À l’International Startup Fest, la spécialiste en démarrage d’entreprise Chris Shipley a déboulonné quelques mythes liés à l’entreprenariat et à l’investissement. Elle a servi une mise en garde à propos d’une bulle du démarrage rapide qui se gonfle…
L’Américaine Chris Shipley, qui a été journaliste, analyste de l’industrie des TI et productrice de conférences dédiées au lancement de nouvelles technologies, est la cofondatrice de Guidewire Group, une firme de services et de logiciels de soutien pour les entreprises en démarrage.
Dans le cadre de la première édition de la conférence International Startup Festival qui a eu lieu à Montréal les 14 et juillet 2011, Mme Shipley a traité du mythe des « super anges » investisseurs en indiquant qu’il existe des gens super et qu’il existe des anges, mais qu’en les mettant ensemble ils constituent avant tout des investisseurs. Elle a souligné que ces bâilleurs de fonds ne consacrent pas de l’argent à un projet par amour pour une personne, comme peuvent le faire les parents d’un entrepreneur.
« Les investisseurs font des investissements parce qu’ils veulent faire de l’argent. Ils investissent dans une occasion. Ils aiment le fait que vous travaillerez fort sur cette idée, ce qui leur permettra de faire de l’argent. Vous vendez une partie de votre entreprise à cet investisseur, et il vous faut comprendre la relation entre lui et vous », a indiqué Mme Shipley à un auditoire composé d’environ deux cents entrepreneurs.
Également, Mme Shipley a discuté des « vedettes rock » du démarrage d’entreprise qui sont reconnues dans leur domaine et sont convoitées par les entrepreneurs en quête de conseils. Elle a souligné qu’il ne s’agissait que « de l’extrémité du bout de la pointe » du monde du démarrage, alors qu’il existe un plus grand groupe d’entrepreneurs, actifs sur le terrain, dont il est plus bénéfique d’obtenir des avis et des recommandations.
Mme Shipley a aussi traiter du mythe « vendre ou échouer » (flip or fail), où des entrepreneurs souhaitent vendre leur entreprise en démarrage « avant l’âge de 24 ans » sinon ils considéreront avoir vécu un échec. « Construire une entreprise durable est une alternative à cette pensée », a-t-elle suggéré.
Également, Mme Shipley s’en est pris au mythe voulant qu’un entrepreneur doive vivre rapidement un échec (fail fast). « Il ne faut pas voir l’échec rapide comme étant une philosophie où on fait des entreprises en démarrage jetables et qu’on retourne l’argent qui en reste à l’investisseur. Connaître rapidement un échec est une occasion d’apprentissage », a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, Mme Shipley a indiqué que le mythe de la sortie rapide de l’entrepreneur de l’entreprise en démarrage ne contribue pas à la production de valeur pour une compagnie qui est en progression.
« La sortie rapide d’une entreprise n’est pas une bonne chose de nos jours. Si on regarde vers la porte, pendant ce temps on ne construit pas son entreprise. Il faut envisager plutôt de bâtir une entreprise viable et durable », a-t-elle suggéré.
Bulle à l’horizon
Durant son allocution, Mme Shipley a mis en garde les entrepreneurs à propos d’une bulle du « démarrage rapide » (lean startup) qui semble poindre à l’horizon. Le démarrage rapide est une philosophie où toutes les étapes de développement d’un produit ou d’un service – et de l’entreprise qui chapeaute celui-ci – sont réalisées en accéléré. Mme Shipley a déclaré que la bulle du démarrage rapide éclatera éventuellement et que les entrepreneurs qui survivront seront rares.
« Vous tous rêvez d’avoir du succès, mais un seul d’entre vous vivra ce rêve, a annoncé Mme Shipley à l’auditoire. Dans cette bulle, on peut être chanceux ou on peut être bon, mais lorsque la bulle éclatera il vaut mieux être bon », a-t-elle indiqué.
Mme Shipley a alors donné les exemples des bulles de l’intelligence artificielle, de l’informatique manuscrite (pen computing) et des point.com. « Il suffisait d’avoir une maîtrise en administration ou un miroir pour se convaincre qu’on deviendrait riche », a-t-elle déclaré à propos de cette dernière.
« Les entrepreneurs n’ont pas besoin d’une bulle. Une bulle crée des opportunités, mais on n’a pas de besoin de cela pour réussir. Vaut mieux oeuvrer à bien faire les choses, à être bons, car c’est un meilleur atout que n’importe quoi d’autre », a sagement suggéré Mme Shipley.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.