Une étude de HEC Montréal indique que les entreprises exportatrices du Québec et du Canada investissent moins en TIC que celles des États-Unis. Un dollar canadien fort réduit les coûts d’importation des équipements, mais aussi les revenus associés aux exportations.
Selon l’étude Taux de change, investissements et productivité, qui a été produite par les chercheurs Laurent Da Silva et Nicolas Vincent du Centre sur la productivité et la prospérité de l’établissement universitaire HEC Montréal, l’écart dans les investissements en TIC entre le Québec et le Canada et les États-Unis n’a pas rétréci malgré le pouvoir d’achat accru d’un dollar canadien vigoureux.
À l’égard des technologies de l’information et des communications, les niveaux d’investissements au Québec et au Canada en proportion du produit intérieur brut se situaient en moyenne à 85 % du niveau des États-Unis entre 1987 et 2007 (voir graphique ci-dessous).
Par contre, depuis 1996 les investissements en TIC au Québec sont supérieurs à ceux qui ont été réalisés dans l’ensemble du Canada.
Par ailleurs, les investissements des organisations en machines et de matériel en général, en proportion du produit intérieur brut, se situaient au Québec sous le niveau des États-Unis entre 1992 et 2007. De plus, les investissements québécois étaient inférieurs à la moyenne canadienne au cours de la même période, à l’exception des années 1999 et 2000.
Effets multiples
Selon l’étude de HEC Montréal, même si le prix des technologies en dollars canadiens a diminué de plus de 35 % entre 2002 et 2007 en raison de l’augmentation de la valeur du huard – ce qui est avantageux en raison des importants achats réalisés hors du pays – les organisations québécoises ont vu leurs revenus provenant de l’exportation s’amoindrir. En conséquence, leur marge de manoeuvre financière pour la réalisation d’investissements en matériel et en machinerie a diminué.
« Avec la baisse du dollar les coûts d’importation diminuent, mais pour les entreprises qui sont axées sur l’exportation les revenus diminuent. Eles font moins de profits et investissent moins dans les technologies », résume Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.
Hausse forte, probabilité moindre
L’étude estime que chaque hausse de 10 % de la valeur du dollar canadien entraîne une diminution de 9 points de pourcentage de la probabilité des investissements chez les grands exportateurs au Canada.
Toutefois, pour une hausse équivalente de la valeur du huard, la diminution de la probabilité des investissements n’est que de 3 points de pourcentage au sein des autres entreprises canadiennes. Au Québec, la diminution de la probabilité de la réalisation d’investissements par les entreprises qui ne font pas partie des grands exportateurs est de 4,8 points de pourcentage.
M. Gagné précise que le terme « grand exportateur » désigne les entreprises qui exportent 80 % et plus de leur production. Il ajoute que la catégorie des autres exportateurs englobe des entreprises qui desservent le marché domestique, mais également des organisations qui ont des niveaux d’exportation appréciables sous le seuil de 80 %.
Voir loin
Selon M. Gagné, les organisations qui souhaiteraient contrecarrer les impacts d’un dollar canadien fort – sur lequel elles n’ont aucun contrôle – pourraient envisager la diversification des marchés d’exportation afin de ne pas dépendre d’une seule devise.
Aussi, en soulignant qu’il n’est pas un exploitant d’entreprise, M. Gagné dit croire que les organisations ne peuvent pas perdre à long terme de la réalisation d’investissements dans de l’équipement ou dans l’automatisation des processus.
« Si un calcul à court terme ne démontre pas de rentabilité, il faudrait peut-être étendre à long terme l’horizon de rentabilité, disons sur cinq à dix ans. Une organisation ne peut pas y perdre à réaliser des mesures d’investissement », suggère-t-il.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.
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