Lors de l’International Startup Festival, Sarah Prevette de Sprouter.com a suggéré aux entrepreneurs des erreurs à éviter lors de leur premier démarrage.
Dans le cadre de la conférence International Startup Festival qui a eu lieu les 14 et 15 juillet 2011 à Montréal, Sarah Prevette, la fondatrice et chef de la direction de la firme de conseil en démarrage d’entreprise Sprouter.com, a formulé ses suggestions aux entrepreneurs en fonction de son expérience obtenue lors du démarrage de trois entreprises.
Candidement – et à l’aide de diapositives composées de dessins au crayon-feutre – Mme Prevette a conseillé aux entrepreneurs de ne pas sombrer dans le protectionnisme et les ententes de non-divulgation. « Au début les gens pensent que leur idée est géniale, mais qu’ils ne se la feront voler. Il ne faut pas s’isoler : au contraire, il faut en parler le plus possible », a-t-elle indiqué.
Sans détour, elle conseille de laisser tomber l’évocation des projections de revenus ou de clients – qui sont inévitablement toujours à la hausse – lors des présentations aux investisseurs. « C’est de la foutaise, cela vous fait passer pour un perdant. Cessez cela et prenez une dose de réalité! »
Cycle de vie
Parlant de dose de réalité, Mme Prevette met en garde l’auditoire à propos de l’attention qui sera accordée à leur entreprise en démarrage après l’inauguration de ses activités. Avoir l’attention des médias spécialisés est merveilleux et génère du trafic de la part des consommateurs vers une présence en ligne, mais cette attention est de courte durée.
« Le vrai cycle en est ainsi : il y a de l’engouement au lancement, puis le trafic s’éteint et on réalise qu’on ne sait pas pourquoi. Il y ensuite des soubresauts d’itérations, puis on atteint un plateau de désenchantement. On vit alors une spirale de dépression, qui est le pire des sentiments. On arrive à peine à faire la paie des employés, on perd le sommeil… C’est ici que la plupart des gens jettent l’éponge ou bien ignorent le fait qu’ils sont “poches”! », a-t-elle décrit.
Mme Prevette ajoute que les entrepreneurs, désespérés, tenteront de trouver de nouvelles avenues pouvant générer du potentiel, mais elle leur conseille plutôt de mettre le focus sur l’essentiel, sur l’élément principal de leur projet. « Souvent les gens n’ont pas assez compris quel est le problème à résoudre avec leur projet ou bien ils ont fait un sale boulot en réalisant leur solution. Il faut alors retourner en arrière », a-t-elle dit avec insistance.
« Il faut alors faire de l’itération, et de l’idéation : ce n’est pas le temps de faire d’autres produits, mais plutôt de trouver des solutions pour résoudre un problème ».
En soulignant que l’absence de concordance entre un produit et un marché était due à l’ego des entrepreneurs, Mme Prevette a indiqué que la découverte de consommateurs pouvait être ennuyante, mais que l’ego ne devait pas être une entrave à cette étape du démarrage d’une entreprise. « Vous [les entrepreneurs] êtes le premier vendeur de votre projet. Si vous engagez quelqu’un d’autre pour le faire, elle sera un bouclier à la résolution d’un problème. Vendre soi-même son projet aide à résoudre les problèmes », a-t-elle indiqué.
Mme Prevette a également indiqué que la réponse « peut-être » reçue lors de rencontres, par exemple avec des investisseurs, équivalait à « non » et qu’il vaut mieux passer à autre chose. « Les grosses entreprises ont du temps à perdre à tenir de nombreuses rencontres… Mais n’ayez pas peur de vous faire dire non », a-t-elle commenté.
La spécialise en démarrage a également indiqué que chaque personne rencontrée pouvait être un client potentiel, mais aussi une source d’aide. Parlant d’aide, elle a suggéré d’embaucher des employés qui constitueront des ressources valables, mais qu’il valait mieux poser les bonnes questions pour savoir qui on embauche vraiment.
« La plupart de gens ne voudront pas ou ne pourront travailler pour des capitaux propres dans l’entreprise (equity). D’ailleurs, il vous faut aller vendre votre produit, recevoir de l’argent, et ensuite embaucher du personnel. »
Enfin, à ceux qui demandent combien d’heures il faut consacrer à une entreprise en démarrage, elle a dit qu’elle leur conseillait de ne pas laisser tomber leur emploi de jour. Elle a indiqué qu’elle n’avait fait que travailler sur ses projets en démarrage – à part dormir, manger et se laver – lors de ses initiatives personnelles.
« La plupart des entreprises en démarrage connaissent l’échec parce que leurs fondateurs laissent tomber. Cela prend beaucoup de travail acharné, cela coûte deux fois plus que prévu, et cela prend trois fois plus de temps que prévu. Quelle est la solution? Il ne faut pas baisser les bras », a-t-elle confié.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.