L’entreprise Les logiciels Informat, spécialisée en progiciels et services pour les bureaux d’avocats et les détaillants de meubles, a franchi un quart de siècle dans l’industrie québécoise des TIC. Pour son président Robert Vigneault, le fournisseur se positionne juste devant le client et évolue à son gré pour satisfaire ses besoins.
De prime abord, l’origine de l’entreprise Informat semble atypique. En 1983, Robert Vigneault, qui oeuvre pour un cabinet de compt ables agréés, se fait offrir de démarrer une entreprise à son compte à partir d’une compagnie de programmation informatique qui avait été créée par son employeur en 1980. Avec un accès durant une année à des micro-ordinateurs et quelques employés clés qui sont devenus ses associés – dont un travaille encore pour l’entreprise – M. Vigneault entame ses activités commerciales.
D’une dizaine d’applications utilisées par quinze clients, l’expertise a été en fin de compte limitée à deux progiciels de gestion intégrés qui sont destinés à des champs d’activité bien différents, soit Maître pour les bureaux d’avocats et Meublex pour les magasins de meubles. Aujourd’hui, l’entreprise située sur l’Île des Soeurs à Montréal compte une trentaine d’employés.
M. Vigneault explique que son entreprise a recours à des équipes imperméables et différentes, ce qui a permis à son organisation d’évoluer à deux vitesses et de tenir compte des besoins de la clientèle qui ont évolué différemment. Par exemple, les cabinets d’avocats, qui ont grandement recours aux applications de bureautique ont rapidement adopté les ordinateurs personnels, alors que les magasins de meuble avaient (et ont encore) recours à des terminaux branchés à un système centralisé.
“Aujourd’hui, tout est intégré dans les bureaux d’avocats, avec des outils comme le traitement de texte et le chiffrier, le courriel et la gestion documentaire. Dans les magasins de meubles, on y arrive graduellement, mais pour une question de coûts ce n’est pas toujours avantageux d’avoir un PC partout. Des clients arrivent encore à très bien gérer leur entreprise avec des terminaux intelligents sur lesquels il n’y a que l’application de gestion d’inventaire du magasin qui fonctionne », constate M. Vigneault.
Écouter pour savoir
Certes, toute entreprise, peu importe le domaine d’affaires, confirmera qu’il faut être à l’écoute des clients pour développer et offrir les fonctions nouvelles ou améliorées dont ils ont besoin. À cet effet, M. Vigneault explique que son entreprise rencontre des comités d’utilisateurs une fois par année pour solliciter les ajouts ou les modifications qui leur seront utiles, et ainsi guider les travaux de développement de ses équipes.
« Nous sommes des informaticiens, pas des gestionnaires, souligne M. Vigneault. On peut pouvoir et vouloir inventer toutes sortes de belles fonctionnalités, mais en fin de compte si le client n’en a pas besoin, on perd notre temps. [Rencontrer les comités d’utilisateurs] est un exercice d’humilité intéressant : cela nous permet de réaligner à la fois nos développements et nos développeurs, qui réalisent que ce dont le client a besoin n’est pas toujours ce qu’on voudrait programmer. »
Évolutions
L’évolution des technologies de l’information des 25 dernières années a aussi bien servi aux besoins des clients d’Informat qu’aux besoins mêmes de l’entreprise. M. Vigneault constate, à l’ère du soutien à distance via Internet, qu’elle est loin l’époque du soutien des clients par téléphone où il fallait lire l’impression du code d’un programme pour dicter l’application d’un correctif…
« Dans les bureaux d’avocats, il y a eu une évolution d’un système orienté autour de la comptabilité vers l’intégration d’autres outils requis par le travail, comme la gestion de la relation avec les clients ou la gestion centralisée des agendas, pour augmenter la productivité et [améliorer] la fiabilité de la masse d’information qui est manipulée. Dans les magasins de meubles, l’exploitation de succursales requiert des outils de communication, de travail et de gestion à distance, ce qu’Internet a facilité », constate M. Vigneault.
Or, Informat a subi elle-même une évolution imprévue il y a une quinzaine d’années. L’expression par des clients de besoins de soutien technique liés à l’utilisation du matériel a incité l’entreprise à se lancer dans l’offre de services de déploiement en informatique et en réseautique, un créneau qui était pourtant fort occupé par plusieurs joueurs. Or, les clients de ses services techniques proviennent aussi d’autres entreprises que celles qui utilisent ses progiciels.
« Nous avons cette équipe pour offrir à notre clientèle de nos logiciels des services liés à l’équipement, des services de configuration, etc. Par contre, nous avons des gens qui utilisent strictement nos services techniques qui n’utilisent pas nos logiciels, qui ne sont ni des bureaux d’avocats, ni des magasins de meubles. Ils ont eu de mauvaises expériences, ils n’étaient pas satisfaits [et] ils ont entendu parler que dans tel bureau ou tel magasin on avait fait quelque chose de bien au niveau de l’équipement », explique M.Vigneault, en précisant que cette équipe à part entière intensifiera sa présence commerciale au cours des prochaines années.
Futur simple
Bien sûr, bien des choses diffèrent entre ce que les gens imaginaient à propos de l’avenir des TIC il il y a 25 ans et ce qui s’est passé jusqu’à aujourd’hui. Interrogé quant à ses attentes pour les prochaines années, M. Vigneault ne croit pas que le domaine des technologies fera l’objet de grandes révolutions.
« Vu de l’extérieur, ça semble aller très vite, mais à partir du moment où on est présent dans l’industrie et qu’on se tient au courant de ce qui se passe, oui il y a eu énormément de changements, mais bizarrement, ce n’est pas si rapide que cela », estime-t-il.
« J’envisage des évolutions plutôt que des révolutions au cours des prochaines années. Les besoins de notre clientèle vont évoluer aussi vite que les clients veulent bien évoluer. Ce qui se passe dans les bureaux d’avocats ou les magasins de meubles a évolué, mais pas autant que [pour l’aspect de] l’informatique. On suit bien notre clientèle et on essaie d’être au devant – pas à des années-lumière, mais juste au-devant de leurs besoins à satisfaire. », ajoute M. Vigneault.
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Curieux d’en savoir plus?
Dans le cadre de l’essai d’un produit, nous avons filmé l’entrevue accordée par M. Vigneault. Trois vidéos d’une durée totale de 30 minutes ont été téléversés en ligne sur le site Qik.com.
Vous pourrez en apprendre davantage sur les débuts de l’entreprise et sur les évolutions distinctives des besoins des clients dans les deux champs d’activité. On y traite également de l’évolution de la perception des TI par les utilisateurs, tout comme des tendances technologiques des prochaines années en général et dans les secteurs d’affaires desservis.
Premier vidéo:
Vous pouvez consulter en ligne la deuxième et la troisième partie de l’entrevue ici et ici.
Avec la contribution de Christian Aubry
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.