Deux outils permettent de franciser des applications sans qu’il soit nécessaire d’avoir accès au code source du logiciel. Survol des générateurs d’écrans WizTom et SIAT.
Les systèmes d’exploitation et les applications de bureau auxquels nous sommes tous habitués ont été développés avec le concept de la programmation orientée objet.
En informatique, un objet possède des attributs et des méthodes. C’est une structure de données avec des valeurs bien définies pour représenter l’état de l’objet et qui répond à un ensemble de messages qui forment l’interface de l’objet. Ainsi, un objet possède des attributs comme la couleur, la police de caractères utilisée, la position horizontale et verticale sur un écran, etc. Par exemple, une boîte de dialogue avec une fenêtre, un message, des boutons de type « OK », « Annuler » représente des objets avec leurs attributs.
Tant que nous disposons du code source de l’application, il nous est possible de modifier le comportement de l’application et celui des objets qui la composent. On peut ainsi en modifier l’interface et, par exemple si le besoin s’en fait sentir, la traduire dans une autre langue. Il reste à recompiler l’application et à la redistribuer.
Mais qu’arrive-t-il lorsque le code source n’est pas disponible, soit parce qu’il s’agit d’une application commerciale, d’une application dont le concepteur n’existe plus ou pour toute autre raison? Seul le code exécutable (.exe) est disponible.
C’est là qu’entrent en action des logiciels, sorte d’intercepteurs qui agissent sur ces objets mais seulement au moment de leur affichage sur l’écran. La magie de ce type d’applications est toute là. Ces logiciels n’agissent pas sur le code exécutable mais, et cela sans qu’il s’en rende compte et donc sans le modifier aucunement, ils interceptent les objets, modifient leurs attributs à la volée et les affichent à l’écran. Pour l’utilisateur, il n’y a aucune baisse de temps de réponse, car, avec les processeurs d’aujourd’hui, remplacer du texte ou des valeurs par d’autres valeurs prend très peu de temps. Ces générateurs d’écrans ne prennent que quelques nanosecondes pour modifier l’interface à la volée.
Voici une brève description de 2 générateurs d’écrans disponibles au Québec, WizTom pour Windows et SIAT.
WizTom, d’Assima
WizTom pour Windows de la compagnie Assima (anciennement Wizart) est un environnement qui permet d’ajouter une interface multilingue à toute application Windows ou Web. La plupart des environnements de développement Windows sont soutenus par WizTom.
Une fois que l’application a été localisée, l’utilisateur final peut changer de langue à n’importe quel moment. WizTom pour Windows permet la localisation de toute application sans recourir au processus de duplication/traduction/recompilation et sans nécessiter la participation des développeurs. Le soutien du jeu de caractères Unicode permet de traduire toute application Windows dans n’importe quelle langue avec un alphabet autre que le latin.
WizTom pour Windows est basé sur deux composants principaux, moteur d’exécution et WizTom Studio. Quand l’application cible tourne, le moteur d’exécution de WizTom intercepte tous les appels aux interfaces de programmation (API) Windows de manière à remplacer les chaînes originales par leur traduction. Le moteur WizTom est aussi capable de retailler les contrôles et de changer la police utilisée par l’application traduite. WizTom Studio est utilisé pour préparer la base de données multilingue WizTom et gérer le processus de localisation.
Un mécanisme d’exception permet de définir des règles qui activent ou désactivent la traduction pour un contrôle unique ou pour une collection de contrôles. WizTom permet également la traduction des impressions qui sont lancées à partir de l’application.
SIAT, de Globaware
SIAT de la compagnie Globaware international permet de traduire tout type de logiciel Windows ou Web sans modifier le code source, indépendamment de la technologie utilisée et quelle que soit la langue source ou cible.
SIAT agit comme un traducteur automatique. Il constitue au préalable un dictionnaire contenant la traduction de tous les textes et traduit en temps réel sans modification du code de l’application.
Globaware offre également des services de traduction avec un réseau de traducteurs spécialisés par langue et par secteur d’activité.
Des outils pour franciser
En quoi ces générateurs d’écrans intéressent-ils l’Office québécois de la langue française (OQLF)? L’Office, chargé de l’application de la Charte de la langue française, a pour mission de définir et de conduire la politique québécoise en matière d’officialisation linguistique et de terminologie ainsi que de francisation de l’Administration et des entreprises et d’assurer le respect de la loi. L’article 141,9° demande aux entreprises de généraliser l’utilisation du français dans les technologies de l’information, tandis que la Politique d’utilisation du français dans les technologies de l’information et des communications (PUFTIC) vise à généraliser l’utilisation intégrale du français dans les communications échangées entre l’Administration et les citoyens ainsi que les entreprises et dans les postes de travail informatisés du personnel de l’Administration.
Ainsi, lorsque la version française d’un logiciel n’est pas offerte, qu’une application a été personnalisée et qu’on ne peut accéder au code source, ces générateurs d’écrans permettent d’atteindre l’objectif de généralisation du français dans les TI.
Bien sûr, ces solutions ne sont pas gratuites. Les coûts sont en fonction du nombre d’écrans et du nombre d’applications à traduire. Les entreprises pourraient bénéficier d’une aide financière grâce à un nouveau programme de soutien à la francisation.
Baptisé Programme de soutien à la francisation par les TIC, cet élément du plan d’action gouvernemental Réussir ensemble en français, vise à appuyer les entreprises qui comptent entre 11 et 99 employés dans leur démarche de francisation. Ainsi, en bénéficiant d’une aide financière applicable aux TIC uniquement, des entreprises de 50 à 99 employés, déjà assujetties à la Charte de la langue française, pourront obtenir plus rapidement leur certificat de francisation, tandis que d’autres employant de 11 à 49 personnes auront la possibilité de l’obtenir de façon volontaire. Toutes ces entreprises, qui pourront mener à bien leur projet de francisation à moindre coût, seront aussi plus en mesure d’offrir un environnement de travail français à leur personnel et de servir le public en français.
Azim Mandjee est conseiller expert en francisation des technologies à l’Office québécois de la langue française.
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