L’utilisation des technologies de l’information en milieu scolaire a fait des progrès au fil des ans. Le monde de l’enseignement comprend mieux aujourd’hui l’apport potentiel des TI et la façon de les exploiter efficacement. Malgré tout, une forte résistance demeure, et cela est particulièrement vrai au Québec.
La mondialisation et les changements technologiques rapides alimentent les efforts de nombreux pays pour conserver ou améliorer leur rang et leur influence à l’échelle planétaire. Parmi les mesures mises de l’avant à cet effet, l’éducation occupe un rôle de premier plan.
Aux États-Unis, la crainte que s’érode le caractère concurrentiel du pays sur l’échiquier mondial a incité le département de l’Éducation à former un partenariat avec des entreprises du secteur des TI – Apple, Cisco, Dell et Microsoft notamment. L’initiative a donné naissance, en 2002, à l’organisation Partnership for 21st Century Skills. Celle-ci vise à préparer les élèves du primaire et du secondaire aux défis du 21e siècle, en insistant sur l’acquisition de compétences comme la communication et la maîtrise des supports d’information.
Partnership for 21st Century Skills marche dans les traces de la New Technology Foundation, un organisme basé en Californie dont l’objectif est de réinventer l’enseignement et l’apprentissage à l’aide d’outils technologiques pleinement intégrés. Sans de tels changements, croit-on à la New Technology Foundation, les nouvelles technologies ne pourront apporter à l’enseignement les effets bénéfiques qu’on leur prête. Jusqu’ici, quarante-deux écoles dans neuf États adhèrent aux réformes mises de l’avant par cette organisation.
Les réformes proposées comprennent, entre autres, un modèle d’enseignement axé sur les projets où les étudiants sont appelés à partager des informations en ligne au sein d’un réseau. À ce jour, la nouvelle approche a abouti à des résultats étonnants, par exemple la réduction de moitié du taux d’échec au sein d’une classe en l’espace d’une seule année. Le concept proposé va au-delà de l’utilisation traditionnelle de l’ordinateur dans les écoles qui repose toujours sur des tâches plus élémentaires, comme la recherche dans Internet, l’échange de courriels et la maîtrise d’une suite de bureautique.
Chez nous
Au Québec, des initiatives visant à exploiter les TI de façon plus avant-gardiste ont aussi vu le jour dans certaines écoles. Comme le rapportait cyberpresse.ca en février dernier, on a recours au blogue et à la caméra Web comme outils pédagogiques à l’école Saint-Grégoire-le-Grand, dans le quartier Villeray. À l’école primaire Le Plateau, une institution montréalaise à vocation musicale, des élèves ont enregistré, sur des airs de rap, de hip-hop et de reggae, une chanson ayant la grammaire pour thème et dont la vidéo a été mise en ligne sur YouTube.
Ces cas demeurent isolés, cependant. Les réticences sont vives au Québec par rapport à l’utilisation des TI à l’école. Selon ce que rapportait l’AQUOPS en 2006, de 70 % à 80 % des enseignants québécois ne sont pas prêts à intégrer les TI à leur pratique éducative. D’ailleurs, la province accuse un important retard relativement à l’usage de l’ordinateur à des fins scolaires, comme l’a souligné cyberpresse.ca.
Près de la moitié des Québécois de 15 ans n’utilisent jamais l’ordinateur aux fins de leurs travaux scolaires, ce qui représente le pire score non seulement au Canada, mais dans l’ensemble de l’OCDE. L’école québécoise met un ordinateur à la disposition de huit élèves de cet âge, alors que dans le reste du Canada, la proportion est d’un pour six. Pour combler l’écart, le gouvernement du Québec a annoncé des fonds récurrents de 30 millions de dollars par année afin d’accroître et de bonifier le parc informatique de ses écoles.
Pendant ce temps, le débat se poursuit entre partisans et adversaires des technos. Crainte de la cyberintimidation d’un côté, nécessité d’enseigner l’utilisation responsable des TI de l’autre. Pour les uns, les TI accentuent les inégalités sociales; pour les autres, elles représentent un outil essentiel à un apprentissage, à une analyse et à une compréhension supérieurs. En fin de compte, cellulaires, caméras Web et blocs-notes tardent à faire leur entrée dans nos écoles.
Un chercheur de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Bernie Froese-Germain, estime que la réponse se trouve à mi-chemin entre ces deux pôles. Une nouvelle technologie apporte toujours des avantages et des désavantages à la fois, croit-il. Aussi, les éducateurs ne doivent pas uniquement se demander ce que les TI apporteront à leur pratique éducative, mais ce qu’elles lui feront perdre également.
Réseaux sociaux
Alors que la réflexion à propos des technologies à l’école n’en est qu’aux stades préliminaires dans bon nombre de commissions scolaires, le Québec devra se pencher sur la possibilité de faire appel aux concepts les plus en vogue, comme les réseaux sociaux.
Ces derniers sont dans la mire de certains milieux éducationnels, qui souhaitent exploiter la créativité et l’intérêt manifestés par la jeune génération en regard de ce phénomène. Selon une enquête menée aux États-Unis par la National School Board Association, les étudiants qui sont âgés de 9 à 17 ans consacrent presque autant de temps à utiliser ces réseaux et à naviguer sur le Web qu’à regarder la télévision.
Certains seront surpris d’apprendre que l’éducation figure parmi les sujets de prédilection des élèves sur les réseaux sociaux. Cela comprend la planification de leurs études, les apprentissages à l’extérieur de l’école et des sujets comme la politique et la religion. Soixante pour cent des adeptes des communautés en ligne échangent sur ces thèmes, et cinquante pour cent d’entre eux le font à propos de leur travail scolaire spécifiquement.
À l’heure où les éducateurs demandent de plus en plus aux élèves de se servir d’Internet dans le cadre de leurs devoirs, un grand nombre de dirigeants d’écoles américaines demeurent sceptiques quant à l’utilité des réseaux sociaux en tant qu’outil pédagogique. L’étude de la National School Board Association y voit une indication possible du peu de connaissance qu’ont ces personnes des communautés en ligne.
On peut protéger les élèves des effets parfois pernicieux que peuvent avoir sur eux les réseaux sociaux, indique l’étude. Pour ce faire, il importe de mettre en place des politiques réfléchies. Et comme ces réseaux prennent une importance croissante au sein des entreprises, il y a là une occasion de parfaire la préparation des élèves à la vie adulte, ce qui est la mission même de l’école.
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