Huawei et ZTE bannis des réseaux 5G/4G au Canada

Les fournisseurs de télécommunications canadiens devront retirer tout équipement Huawei et ZTE de leurs réseaux 4G et 5G sans compensation, a annoncé le gouvernement fédéral.

L’annonce tant attendue est venue du ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino et du ministre de l’Innovation François-Philippe Champagne.

Image : Suebsiri / Getty

Ottawa a « de sérieuses inquiétudes concernant des fournisseurs tels que Huawei et ZTE qui pourraient être contraints de se conformer à des ordonnances extrajudiciaires de gouvernements étrangers d’une manière qui serait contraire aux lois canadiennes ou qui serait préjudiciable aux intérêts canadiens », a déclaré le gouvernement.

« Les alliés les plus proches du Canada partagent des préoccupations similaires au sujet de ces deux fournisseurs. Compte tenu du potentiel d’impacts économiques et sécuritaires en cascade qu’une violation de la chaîne d’approvisionnement des télécommunications pourrait causer, les alliés ont pris des mesures pour interdire le déploiement des produits et services de Huawei et ZTE dans leurs réseaux de télécommunications 5G. »

L’interdiction sera intégrée aux prochains amendements à la Loi fédérale sur les télécommunications. Ceux-ci comprendront des mécanismes pour interdire l’utilisation de l’équipement et des services de fournisseurs désignés lorsque cela est nécessaire pour protéger le système de télécommunications du Canada.

Interrogé à plusieurs reprises par la presse sur les raisons pour lesquelles il a fallu trois ans au gouvernement pour prendre sa décision, le ministre Champagne a déclaré que cela « n’a jamais été une course ».

Lorsqu’on lui a demandé s’il existe des preuves que des équipements Huawei ou ZTE ont été utilisés ici pour le vol de données, Champagne n’a pas répondu directement. La décision est « l’aboutissement d’un processus », a-t-il dit, comprenant des consultations avec les alliés du Canada. Il a également fait allusion aux conclusions du ministère canadien de la Sécurité publique.

Des discussions auront lieu avec les opérateurs de télécommunications concernés sur le calendrier de retrait de l’équipement. Cependant, les ministres ont laissé entendre que les coûts devraient être faibles, affirmant que la « grande majorité » des réseaux 4G/5G ici ne comportent pas d’équipement des deux fournisseurs.

L’annonce n’est pas une surprise, le Canada ayant déjà exclu Huawei et ZTE des domaines sensibles des réseaux 3G/4G et LTE canadiens. Ottawa a également imposé des tests d’assurance par des laboratoires indépendants à ces fournisseurs avant que leurs équipements ne soient déployés dans des zones moins sensibles des réseaux cellulaires canadiens, tout en limitant les services gérés impartis à ces entreprises sur les réseaux critiques canadiens.

En 2020, Telus avait annoncé qu’elle commencerait à déployer son réseau 5G avec un module initial de Huawei – mais que l’équipement serait limité à la partie d’accès radio non sensible du réseau et exclu du cœur du réseau.

Le consultant en télécommunications Mark Goldberg a déclaré que la décision concernait davantage la charte numérique et le cadre futur d’infrastructures critiques plutôt que ce qui est « en grande partie une interdiction symbolique des équipements Huawei et ZTE, qui n’ont pas été utilisés dans les réseaux 5G du Canada ». Au moment où l’équipement 4G devra être remplacé, il sera de toute façon vétuste et en fin de vie.

« Une question demeure concernant l’impact sur les emplois et la propriété intellectuelle au Canada. Huawei possède d’importants laboratoires de recherche au Canada et finance la recherche dans de nombreuses universités canadiennes. Comment ces personnes sont-elles touchées ? »

Huawei Canada s’est dite déçue de la décision. « Il s’agit d’une malheureuse décision politique qui n’a rien à voir avec la cybersécurité ou l’une des technologies en cause”, a déclaré la société dans un communiqué.

« Au cours des 13 dernières années, Huawei Canada s’est consacré à aider les opérateurs canadiens à développer leurs réseaux sans fil et à fournir des services de qualité aux Canadiens. L’équipement Huawei, incluant le matériel et les logiciels, a été régulièrement et étroitement examiné par le gouvernement et ses agences de sécurité selon des normes de qualité strictes. Il n’y a eu aucun incident de sécurité causé par l’équipement Huawei pendant toute cette période. Nous sommes fiers de notre bilan en matière de sécurité au Canada. »

« L’interdiction de l’équipement et des services de Huawei entraînera des pertes économiques importantes au Canada et fera grimper le coût des communications pour les consommateurs canadiens. Malheureusement, cette décision est hors de notre contrôle en tant qu’entreprise. Cependant, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les droits et intérêts légitimes de nos clients et partenaires et les nôtres. Nous remercions tous nos partenaires, clients et consommateurs canadiens pour leur soutien continu et avons hâte de contribuer au futur déploiement du réseau au Canada lorsque les conditions le permettront. »

L’utilisation de nouvel équipement 5G et de services gérés de Huawei et ZTE sera interdite et l’équipement 5G et les services gérés existants devront être supprimés ou résiliés d’ici le 28 juin 2024.

Toute utilisation de nouvel équipement 4G et de services gérés de Huawei et ZTE sera interdite et tout équipement 4G et les services gérés existants devront être retirés ou résiliés d’ici le 31 décembre 2027.

Le gouvernement s’attend à ce que les fournisseurs de services de télécommunications cessent d’acheter de nouveaux équipements 4G ou 5G et des services associés de ces entreprises d’ici le 1er septembre.

Le gouvernement imposera également des restrictions sur les équipements Gigabit Passive Optical Network (GPON) utilisés dans les réseaux à fibre optique.

Pour plus d’informations, l’article original (en anglais) est disponible sur le site IT World Canada, une publication sœur de Direction informatique.

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Traduction et adaptation française par Renaud Larue-Langlois

Howard Solomon
Howard Solomon
Actuellement rédacteur pigiste, Howard est l'ancien rédacteur en chef de ITWorldCanada.com et de Computing Canada. Journaliste informatique depuis 1997, il a écrit pour plusieurs publications sœurs d'ITWC, notamment ITBusiness.ca et Computer Dealer News. Avant cela, il était journaliste au Calgary Herald et au Brampton Daily Times en Ontario. Il peut être contacté à hsolomon@soloreporter.com.

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