L’organisme voué à l’insertion sociale par le reconditionnement des appareils informatiques a 15 ans. Sa fondatrice et directrice générale Agnès Beaulieu répond à cinq questions.
Rappelez le contexte qui a mené à la création d’Insertech en 1998.
Insertech est né de la démarche de relance du site des ateliers Angus, qui avait été délaissé par le Canadien Pacifique. Des partenaires socioéconomiques, du communautaire et de l’enseignement ont fait un plan d’adaptation. Parmi les recommandations, il y avait la création d’une structure d’insertion pour des jeunes en difficulté qui joindrait les missions du site, soit l’exploitation d’un technopôle et le développement durable. L’organisme a pris le créneau du reconditionnement des appareils informatiques parce que ça conciliait environnement et technologie.
Quel bilan faites-vous des quinze premières années d’Insertech en matière de réemploi des appareils informatiques ?
Notre activité a été professionnalisée. Depuis le début, on récupère les ordinateurs des entreprises pour les remettre en état de marche. Mais on s’est mis à le faire avec des écrans à cristaux liquides, des tablettes numériques, etc. On pouvait aller plus loin et introduire une démarche de développement durable : le réemploi, c’est bien, mais le réemploi à des fins sociales, c’est une valeur ajoutée. Nous avons sensibilisé les entreprises envers le prolongement de vie et le réemploi du matériel avant de le recycler. Nous avons informé le grand public qu’il pouvait acheter un appareil issu du réemploi qui répondait aux besoins et était moins cher et plus écologique.
Quel bilan faites-vous de la même période en matière de réinsertion sociale ?
Plus de 800 jeunes qui ont été formés et insérés à l’emploi. Nous les avons initiés à différents métiers qui ont évolué au gré de la technologie. Par exemple, ils travaillent maintenant sur des ordinateurs portatifs. Leur programme a évolué, mais a toujours le même but : leur permettre de retomber sur pieds, de développer des compétences comme travailleur, d’apprendre le travail en équipe, de s’orienter dans la vie et, après leur parcours de six mois, de chercher du travail ou retourner aux études.
Quel est le principal défi de l’organisme en 2013 ?
Obtenir suffisamment d’appareils de bonne qualité de la part des entreprises pour poursuivre notre mission. C’est la matière première sur laquelle les jeunes travaillent et qu’on utilise ensuite pour vendre à la communauté, mais aussi équiper des centres pour personnes âgées, des organismes, des familles à faible revenu… Sans cette matière première, on ne peut pas remplir notre mission.
Insertech a inauguré en ligne une boutique et un forum de soutien gratuit. Quels en sont les objectifs?
Nous avions des demandes de gens de l’extérieur de Montréal pour qui notre boutique est éloignée. On se disait qu’un jour, nous ouvririons des succursales, mais c’était trop compliqué. On a choisi de faire comme les grands vendeurs d’informatique et vendre en ligne des appareils qui sont issus du réemploi. Nous nous sommes associés à François Charron, qui avait un forum d’aide, pour développer son site, lui donner une couleur environnementale et permettre aux personnes de régler elles-mêmes leurs problèmes informatiques.
– Jean-François Ferland