En schématisant, on pourrait dire qu’il existe deux profils de directeur informatique. Celui qui favorise l’efficience et celui qui mise sur l’efficacité. Êtes-vous efficace ou efficient?
Miser sur la rationalisation et optimiser les économies ou assurer le développement et la croissance par des investissements stratégiques? Voilà un dilemme auquel est souvent confronté le directeur informatique. D’ailleurs, c’est peut-être un choix qu’il n’affronte pas de plein gré, mais qui lui est dicté par la haute direction ou la culture de l’entreprise.
Souvent vu comme un centre de coût, on demande souvent au département informatique de rationaliser ses dépenses, de livrer des services au meilleur prix possible et de s’assurer qu’il s’approvisionne auprès de fournisseurs qui lui offrent le meilleur rapport qualité/prix. Dans cette perspective, le directeur informatique est très sensible aux offres que lui font les impartiteurs de prendre en charge une partie de ses opérations, puisque les sociétés de services informatiques qui l’approchent à cet effet sont en mesure de lui faire bénéficier des économies d’échelle que la taille de leurs activités leur permet. Le but : rendre l’organisation plus efficiente.
Par contre, on ne cesse de répéter que les technologies de l’information sont stratégiques pour les organisations et qu’il faut investir dans la mise en place de systèmes qui supportent le développement et la croissance de l’organisation. Des systèmes de veille stratégique, des outils avancés d’analyse des données et autres applications sophistiquées sont le genre d’initiatives auxquelles on pense à ce chapitre. Outils qui nécessitent souvent des investissements majeurs et des changements importants dans les processus de l’organisation. L’objectif : rendre l’organisation plus efficace.
Or, il est difficile de concilier l’efficience et l’efficacité, tant au sein des organisations que chez les fournisseurs de services informatiques, comme le soulevait récemment dans une note l’analyste Katy Ring, de la firme britannique Ovum. J’ajouterais qu’il est toutefois risqué de ne pas le faire.
Les organisations ont tendance à appliquer une recette qui a toujours assuré leur succès. Certaines favorisent l’innovation, d’autres les économies de coûts d’opération alors que d’autres sont expertes de la vente, par exemple. Mais à parfaire le modèle qui leur a bien servi, elles finissent par se tuer à réussir. L’auteur Danny Miller avait amplement souligné ce phénomène, il y a près de quinze ans, dans son essai Le paradoxe d’Icare, truffant son exposé de nombreux exemples. Choisir une seule voie, une seule approche, comporte des risques importants et l’organisation qui ne mise que sur cette stratégie unique se dirige vers l’échec. Comme le héros mythologique Icare voyant fondre la cire fixant ses ailes, à mesure qu’il s’élevait et se rapprochait du soleil. Ses ailes qui lui avaient permis de s’élever au-dessus de la mêlée l’ont conduit à sa perte.
La solution n’est pas simple pour le directeur informatique qui doit user de toute sa persuasion pour influencer la culture de son entreprise. Il devra, tactiquement, se donner comme objectif tant de garantir l’efficience que de développer l’efficacité.
Peut-être, dans les faits, réussira-t-il à convaincre la haute direction qu’avec les économies générées par l’efficience, il faudra investir dans l’efficacité. Qu’en pensez-vous? Faites-moi parvenir vos commentaires et opinions à patriceguy.martin@transcontinental.ca.