagne à 1,66 dollar et les États-Unis à 2 dollars.
Canada : 74 % des ménages ont la haute vitesse
Le document soutient que 74 % des ménages canadiens ont une connexion Internet haute vitesse, ce qui place le pays au 7e rang sur 33 pays à l’étude. Les Pays-Bas arrivent au premier rang à 86,3 %, suivis du Danemark (86 %), de la Corée du Sud (82 %), de l’Islande (79,8 %), du Luxembourg (78 %) et de la Suisse (77 %).
À l’opposé, seuls 38,9 % des ménages ont accès à Internet haute vitesse en Turquie, comparativement à 36,9 % au Chili et à 13,7 % au Mexique.
Pour effectuer son étude, Lemay Yates Associés, en collaboration avec Rogers Communications, a acheté les données disponibles chez SpeedTest.net pour les mois de mai, de juin et de juillet 2011. Le site Internet, propriété de la société américaine Ookla, permet de tester gratuitement la vitesse des connexions Internet partout dans le monde, tant pour le téléchargement (download) que pour le téléversement (upload).
La définition de connexion Internet à haute vitesse est toutefois très vaste. Par exemple, pour se conformer à la définition de l’OCDE, tous les forfaits canadiens offrant une vitesse de téléchargement supérieure à 128 kbps sont considérés comme étant à haute vitesse.
Au total, plus de 52 millions de tests ont été analysés, dont 41,1 % provenaient des États-Unis, 11,8 % du Royaume-Uni, 5,8 % de l’Italie, 4,7 % du Canada et 4,3 % de l’Australie et du Mexique.
Les données brutes recueillies ont été pondérées pour refléter les parts de marché des différents fournisseurs de service Internet dans chaque pays.
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