Le 12 avril dernier, Cisco annonçait qu’elle abandonnait la fabrication de sa caméra numérique Flip, une décision que les dirigeants montréalais de la société refusent de voir comme un échec.
« Il y a tout de même des gains à travers l’acquisition de Pure Digital Technologies (PDT), annoncée en mars 2009. À ce moment, les téléphones intelligents n’avaient pas encore la capacité de filmer en haute définition. La Flip était fantastique, car elle comblait ce besoin », explique le vice-président, ventes et opérations, Est du Canada chez Cisco, Jean-Claude Ouellet.
Ce dernier ajoute que depuis ce temps, le marché des téléphones intelligents a explosé avec l’iPhone et les caméras 5 mégapixels intégrés. HTC vient d’ailleurs de présenter Mango, son téléphone intelligent qui sera équipé d’une caméra de 12 mégapixels. Le marché a donc bougé beaucoup plus vite que ne l’avait prévu Cisco, ce qui a rendu la Flip obsolète.
Jacques Lapointe, directeur, ingénierie de réseaux, soutient que la société avait deux choix : faire évoluer la Flip pour la transformer en un produit qu’elle n’était pas au départ ou la laisser tomber. L’entreprise a finalement choisi la 2e option.
Cisco a payé 590 millions de dollars américains pour PDT et a dit s’attendre à devoir déclarer une charge de 300 millions de dollars en lien avec la restructuration de sa division de produits grand public.
« Il y a tout de même eu des gains à travers l’acquisition pour Cisco, car le codec a été conservé et a servi au développement de produits au niveau de la téléprésence et de la visioconférence », dit M. Ouellet.
Ce dernier relativise également la transaction avec PDT en disant que le 30 septembre 2009, Cisco a procédé à l’acquisition de Tandberg pour un montant de 3 milliards de dollars américains. Deux semaines plus tard, la société récidivait, cette fois en achetant Starent Networks pour 2,9 milliards de dollars américains.
« Sur trois acquisitions, deux fonctionnent très bien et une autre moins », dit-il.
Tandberg est spécialisée dans les solutions de téléprésence et de visioconférence, alors que Starent, devenu le groupe de technologies Internet mobiles de Cisco, fournit des solutions d’infrastructure mobiles IP pour les opérateurs de réseaux.
La demande pour la vidéo demeure forte
Malgré l’abandon de la Flip, la demande pour la vidéo demeure forte, soutient Normand Tessier, vice-président ventes, entreprises et secteur public, grâce entre autres à la bonne tenus des industries cycliques : « Une société minière a un budget de 2 milliards de dollars pour l’expansion d’une mine dans le Nord de la province. Leurs pelles mécaniques coûtent entre 25 et 30 millions de dollars chacune. Il devient très avantageux pour ces entreprises de mettre en place des solutions vidéo pour former les employés à l’entretien de ces équipements. Faire déplacer le personnel chargé de la formation dans le Grand Nord peut être assez complexe », dit-il.Même chose pour l’industrie médicale qui peut profiter de la technologie pour réaliser des consultations à distance.
L’impact du prix de l’essence
Jean-Claude Ouellet ajoute que l’augmentation phénoménale du prix de l’essence depuis quelques années a un impact sur la demande pour les solutions vidéo. « Il est possible d’aller à Toronto chaque jour grâce à la téléprésence. La différence, c’est qu’une fois la journée terminée, tu pars à la maison retrouver ta femme et tes enfants. La vidéo permet donc une amélioration de la qualité de vie des travailleurs et une réduction de l’empreinte environnementale des entreprises », dit-il.
M. Ouellet souligne que chez Cisco Canada, il y a cinq ans, le corridor Toronto-Montréal était le deuxième plus coûteux en Amérique du Nord au niveau des coûts de transport. L’adoption massive de la téléprésence a permis une réduction ces frais de 80 %.
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