Les organisations vantent leur conscience environnementale par l’adoption de la facture électronique. À quand la même approche pour les reçus de transaction?
Depuis quelques années, la sensibilisation de la population aux enjeux environnementaux s’accroît de façon considérable. De plus en plus de personnes utilisent des sacs de coton pour faire leurs emplettes, recueillent les matières récupérables pour la collecte sélective, envoient leurs vieux ordinateurs à des centres de tri spécialisés, etc. Bon nombre d’organisations, pour changer leur conscience sociale ou pour se donner une bonne image, emboîtent le pas et adoptent des mesures qui visent à réduire leur empreinte écologique.
Notamment, la facture et le relevé électroniques gagnent en popularité. Bon nombre de fournisseurs de services publics, d’institutions bancaires et d’émetteurs de carte de crédit offrent à leurs clients la possibilité d’obtenir ces documents importants par le biais de l’Internet ou du téléchargement en ligne.
L’intention est louable : réduire la quantité d’impressions de documents sur du papier et ainsi réduire la coupe d’arbres. Or, les économies d’argent qui sont engendrées par cette approche sont intéressantes pour l’organisation : réduction des achats de feuilles de papier, d’enveloppes et d’encre, diminution des coûts d’envoi par la poste, etc. Mais à l’autre bout de la chaîne de transmission, le consommateur peut vouloir imprimer une copie du document pour ses dossiers fiscaux. Bien que le nombre de feuilles qui sera imprimé soit moindre que celui qui aura été transmis par la poste, il en résultera néanmoins une forme d’impression sur papier. Le fardeau économique et environnemental a été déplacé vers le consommateur, qui ne verra pas sa facture diminuer pour autant…
Dans un monde idéal, toutes organisations opteraient un format de fichier universel – plusieurs optent pour le format PDF, pratique et facile à consulter – et feraient la promotion d’une procédure de conservation de ces documents en mode local. Certes, des institutions financières ont recours au service Postel, qui permet l’affichage en ligne des factures et l’archivage des documents électroniques. Mais cet archivage s’effectue en ligne chez un fournisseur de service. Il suffit qu’il y ait une panne – comme c’est le cas au moment d’écrire ces lignes – pour que la facture en format papier démontre encore son côté pratique…
Le consommateur débrouillard trouvera le moyen de conserver ses factures en format électronique. Or, ce même consommateur a hâte à l’adoption de la même procédure pour les reçus de transaction, ces fameux coupons de caisse qui sont émis lors d’un achat de produit ou de service dans un commerce en brique et mortier. Que de documents sont produits et accumulés au fil de la journée! L’épicerie, le nettoyeur, le disquaire, le dépanneur, le restaurateur, etc. remettent aux clients des bouts de papier petits comme un timbre ou grands comme une feuille, très détaillés ou très sommaires, lisibles ou illisibles. Le portefeuille ou la bourse finit par déborder de ces papiers qui finissent alors par prendre le chemin de la poubelle – car bien des gens ont peur que l’information soit consultée par des quidams si ces documents sont mis au recyclage.
Certains commerces, trop peu nombreux, offrent aux clients l’envoi des reçus par courriel. Cette approche constitue un pas dans la bonne direction, bien que certains y voient une approche pour la collecte d’adresses de courriel à des fins d’envoi de publicité. Mais comment pousser le concept plus loin? Le paiement électronique, à l’aide d’une carte à puce ou d’un téléphone mobile, pourrait constituer la solution au problème. Lors d’un paiement, le document en format universel serait transmis sans contact en même temps que l’approbation de la transaction, afin que le consommateur puisse le récupérer par téléchargement ou par le biais d’un envoi automatisé à un compte de courriel.
Mais pour y parvenir, il reste beaucoup de chemin à parcourir : les nouveaux modes de paiement doivent être acceptés par les consommateurs ainsi que par les marchands. Lorsque le paiement par téléphone mobile sera entamé ici – ce qui est déjà possible à d’autres endroits de la planète – pensera-t-on à l’adoption des reçus électroniques?
Alors, les consommateurs soucieux seront contents de voir leurs informations transactionnelles être uniformisées. Les personnes soucieuses de l’environnement seront contentes de voir la quantité de papier imprimé être réduite… Et les personnes qui ont de la difficulté à maintenir l’ordre dans leurs affaires seront contentes d’avoir moins de paperasse à classer!
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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