L’essai pilote d’accès à l’Internet, qui vise 100 Mb/s de bande passante chez le client, atteint déjà 50 Mb/s en aval. Vidéotron pourrait commercialiser dès 2007 des services aux particuliers et aux entreprises avec une telle bande passante, en utilisant les technologies de Cisco.
L’entreprise québécoise de télécommunications Vidéotron et le fournisseur d’équipement de réseautique Cisco ont annoncé que leur test pilote de service Internet à bande passante élargie, fondé sur la technologie Wideband, allait « très bien ».
Soixante-dix des cent cinquante clients souhaités pour l’essai, qui a débuté en décembre 2006, ont déjà accès au service Wideband alors que la moitié de la capacité visée de 100 mégabits par seconde est atteinte. Ce test, réalisé auprès d’utilisateurs de l’entreprise, constituerait une première du genre en sol nord-américain.
Manon Brouillette, vice-présidente principale, marketing – contenus et développement de nouveaux produits chez Vidéotron, a indiqué que l’essai de la technologie Wideband déjà réalisé avait permis d’atteindre les résultats initialement établis à très court terme.
« Ces objectifs étaient d’augmenter de façon significative la vitesse et la capacité de notre accès Internet, a indiqué Mme Brouillette. Nous avons tout simplement conjugué les technologies de Cisco et de Vidéotron et les avons déployés sur notre réseau. Nous n’avons pas eu à effectuer d’investissement majeur ni de grandes modifications pour cette percée technologique. »
Suria Panditi, vice-président et directeur général, Technologie optique et Unité d’affaires CTMS chez Cisco, a fait état de l’évolution marché d’abonnés passifs à des contenus télédiffusés à la production et la création de contenus sur un ordinateur personnel, tout comme du succès de compagnies comme YouTube pour la diffusion de contenus à des amis ou une communauté.
« Cette capacité [de création et de diffusion] doit être soutenue par les fournisseurs [d’accès], ce qui motive la réalisation d’améliorations substantielles ou d’augmentation de bande passante. Si l’on pense que la vidéo à haute définition, plusieurs canaux de télé HD, l’accès Internet à haute vitesse et la téléphonie IP sont livrés à l’utilisateur sur un seul lien, 5 ou 10 Mb/s ne suffisent plus. »
Le câble coaxial utilisé sur le réseau de Vidéotron, selon cette dernière, offre une bande passante théorique maximale de 4 Gb/s.
Agrégation de canaux
Pierre Roy, vice-président, Ingénierie, technologie IP, chez Vidéotron, a expliqué que le projet est fondé sur la norme DOCSIS 3.0 de Cable Labs qui permet une compatibilité avec les équipements existants du réseau, où l’on procède à l’agrégation de canaux de fréquences utilisés sur le réseau câblé, soit huit au maximum dans le cadre du test.
Selon ses explications, une carte a été insérée dans des équipements existants, alors qu’un modulateur standard, comme ceux qui sont utilisés pour la télévision numérique et la vidéo sur demande, agrège les canaux par modulation d’amplitude en quadrature (QAM en anglais) pour constituer une bande passante élargie. Des équipements de transmission en tête de ligne ont également été mis à jour, alors que modems compatibles ont été installés chez les utilisateurs participant à l’essai. Des essais ont auparavant été réalisés en laboratoire et sur le réseau corporatif de Vidéotron, avant l’initialisation des essais avec le public.
« Le feed-back des clients est très positif. Au fur et à mesure que le projet pilote progressera, nous augmenterons les vitesses de notre clientèle pour récolter de l’information et comprendre leurs besoins au niveau de la technologie et du service », a déclaré M. Roy.
L’essai sera réalisé au total auprès de 150 clients de l’entreprise, dont 50 seront des clients commerciaux. Vidéotron a confirmé que des éléments de qualité de service faisaient partie des essais. Les porte-parole de l’entreprise ont également indiqué que la technologie, éventuellement, permettra d’offrir une bande passante en amont égale à celle qui sera offerte en aval. La parution d’une prochaine mouture de la norme DOCSIS sera nécessaire, et des essais liés aux envois de fichiers par les utilisateurs vers le réseau pourraient avoir lieu en 2008 ou 2009.
Répondre aux besoins croissants
Selon Mme Brouillette, cet essai est réalisé alors que l’entreprise souhaite être le fournisseur qui offre l’accès à l’Internet le plus rapide sur le marché québécois, mais également dans le cadre d’une préparation à faire face aux besoins grandissants de la clientèle.
« Nous voulons maintenir l’excellente réputation que nous avons [en matière de] réponse aux attentes du marché, a ajouté Mme Brouillette. C’est important d’être prêt à faire face à ces besoins, c’est ce qui a fait notre réputation, et c’est pourquoi nous avons décidé de [faire] ce test. »
« Les consommateurs changent. Ils veulent l’accès immédiat aux contenus et veulent les télécharger sur tous les produits technologiques qu’ils possèdent. Il y a également la tendance générée par les utilisateurs de YouTube et les générations numériques, dont les besoins seront accrus en aval pour télécharger de plus en plus de contenus, mais également ces producteurs de contenus qui, dans le confort de leurs foyers, voudront envoyer leurs contenus sur l’Internet. Les capacités [requises] en amont seront de plus en plus importantes. »
La représentante de Vidéotron a notamment cité John Chambers, le président de Cisco, qui a estimé que la demande en bande passante de vingt foyers en 2010 serait « égale à [celle] de tout l’Internet en 1995, ce qui est phénoménal. »
Échéanciers non précisés
Interrogée quant au moment et à la forme éventuelle des services d’accès à l’Internet de type Wideband de Vidéotron, Mme Brouillette a mentionné « qu’il était possible de croire en une commercialisation prochaine » de services fondés sur les technologies mises à l’essai, possiblement en 2007.
Elle a indiqué que le fournisseur pourrait mettre en marché deux versions du service, par exemple l’une à 40 Mb/s et l’autre à 100 Mb/s. L’entreprise, selon ses dires, devra évaluer le type de clientèle qui sera visée, et mesurer les crêtes de trafic sur le réseau lors des périodes de pointe. Elle a toutefois refusé de donner des précisions quant à la structure tarifaire qui serait établie pour ces nouveaux services.