ÉTUDE DE CAS En confiant l’hébergement de ses applications et de ses données névralgiques à Fusepoint, le cabinet d’avocat fait des économies, en plus d’avoir l’assurance que ses ressources seront mieux protégées ainsi.
Fasken Martineau, qui a célébré son centenaire l’an dernier, est un cabinet d’avocats spécialisé en droit commercial et en litige. Comptant 670 avocats répartis au Canada, en Angleterre et en Afrique du Sud, Fasken Martineau est le 4e cabinet d’avocats en importance au Canada. Employant 2 000 personnes au total, dont 65 sont affectées à la gestion des technologies de l’information (TI), il possède huit bureaux, dont quatre au Canada anglais et deux au Québec. Ensemble, les trente pratiques du cabinet génèrent des revenus d’environ 300 M$ par année.
Jusqu’à l’année dernière, l’entreprise hébergeait elle-même ses applications névralgiques – des applications de communication et de gestion documentaire – et ses données, qui comprennent des données financières et des données hautement confidentielles sur ses clients, lesquelles constituent les dossiers présentés en cour. À raison d’environ un centre de données par bureau, cela représente un investissement assez important, considérant tout l’attirail technologique qui doit être mis en place – serveurs, systèmes de stockage, systèmes de contrôle de température, dispositifs de sécurité, etc. – et le temps qu’on doit consacrer à sa gestion.
Mais voilà qu’à l’occasion du déménagement de son bureau de Vancouver, en 2008, le cabinet a remis en question sa stratégie en ce qui a trait à ses ressources TI en faveur de leur impartition à un fournisseur externe. Fasken Martineau a donc confié l’hébergement des données et des applications névralgiques de son bureau de Vancouver à la firme Fusepoint, qui a un centre d’hébergement à Vancouver. La firme, qui fournit aussi des services de développement d’applications, a un autre centre d’hébergement à Toronto, alors que ses installations de Montréal et de Québec servent principalement au développement d’applications.
« Le déménagement de notre bureau de Vancouver a aidé à faire le dossier d’affaires pour ça, confie Marc Prémont, chef de la technologie chez Fasken Martineau. Qu’est-ce qu’on fait avec notre centre de serveurs? On en réaménage un autre dans les nouveaux locaux? Quand on regarde les coûts associés pour bâtir un tel centre, avec la sécurité, car les données qu’on y héberge sont très importantes, c’est souvent très dispendieux. Sans compter qu’on perd toujours quelque chose; par exemple, ce n’est pas toujours possible d’avoir dans un édifice deux sources d’approvisionnement en électricité. Comparativement à ça, on peut aller en colocation, sans rien perdre. Alors, quand on fait le dossier d’affaires, on voit que c’est plus économique de faire ça comme ça. Et en cas d’expansion, c’est plus facile d’augmenter le nombre de serveurs de cette façon. »
En vertu du contrat de colocation signé avec Fusepoint, il en coûte 6 000 $ par mois, à raison de 1 000 $ par cabinet de serveurs, à Fasken Martineau pour faire héberger les applications et les données de son bureau de Vancouver chez Fusepoint. L’entreprise a conservé l’hébergement de ses applications non névralgiques, telles que ses applications de bureautique, à l’interne.
Sécurité maximale
Il y a un argument financier, mais il y a aussi un argument de sécurité derrière la décision de Fasken Martineau, dans la mesure où la firme est persuadée que ses données sont mieux protégées chez Fusepoint qu’à l’intérieur de ses propres murs.
« Historiquement, la grande majorité des cabinets d’avocats avaient leur salle de serveurs à même leurs bureaux, rappelle Marc Prémont. Mais la sensibilité accrue des données a forcé les gens à réfléchir sur le niveau de protection qu’ils proposaient à leurs clients. Aujourd’hui, on veut avoir des endroits de classe mondiale où l’on puisse mettre les données, où l’approvisionnement en électricité provient de deux sources différentes, où il y a des génératrices et un système d’air conditionné, où la sécurité du site est excessivement bien gérée, etc. de sorte que les données qu’on y met soient en sécurité. Tout ça fait partie d’une vision de la continuité des affaires. Donc, peu importe ce qui arrive à l’un de nos bureaux, en ayant les données dans un site externe, nos avocats peuvent continuer de travailler à partir de n’importe quel site. »
Fasken Martineau s’inscrit donc en faux des organisations qui vont préférer conserver leurs données à l’interne, parce qu’elles croient qu’elles seront mieux protégées ainsi et doutent par conséquent de la capacité du fournisseur de fournir un environnement sécuritaire. Malgré ce qu’on pourrait en penser, elles seraient beaucoup plus nombreuses à faire confiance à leur fournisseur que le contraire, aux dires de Fusepoint.
« Dans certains cas, les clients préfèrent héberger les solutions qu’on a développées pour eux, affirme Martin Landreville, vice-président, services applicatifs chez Fusepoint. C’est leur choix et on respecte ça. Mais c’est quelque chose qu’on ne voit pas souvent; je dirais que 80 % des applications qu’on a développées sont hébergées chez nous. C’est généralement parce qu’ils ont des gens à l’interne [en informatique] et ont l’infrastructure qu’ils veulent contrôler et gérer à l’interne leurs ressources. C’est parfois pour une raison de sécurité de l’information qu’ils ne veulent pas qu’elle soit à l’extérieur. »
Le type de clients desservis par Fusepoint, en l’occurrence des entreprises de calibre moyen à petit qui ne disposent pas toujours des ressources ni de l’expertise nécessaire pour mettre sur pied un centre de données sécuritaire avec installations redondantes, n’est pas étranger à la situation observée par le fournisseur.
Garanties
Afin de calmer les inquiétudes de ses clients, Fusepoint fournit tout un ensemble de garanties portant notamment sur la fiabilité et la disponibilité des ressources. Le fournisseur assure une disponibilité de 99,995 % des applications et des données. Les niveaux de disponibilité et de service, de même que les clauses de l’entente de service, se négocient à la signature du contrat, lesquels déterminent le tarif mensuel du service. Par exemple, Fasken Martineau a opté pour une disponibilité de 99,995 %, mais a préféré assurer la gestion de ses données lui-même. Ainsi, Fusepoint n’a pas accès à ses données.
« On a donc gardé le contrôle sur qui accède à quoi, résume Marc Prémont. Ça va avec la maturité des entreprises et leur niveau de confort à ce qu’un tiers fasse la gestion de leurs équipements; cela vient avec le temps, à mesure que la relation d’affaires évolue. […] Si on avait choisi que Fusepoint gère les équipements aussi, ç’aurait été plus compliqué : il aurait fallu négocier des ententes de confidentialité, vérifier les antécédents des employés, etc. »
En outre, la performance des applications et la vitesse à laquelle Fasken Martineau accède à ses données ne sont pas altérées du fait qu’elles sont situées à distance. « Tout réside dans la qualité du réseau de télécommunications, soutient Marc Prémont. On a mis suffisamment de bande passante entre notre bureau et le centre de traitement pour fournir le niveau de performance requis, soit 100 Mb/s. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment une problématique : l’équipement actuel est beaucoup plus performant qu’il y a cinq ou dix ans. Le niveau de service que nous proposent les gens de Fusepoint est associé à l’électricité, à la climatisation et à l’accès physique à l’équipement. S’il y a un problème, ils vont devoir nous dédommager pour ça. »
Vers un environnement redondant
Pour l’instant, les autres bureaux du cabinet d’avocats continuent d’héberger eux-mêmes leurs applications et leurs données névralgiques, mais la situation pourrait changer bientôt. En effet, l’entreprise prévoit éventuellement confier à Fusepoint l’hébergement des ressources de ses bureaux de l’Est du Canada, dans un site également situé dans l’est. Ce faisant, elle ferait de ce deuxième site un site miroir du site de Vancouver.
« L’Est canadien n’est pas encore fait, c’est un projet qui a été initié en novembre, précise Marc Prémont. Ce qu’on cherche à faire […], c’est de prendre nos centres de traitement de Toronto et de Montréal et de les fusionner dans un centre en colocation qui sera localisé au Québec. Notre objectif est d’avoir fini les travaux pour septembre 2009. Ça demande beaucoup de planification, parce qu’on cherche à ce que tout ça soit transparent et à laisser nos systèmes en ligne le plus longtemps possible de sorte à minimiser le temps d’arrêt. […]
« On veut aussi que les centres de l’est et de l’ouest soient redondants l’un de l’autre, c’est comme ça que je veux bâtir le dossier d’affaires. On ne veut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier et mettre tous les équipements dans le même centre, les impacts d’une panne pourraient être majeurs pour nos clients et pour le cabinet. »
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.