Dès les débuts de l’engouement pour le réseau Internet, ses promoteurs et ses fervents utilisateurs vantaient l’instantanéité de la transmission des messages entre deux endroits de la planète. Mais au quotidien, cette fameuse instantanéité tarde souvent à se concrétiser…
Que la vie n’est plus la même en matière de transmission des messages entre les personnes depuis l’avènement des technologies de l’information et des communications modernes!
Jadis, à l’époque où le papier était le seul support utilisable, la transmission d’un message prenait des mois ou des semaines à franchir des distances intercontinentales, le temps qu’un bateau franchisse les océans. Sur la terre ferme, les distances interprovinciales étaient couvertes en quelques semaines ou en plusieurs jours, le temps qu’un courrier à cheval accourt à grand galop vers sa destination pour livrer une missive ou un télégramme.
La transmission des lettres s’est accélérée avec l’essor du train, de l’avion et du véhicule automobile, alors que le télégraphe avec fil, puis sans fil, a permis de transmettre des messages encodés sur de grandes distances. Plus récemment, le télécopieur a permis d’envoyer des fac-similés en peu de temps, jusqu’à ce que le courrier électronique fasse son apparition.
Ah, quelle merveille!, ont alors dit plusieurs gens. On rédige quelques mots, on appuie sur un bouton, et hop! Le destinataire le reçoit en un rien de temps, même s’il est à l’autre bout du monde! Que c’est merveilleux!
Effectivement, plusieurs ont été émerveillés de voir que leurs mots écrits en caractères numériques étaient acheminés « instantanément » à un collègue ou à un ami situé très, très loin. La surprise était plus grande lorsque le téléphone sonnait et que le destinataire leur annonçait qu’il venait de recevoir le message envoyé. Vive la technologie!, ont-ils conclu!
Au gré du temps et de l’adoption de la réseautique par les organisations et le grand public, les petits fournisseurs de services Internet indépendants ont pris de l’ampleur et ont été rejoints sur ce marché par les grandes entreprises de communications téléphoniques et de câblodistribution. Aujourd’hui, de grands fournisseurs exploitent des réseaux à large bande et des serveurs de grande puissance pour gérer l’envoi et la réception des courriers électroniques.
Des milliers, puis des millions d’utilisateurs se sont mis à rédiger et à lire des courriels, envoyés à l’unité ou à des listes d’envoi, dont les sujets allaient de la banalité aux révélations de grande importance, en passant par les satanés pourriels…
Or,la fameuse instantanéité de transmission des courriels n’est pas une certitude absolue.
Il arrive parfois qu’un courriel arrive à destination plusieurs minutes, voire plusieurs heures après l’envoi. Pis encore, les abonnés à des listes d’envoi peuvent recevoir leur courriel plusieurs heures après l’amorce de la distribution du courriel! Cette situation, qui semble se produire de plus en plus souvent, peut avoir des conséquences désagréables ou fâcheuses pour l’une ou l’autre des personnes impliquées dans l’acte de communication.
Illusion postale
Il est également surprenant de remarquer une disparité dans les délais de transmission des courriels dans plusieurs comptes. Par exemple, l’envoi d’un courriel d’essai, dans le cadre de la préparation d’un envoi à des abonnés, peut arriver immédiatement dans la boîte de réception du compte A et beaucoup plus tard dans celle du compte B, alors la situation est inverse la fois suivante. Pis encore, le courriel de l’envoi formel peut arriver dans la boîte de réception d’un des comptes avant la réception des courriels d’essai! Les rédacteurs et les émetteurs de courriels se grattent alors la tête ou bien vocifèrent envers les enrageantes technologies…
Pourquoi donc y a-t-il tant de délais et de disparités? Est-ce parce que le serveur de courriel du fournisseur ou de l’entreprise qui envoie le message en a trop à envoyer à la fois ou bien qu’il n’est pas assez puissant pour suffire à la tâche? Est-ce en raison du serveur de courriel du fournisseur ou de l’entreprise qui reçoit les messages est ne suffit pas au traitement des courriels reçus? Est-ce en raison de l’incapacité des serveurs de routage et d’interconnexion qui relaient les messages sur les réseaux, ou bien en raison d’un trop grand trafic sur l’inforoute? Est-ce que l’envoi de courriels à des abonnés est réalisé par une machine qui ne réalise pas la tâche assez rapidement? Est-ce une combinaison de ces facteurs?
Et les problèmes de lenteur d’acheminement des messages ne sont pas limités aux courriels échangés entre ordinateurs, puisque les courriels, les courts messages textuels et les avis de message sur les boîtes vocales n’arrivent pas toujours instantanément sur les téléphones mobiles. Est-ce en raison de difficultés des serveurs des fournisseurs, ou en raison de l’engorgement des relais des réseaux sans fil? Mystère…
Certes, les entreprises peuvent scruter leurs systèmes d’envoi pour s’assurer qu’ils opèrent de façon optimale, mais il est plutôt difficile de savoir si les autres entreprises qui sont des intermédiaires dans le processus de transmission des messages électroniques en font tout autant.
Jadis, des personnes envoyaient une lettre à la poste en se demandant si elle allait se rendre à destination. À en juger l’expérience vécue par certains, qui reçoivent leurs courriels en retard ou qui apprennent par téléphone qu’on leur envoie des courriels qu’ils ne reçoivent pas, tout porte à croire qu’il faut vivre avec une telle incertitude dans l’univers numérique…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.