Le projet de cryptomonnaie de Facebook soulève de grandes iquiétudes chez les dirigeants politiques et les régulateurs financiers.
Le responsable du développement du projet Libra au sein de Facebook, David Marcus, a tenté d’en défendre le bien-fondé mardi devant la commission des Finances du Sénat à Washington. Il doit poursuivre cette démarche mercredi dans le cadre d’une audience tenue par la Chambre des représentants.
Le projet a reçu un accueil glacial de la part des sénateurs, rapportaient mardi le New York Times et BBC News. Plusieurs ont exprimé de sérieux doutes quant à la capacité de Facebook de gérer un système monétaire.
« Facebook a démontré scandale après scandale qu’il ne méritait pas notre confiance », a déclaré le démocrate Sherrod Brown, membre de la commission sénatoriale des banques.
Même si l’entreprise n’a pas l’intention de causer du tort, elle a déjà montré qu’elle ne « respecte pas le pouvoir des technologies avec lesquelles elle joue », a dénoncé M. Brown, évoquant la récente implication de Facebook dans des incidents de fuite de données et d’ingérence politique.
Selon lui, il est irréaliste de penser que des individus laisseront le groupe de médias sociaux gérer leur argent durement gagné.
Facebook a dévoilé le 18 juin cette cryptomonnaie qui doit lui permettre de s’imposer dans le commerce en ligne et les services financiers à travers le monde via les utilisateurs de ses différentes plateformes.
Cette monnaie virtuelle, qui s’inspire des cryptodevises comme le bitcoin, serait gérée par une association indépendante composée d’entreprises, d’institutions universitaires et d’organismes à but non lucratif.
Facebook cherche à obtenir le soutien de l’administration américaine pour le lancement de Libra en 2020.
Un tel projet s’accompagne toutefois d’une grande responsabilité que les dirigeants politiques et les régulateurs financiers ne semblent pas prêts à confier à des entreprises privées comme Facebook. Plusieurs craignent qu’une adoption généralisée de la monnaie virtuelle par les 2,38 milliards d’utilisateurs du réseau social bouleverse l’économie mondiale.
Le ministre américain des Finances, Steven Mnuchin, a d’ailleurs averti le réseau social qu’il « aura beaucoup de travail à faire pour convaincre » l’administration Trump que Facebook peut mettre en place cette monnaie en toute sécurité.
Les administrateurs des banques centrales de France, du Royaume-Uni, de Chine et de Singapour, ainsi que la Banque centrale européenne, ont exprimé les mêmes inquiétudes, selon le New York Times.
David Marcus, qui a été président de PayPal de 2012 à 2014, a promis de répondre à toutes les préoccupations des législateurs avant de lancer la devise sur le marché, comme celles liées à la fraude fiscale, au financement du terrorisme et au blanchiment d’argent. « Je sais que nous devons gagner la confiance des gens pendant une très longue période », a-t-il déclaré devant le Sénat.
L’audience devant la Chambre des représentants est présentement en cours.
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