Il pourrait s’agir d’une coïncidence, mais au moment même où les progrès de la transformation numérique dans les secteurs public et privé au Canada faisaient l’objet de discussions au sein du séminaire printanier d’IdentityNorth la semaine dernière, on apprenait qu’un parti politique demande à l’Ontario de cesser de travailler sur son projet d’identité numérique.
Une pétition lancée par le Parti Ontario exige que le gouvernement affiche une « tolérance zéro à l’égard de la mise en place de tout programme d’identité numérique en Ontario et que toute initiative du gouvernement visant à établir un système comparable au système de “crédit social“ de la Chine communiste soit condamnée, stoppée et bannie ».
« Les banques centrales au Canada et ailleurs dans le monde développent déjà des devises numériques pour remplacer la monnaie papier, et ces devises numériques seront partie intégrante de ces programmes “d’identité numérique“ », avance la pétition.
« Les dangers que pose un tel programme au maintien des libertés civiles et du droit à la vie privée et les évidentes possibilités d’abus de l’autorité gouvernementale qu’il présente en termes de surveillance et de comportement forcé, en utilisant l’accès aux ressources de base comme outil de coercition, sont inquiétants. Ils pavent la voie vers un système dystopique de “crédit social“ de style chinois. »
On a parlé de cette pétition mercredi dernier lors de la rencontre d’IdentityNorth regroupant des hauts fonctionnaires provinciaux et territoriaux qui supervisent des projets d’identité numérique. Leur réponse fut immédiate : il s’agit d’un autre exemple qui démontre la nécessité d’une meilleure éducation sur ce qu’est—et n’est pas—l’identité numérique.
« Il semble que le message est quelque peu déformé », a indiqué Mark Burns, le directeur des services en ligne aux citoyens et de la géomatique du territoire du Yukon.
« On dénote une certaine adhésion populaire à la perspective d’une identité numérique et de ce qu’elle peut offrir. Lorsque ça devient une réalité, plus de gens veulent en parler. Le problème est que nombre d’entre eux n’ont pas passé sept ans à travailler sur le dossier et n’en connaissent pas toutes les nuances. Ils comblent alors leur manque de connaissances avec leur propre explication du fonctionnement de ces choses. Et cela nous cause pas mal de problèmes, puisqu’ils diffusent dans les médias les idées qui ont du sens pour eux. »
« Je crois qu’il y a un rôle à jouer pour les fournisseurs et certainement pour les commissaires à la vie privée de propager le message et de participer à l’éducation concernant son fonctionnement et ce qu’elle peut apporter sans aller trop loin en termes de collecte et d’utilisation de l’information personnelle et privée. »
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Traduction et adaptation vers le français par Renaud Larue-Langlois