La rencontre des domaines technologique et artistique aux événements de la SAT a permis aux conférenciers d’apprécier l’innovation des créateurs, ainsi que de procéder à des échanges aux retombées concrètes.
La première série de conférences Interface(s) Montréal organisée par la Société des Arts Technologiques s’est visiblement déroulée sous le signe de la satisfaction, à en juger par les commentaires positifs des participants qui y ont contribué à titre de présentateurs et de spectateurs.
Les neuf conférences hebdomadaires, présentées de septembre à novembre dernier, ont réuni des créateurs, des entrepreneurs, des étudiants et des citoyens intéressés à découvrir des projets et à échanger à propos de sujets d’intérêt pour les domaines des arts et des technologies. Les thématiques couvertes durant cette première série avaient trait à l’immersion et à la virtualité, à l’audio et la vidéo IP, à la modélisation et la virtualisation des données, à la capture du mouvement, à la télémanipulation et la robotique, à l’animation et au son numériques, à l’intelligence artificielle et à la mobilité.
Expérience rafraîchissante
Luc Courchesne, professeur à l’école de design industriel de l’Université de Montréal, est le président de la Société des Arts Technologiques. C’est toutefois à titre de dirigeant de la firme Idéaction qu’il a présenté le Panoscope 360, un dispositif immersif qui projette une image panoramique anamorphique qui affiche sur un écran hémisphérique un champ visuel dont la déformation a été corrigée pour apparaître correctement aux yeux d’un spectateur.
M. Courchesne a indiqué que la présentation a permis de procéder à des échanges avec d’autres conférenciers qui ont manifesté un intérêt envers l’utilisation du dispositif dans un contexte d’application commerciale ou industrielle.
« À la suite de la présentation, des contacts ont été établis avec un conférencier de l’Agence spatiale canadienne, relate M. Courchesne. Nous sous sommes dits que nous allons faire des tests pour voir si l’on pouvait l’utiliser pour le manipulateur du bras canadien de la navette spatiale, dont le contrôle serait facilité dans un contexte d’immersion, où plutôt qu’essayer d’imaginer ce qui se passe à l’aide d’un petit écran, le manipulateur du bras pourrait avoir un contrôle plus fin (du bras à l’aide de cette technologie).
« J’ai également discuté avec un directeur de la recherche d’une firme qui développe également des technologies panoramiques. Nous avons constaté que nos recherches étaient analogues et depuis ce temps nous travaillons sur des développements communs », ajoute le chercheur.
Denis Fluet, directeur des applications vidéo dans le domaine optique chez Nortel, a pour sa part effectué deux présentations sur les thématiques de l’audio et la vidéo IP et de la mobilité. Le conférencier a qualifié de « très rafraîchissante » l’opportunité de voir la variété et le dynamisme de la créativité qui est produite à Montréal.
« Nous avons tendance, dans le cadre de nos activités, à avoir seulement la visibilité de ce qui est fait dans le domaine des télécommunications, mais de voir la panoplie des différentes choses qui se font à Montréal était très intéressant. On remarque une certaine convergence à tous les degrés, que ce soit au niveau des télécommunications, des réseaux informatiques, des applications et des contenus », commente-t-il.
M. Fluet confirme également que des discussions ont eu lieu avec d’autres compagnies qui ont effectué des présentations de produits lors des conférences. « Autrement, cela nous aurait pris beaucoup de temps à les retrouver, constate-t-il. Pour certaines applications chez Nortel, des technologies développées par ces gens consisteraient en une complémentarité à notre offre. Nous avons aussi discuté avec certaines firmes de communications et de contenus, pour voir comment nous pourrions utiliser leur expertise pour mieux nous positionner dans des dossiers montréalais ou à travers le monde. »
Compréhension
Selon M. Fluet, pour savoir dans quelles directions se dirigent les technologies dans les domaines des télécommunications et de l’information, il est pertinent de comprendre ce que font les créateurs, quels contenus ils veulent émettre et de quelle manière ils souhaitent le diffuser.
« Les réseaux offrent de façon très simpliste une connectivité, et la connaissance de ce que les gens veulent faire et de la manière qu’ils veulent le faire nous amène à procéder à des développements de produits et de technologies qui sont mieux alignés pour faciliter ce genre chose.
« Il suffit de regarder des applications dans l’offre « triple jeu » de la voix, des données et de la vidéo, où nous voyons les mêmes choses (se produire) des côtés cellulaire, filaire et optique. Nous allons vers une convergence des contenus des applications et par conséquent le contenu va de plus en plus dominer sur ces réseaux. Si nous pouvons mieux participer à l’élaboration et comprendre ce qui se passe dans la tête des gens qui font de la création, nous pourrons aussi mieux comprendre où nous allons en télécommunications. »
L’appréciation de la série par les conférenciers s’est également manifestée d’un point de vue de spectateur. « Il était intéressant, chaque semaine, de retrouver les mêmes personnes. Il y avait une évolution du sujet, alors qu’une semaine on parlait d’une possibilité de collaboration et qu’on en reparlait la semaine suivante. Concrètement, le déroulement des activités sur une dizaine de semaines a permis à la fin d’obtenir des ententes de collaboration qui sont en marche », commente M. Courchesne.
« C’était un peu comme les gens qui s’abonnent au gym pour se mettre en forme. On y va, peu importe qui sera là, car on sait qu’il va se passer quelque chose. Autant il y avait des nouvelles présentations, autant il y avait des gens qu’on revoyait d’une semaine à l’autre. Il y avait non seulement une chance de développer des collaborations, mais dix chances de faire évoluer des idées », ajoute-t-il.