En matière de santé, soyez prudents si vous utilisez ChatGPT

Des chercheurs du CHU Sainte-Justine et de l’Hôpital de Montréal pour enfants ont récemment posé 20 questions médicales à ChatGPT. L’engin d’intelligence artificielle leur a fourni des réponses d’une qualité… limitée, comprenant des erreurs factuelles et des références inventées. Ils ont récemment publié les résultats de leur recherche dans le Mayo Clinic Proceedings: Digital Health.

« Ces résultats sont alarmants, étant donné que la confiance est un pilier de la communication scientifique », indique le Dr Jocelyn Gravel, auteur principal de l’étude et urgentologue au CHU Sainte-Justine. « Les utilisateurs de ChatGPT devraient prêter une attention particulière aux références fournies avant de les intégrer dans des manuscrits médicaux ».

S’adressant aux scientifiques qui seraient tentés d’utiliser le modèle d’intelligence artificielle ChatGPT pour la rédaction de textes médicaux, les chercheurs leur recommandent de poser leurs questions à un professionnel.

Pour cette étude, la première à évaluer la qualité et la justesse des références fournies par ChatGPT affirme-t-il, le groupe a tiré ses questions d’études existantes et demandait à ChatGPT d’appuyer ses réponses par des références. Par la suite, les chercheurs ont fait évaluer les réponses du logiciel sur une échelle de 0 à 100 % par les auteurs des articles dont les questions provenaient.

17 auteurs ont accepté de réviser les réponses. Ils ont estimé qu’elles étaient d’une qualité discutable (score médian de 60 %). Ils y ont également trouvé des cinq erreurs factuelles majeures et sept mineures. À titre d’exemple, ChatGPT suggérait d’administrer un médicament anti-inflammatoire par injection alors que celui-ci doit plutôt être ingéré. Autre exemple : il a multiplié par dix le taux de mortalité mondial associé aux infections par les bactéries Shigella.

Pour ce qui est des références fournies, 69 % étaient inventées, mais avaient pourtant l’air vraies. 95 % d’entre elles se servaient du nom d’auteurs ayant déjà publié des articles sur un sujet connexe ou provenant d’organisations reconnues comme les Centers for Disease Control and Prevention ou la Food and Drug Administration. Elles portaient toutes un titre lié au sujet de la question et utilisaient le nom de journaux ou de sites web connus. Et même les vraies références posaient problème, près de la moitié d’entre elles comportant des erreurs.

Les chercheurs ont interrogé ChatGPT sur l’exactitude des références fournies. Dans un cas, il a soutenu que « les références sont disponibles sur Pubmed » en fournissant un lien web qui renvoyait à d’autres publications sans rapport avec la question. Dans un autre cas, le logiciel a répondu : « Je m’efforce de fournir les informations les plus exactes et les plus récentes dont je dispose, mais des erreurs ou des imprécisions peuvent se produire ».

Selon le Dr Esli Osmanlliu, urgentologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants et scientifique au Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, « L’importance de références correctes en science est indéniable. La qualité et l’étendue des références fournies dans des études authentiques démontrent que les chercheurs ont effectué une revue complète de la littérature et qu’ils connaissent bien le sujet. Ce processus permet d’intégrer les résultats dans le contexte des travaux antérieurs, un aspect fondamental de l’avancement de la recherche médicale. Ne pas fournir de références est une chose, mais créer de fausses références serait considéré comme frauduleux pour les chercheurs. »

« Les chercheurs qui utilisent ChatGPT pourraient être induits en erreur par de fausses informations, car des références claires, apparemment cohérentes et stylistiquement attrayantes peuvent dissimuler un contenu de mauvaise qualité », poursuit le chercheur.

 

Renaud Larue Langlois
Renaud Larue Langlois
Un peu journaliste, un peu gestionnaire TI, totalement passionné de technologie. Après plus de 25 ans dans le domaine des TI, devenir rédacteur était tout naturel pour Renaud. C'est réellement une affaire de famille. Ses champs d'intérêt sont… tout, en autant que ça concerne la technologie. On peut le joindre à rlaruelanglois@directioninformatique.com.

Articles connexes

Une étude révèle que les organisations canadiennes ne sont pas préparées aux nouvelles normes et réglementations ESG en matière de reddition de compte

Selon une étude, les organisations canadiennes sont loin d'être prêtes pour les nouvelles normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et les nouvelles réglementations en matière de reddition de compte.

Les défis liés à l’incapacité d’attirer et de retenir les talents atteignent le niveau le plus élevé à ce jour, selon une étude

Aon plc, une société mondiale de services professionnels, a annoncé les résultats de son enquête mondiale sur la gestion des risques 2023 qui a recueilli les commentaires de près de 3 000 gestionnaires de risques, cadres et hauts dirigeants de 61 pays et territoires pour identifier leurs défis commerciaux les plus urgents.

Le paysage change en matière d’embauche dans les entreprises canadiennes en 2024, selon un sondage

Un récent sondage mené par Morgan McKinley a mis en lumière les défis auxquels seront confrontées les entreprises canadiennes en matière d'embauche pour l'année à venir. L'étude, qui fait partie de leur guide des salaires 2024, a révélé que la réduction des budgets et les restrictions d'effectifs entraveront la croissance de l'embauche.

La confiance des petites entreprises canadiennes à son plus bas depuis avril 2020

La confiance des petites entreprises canadiennes est tombée à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie en avril 2020, selon le dernier Baromètre des affaires publié par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). L'indice de confiance des petites entreprises sur 12 mois a chuté de 1,5 point à 47,2 en octobre, mesuré sur une échelle comprise entre 0 et 100. Ce chiffre constitue le troisième chiffre le plus bas depuis près de 15 ans.

Le coût des violations de données en hausse de 12 %, selon une enquête

L’inflation est en hausse pour toutes sortes de produits et services, y compris le coût d’une violation de données. Le coût médian d'une violation de données pour une organisation cette année était de 2,5 millions de dollars, selon une enquête d'EY, soit une augmentation de 12 % par rapport à l'année dernière.

Emplois en vedette

Les offres d'emplois proviennent directement des employeurs actifs. Les détails de certaines offres peuvent être soit en français, en anglais ou bilinguqes.