Huawei aurait participé secrètement au développement du réseau mobile de la Corée du Nord, révèle une enquête du Washington Post.
Selon des documents internes obtenus par le quotidien américain et les témoignages de plusieurs sources, Huawei aurait travaillé sur divers projets en Corée du Nord depuis 2011, dont le déploiement et l’entretien du réseau 3G.
Si ces informations se confirment, l’entreprise chinoise pourrait subir de nouvelles sanctions de la part des États-Unis, étant donné que le gouvernement américain a imposé un embargo sur les exportations vers la Corée du Nord.
Depuis la fin mai, Huawei figure sur une liste noire aux États-Unis en raison de préoccupations de sécurité nationale. L’administration américaine soupçonne la Chine d’utiliser des systèmes conçus par le leader mondial de la 5G à des fins d’espionnage. Les entreprises américaines ne sont donc pas autorisées à vendre des pièces à Huawei.
Le président Trump avait évoqué une possible reprise du commerce avec Huawei le mois dernier, mais les révélations d’aujourd’hui risquent de compliquer la situation.
« Alors qu’on pensait que les relations États-Unis-Chine et États-Unis-Corée du Nord ne pouvaient être davantage complexes, voilà que la Chine aide la Corée du Nord à progresser dans un domaine technologique potentiellement controversé », a déclaré au Washington Post Evans J.R. Revere, un ancien représentant du département d’État américain.
La nature exacte de la contribution du géant des télécommunications à la construction du réseau mobile est difficile à déterminer, précise le Washington Post. Huawei aurait agi avec l’aide de la société d’État chinoise Panda International Information Technology, avec laquelle elle collabore depuis 2007.
Selon un contrat daté de 2008, Panda International acheminait les équipements de Huawei via Dandong, une ville du nord-est de la Chine connue pour le commerce transfrontalier. Une fois entré en Corée du Nord, le matériel était transporté jusqu’à Pyongyang par train.
Selon des propos recueillis par le Washington Post, Huawei et Panda International dirigeaient les opérations depuis un hôtel bon marché situé au coeur de la capitale nord-coréenne. Les partenaires auraient évacué les lieux en 2016, alors que le département américain du Commerce commençait à enquêter sur les liens entre Huawei et la Corée du Nord.
Contactée par le Washington Post, Huawei a affirmé par communiqué n’avoir« aucune présence commerciale » en Corée du Nord, sans donner de précisions sur son implication passée.
Au moment où plusieurs pays occidentaux songent à exclure Huawei du déploiement de la technologie 5G, ces nouvelles allégations risquent de susciter encore plus de méfiance.
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