Récemment, un administrateur d’une municipalité canadienne comptant des milliers d’ordinateurs de table a reçu un choc, rapporte un analyste de l’industrie. Ce fonctionnaire a constaté que les histoires qui circulent à propos de la fin du soutien de Windows XP sont à prendre au sérieux.
Wes Miller, qui est analyste de recherche à la firme Directions on Microsoft, se rappelle d’avoir reçu un appel étonnant de cette personne, qui lui demandait ce que « fin du soutien » signifie exactement.
Apparemment, certains directeurs des TI n’ont pas saisi le message.
Pourtant, Microsoft. diffuse l’information depuis un certain temps déjà : le vénérable WinXP a atteint la fin de son cycle de vie.
Ce système d’exploitation (SE), qui a insufflé une importante dose de stabilité à sa sortie en octobre, a connu depuis une grande popularité à titre de norme organisationnelle.
Forrester Research estime qu’il y a un an encore, 38 % des ordinateurs personnels d’entreprise tournaient sous XP et que 16 % des organisations continuaient à déployer ce SE sur de nouvelles machines.
Toute bonne chose doit avoir une fin, cependant. Conformément à sa politique consistant à offrir un minimum de dix ans de soutien pour ses produits commerciaux, Microsoft cessera d’émettre des rustines XP (et Office 2003) à compter du 8 avril 2014. Il ne reste donc que sept mois.
Cela veut dire que si, après cette date, des pirates parviennent à exploiter l’un de vos ordinateurs XP, Microsoft ne pourra vous aider à régler le problème. Vous devrez trouver une autre solution.
« De nombreux dirigeants ne savent pas ce que signifie la fin du soutien d’un produit, indique Wes Miller. Par conséquent, ils ne réagissent pas lorsqu’ils le devraient. En fait, si vous n’avez pas aujourd’hui un plan d’abandon de XP, vous n’arriverez sans doute pas à faire la transition à temps, peu importe la taille de votre organisation. »
Bonne nouvelle, toutefois, de nombreuses organisations sont déjà passées à Windows 7 ou à Windows 8. Il y a un an, une étude menée par Forrester révélait qu’en Amérique du Nord, 47 % des ordinateurs personnels d’entreprise tournaient sous Windows 7 et que ce SE était utilisé par 67 % des nouveaux PC.
L’étude indiquait aussi qu’au troisième trimestre de cette année – c’est-à-dire maintenant – 60 % des nouveaux PC allaient tourner sous Windows 7, et 26 % sous Windows 8.
Dans une proportion de 3 %, les répondants prévoyaient malgré tout qu’ils allaient encore déployer XP au troisième trimestre de 2013.
Le directeur général du groupe d’affaires Windows de Microsoft Canada, Henrik Gutle, indique qu’il ne peut révéler le nombre de PC sur lesquels le SE est installé au pays.
« D’après les conversations que j’ai avec des professionnels, des amis et des parents, je crois qu’il reste un nombre important de clients XP, dit-il. Et je ne suis pas certain que tous savent ce que signifie la fin du soutien du produit. »
Les spécialistes soulèvent un certain nombre de raisons expliquant son maintien.
Il existe des organisations, souvent plus petites, qui ne peuvent se permettre d’acheter de nouveaux PC en vue de passer à Windows 7 ou 8. Par ailleurs, des dirigeants croient simplement que le produit continuera d’exister ou n’estiment pas nécessaire que certains membres du personnel disposent d’un SE moderne.
D’autre part, il y a ceux qui s’en remettent à l’avis d’un analyste de l’industrie paru dans une publication. Selon cet analyste, aussi longtemps que le SE intègre l’ensemble Windows XP Service Pack 3, que les dernières rustines et mises à jour XP sont installées et que l’ordinateur n’utilise pas une version d’Internet Explorer supérieure à la 6, aucun problème n’est à prévoir – durant un certain temps à tout le moins.
David Johnson, analyste d’infrastructure chez Forrester, est stupéfait de cette déclaration.
XP pourrait fonctionner pour certains usages, comme les systèmes embarqués, concède-t-il. Il ajoute cependant qu’une fois le soutien de Microsoft terminé, les applications développées pour XP risquent de ne pas bien fonctionner, car elles ne seront plus prises en charge par les développeurs indépendants. En outre, les fabricants de périphériques comme les imprimantes et les souris ne soutiendront plus les pilotes XP.
Miller souligne qu’il n’y a jamais eu un seul mois au cours duquel Microsoft n’a pas émis de rustine clé pour XP.
Les organisations susceptibles d’être ciblées par des pirates – les sociétés réglementées ou gouvernementales notamment – « s’exposeront à des problèmes » si elles ont encore des PC tournant sous XP en avril prochain, dit-il.
Henrik Gutle fait observer que les grandes entreprises ont saisi le message et commencé à migrer vers d’autres SE depuis un certain temps. « Je serais très étonné que des dirigeants de société cotée en bourse ne soient pas conscients des incidences de la fin du soutien et n’aient pas entrepris de processus de migration. »
Cela dit, de nombreuses PME ont beaucoup de travail devant elles. Heureusement, plus l’entreprise est petite, plus la conversion est facile, poursuit M. Gutle. Il estime que deux semaines suffisent à une firme comptant une vingtaine de PC.
Comme il ne reste que sept mois, un « fort sentiment d’urgence » est nécessaire malgré tout, dit-il.
« Assurément, la migration ne se fait pas du jour au lendemain. »
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