La tendance est lourde. L’enfant chéri de la liberté, le symbole de la contestation anti-Microsoft, ne paie plus de mine. Firefox est en perte de marché. On l’abandonne. Pire, il est devenu de mise d’en annoncer le déclin, de chuchoter sur sa crève létale.
Lancé en novembre 2004 comme alternative à la solution vieillissante de Microsoft, le Panda Roux* de l’Organisation Mozilla est désormais déclassé par Chrome, le navigateur de Google, aussi bien sur le plan de la qualité que dans les parts de marché. L’illustration ci-contre
provient de la firme StatCounter. Elle représente le lent déclin de Firefox (ligne orange) et la montée de Chrome (ligne verte). Même que ce dernier vient de prendre de l’avance. Depuis novembre 2010, Firefox se serait affaissé de 31,17 % à 25,23 %, contrairement à Chrome qui, lui, aurait grimpé de 17,13 % à 25,69 %. D’autres firmes ont beau nuancer ces données, par exemple NetMarket Share, reste que partout, Firefox apparaît en perte de vitesse et Chrome, en accélération.
Un mot sur la ligne bleue en haut du tableau, il s’agit de celle qui représente l’ensemble des versions d’Internet Explorer présentement utilisées, soit 6, 7, 8 et 9, dont la part globale de marché serait passée de 48,16 % à 40,63 %. Pourquoi ce dépérissement de mon bon vieux Firefox? Principalement à cause du méchant Google. L’empire de Mountain View guerroie en effet contre celui de Redmond et le front des fureteurs s’est avéré hautement stratégique. Google protagoniste de Chrome OS, un système d’exploitation basé sur le Web, Google fabricante d’Android, un SE tactile cher aux amateurs de dispositifs mobiles, Google propriétaire du principal moteur de recherche au monde, entend contrôler non seulement une gamme sans cesse revue de services Web, mais l’outil de prédilection pour accéder à tout cet impressionnant bazar : le fureteur. Elle y a ainsi affecté les meilleures ressources possible et le produit a été sans cesse amélioré. Depuis son lancement en septembre 2008, près de 20 versions ont en effet été publiées. Jusqu’ici, nombreux étaient les internautes qui hésitaient avant de reconnaître la supériorité de ce produit sur les autres. Mais plus maintenant. Firefox a dû sentir la soupe chaude, puisqu’au cours des huit derniers mois cinq versions majeures du fureteur ont été lancées, soit les versions 4 à 8.
Pour en avoir le cœur net, j’ai mis à différents bancs d’essai les fureteurs présents dans mon PC, soit les versions les plus récentes de Chrome, Firefox, Opera, Safari et Internet Explorer (IE9 64 bits, IE9 32 bits et IE8 32 bits). Ce faisant, j’ai obtenu les tableaux de performance qui suivent; remarquez l’importance accordée aux JavaScript, des petits programmes de plus en plus essentiels au rendement du Web moderne. Puis j’ai combiné les résultats dans un tableau synthèse où il est aisé de voir que Chrome dominait et que Firefox était installé derrière Opera, un produit de qualité fabriqué en Scandinavie qui, hélas! n’a jamais su se tailler une place sous le soleil du petit Bon Dieu.
Le PC que j’ai mis à contribution pour cette batterie de tests est un quadricoeur Intel cadencé à 2,50 GHz qui compte sur une mémoire vive de 6 Go, sur une mémoire graphique de 1,5 Go, sur une version 64 bits de Windows 7 et sur une connexion haute-vitesse à partir d’un modem câble. Kraken Cet outil appartient au fabricant de Firefox, Mozilla. Il sert essentiellement à mesurer la vitesse d’exécution des JavaScript. Dans les résultats ci-contre,
on voit que Chrome l’emporte sur Firefox (plus le chiffre est petit, en millisecondes, meilleur est le résultat). À noter, la version 8 (32 bits) d’IE n’a pu comprendre ce test et a préféré geler. GoogleCode Chez Google, l’utilitaire pour mesurer la performance des JavaScript se nomme V8.
Ici, plus le chiffre élevé, meilleur est le résultat; ce sont des notes accordées. Comme pour le test Kraken, Chrome arrive premier et il est suivi de Firefox. Encore ici, IE8 32 bits n’a pu comprendre le test et a planté. Sunspider À l’instar de Kraken, les chiffres obtenus au test Sunspider sont calculés en millisecondes.
En ce sens, plus ils sont petits, meilleur est le résultat. Encore ici, Chrome coiffe Firefox au poteau. Pour sa première apparition, IE8 (32 bits) ne fait pas fureur… Dromadeo Avec Dromadeo JavaScript Performance Testing, une des épreuves offertes par Dromadeo,
j’ai obtenu des résultats un peu différents en ce qui a trait à Internet Explorer; on dirait l’exception qui confirme la règle. Bien que Chrome emporte cette manche, les versions 32 et 64 bits de IE9 obtiennent un résultat supérieur à celui du malheureux Firefox. Peacekeeper Peacekeeper est un jeu de tests haut en couleur qui fait le tour de plusieurs aspects pouvant être mesurés. Ce faisant, il nous offre deux résultats, un portant sur les JavaScript, un autre sur la compatibilité avec les normes du HTML5. Dans le premier tableau,
non seulement Chrome continue sa domination, mais Firefox se retrouve en cinquième position, après IE9 (32 bits). Dans le second, le fureteur de Mozilla se contente d’une troisième place. HTML5test Parlant de HTML5, j’ai voulu en avoir le coeur net et je me suis servi du HTML5test, une série d’épreuves conçues pour le prochain standard du Web.
Selon les performances (il y a différents chapitres), des points bonis sont accordés. Pour les besoins du tableau, je les ai simplement ajoutés aux notes finales. Par exemple, Chrome, le gagnant, a généré un score de 343 et a obtenu 13 points boni, ce qui m’a fait inscrire 356 comme résultat. Le test Acid3 Le bon vieux test Acid3 n’a peut-être plus la pertinence qu’il avait encore l’an dernier, mais il a quand même permis de constater le progrès qu’avait fait Internet Explorer. Sur le tableau ci-contre tableau,
on peut comparer la différence entre IE8 et IE9. En fait, les deux versions d’IE9 obtiennent la note de 100 % alors que celle d’IE8 s’éteint à 23 %. Sot dit en passant, Chrome ne réussit pas à dépasser 99 %. Amusant! Mesure de vitesse Comme dernier test, j’ai voulu mesurer le temps que prenait un fureteur pour s’ouvrir et se rendre sur le site de Direction Informatique. Pour ce faire, j’ai utilisé un chrono
(un vrai, pas un cyber) et j’ai obtenu les résultats qui apparaissent ici à gauche. Devinez qui a gagné? Internet Explorer 9 (32 et 64). Cette fois, Chrome a dû se contenter de la cinquième position, juste avant Firefox. Synthèse Tout cela nous donne un tableau synthèse
où Chrome rafle tous les honneurs, et de loin. Firefox se classe bon troisième avec la consolation d’être encore (pour combien de temps?) meilleur que Safari et Internet Explorer.
Un mot sur Safari. Pour des raisons d’uniformité, je n’ai pas testé le fureteur d’Apple sous Mac OS X où je sais que sa performance est supérieure. Sur PC, ce produit est plutôt moyen, sans être médiocre, et il ne semble pas à sa place même s’il partage avec Chrome le moteur de rendu, WebKit. Dommage!
* Le terme Firefox désigne non pas un renard roux, mais un petit panda roux qui ressemble à un renard (voir cette fiche dans Wikipedia).
Pour consulter l’édition numérique du magazine de novembre 2011 de Direction informatique, cliquez ici
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.