Un peu plus de quatre ans après l’annonce de sa création, le studio de jeux vidéo Eidos Montréal a dévoilé Deus Ex : Human Revolution, le 23 août. Ce premier jeu à émaner du studio montréalais lui servira de signature, soutient son directeur-général Stéphane d’Astous.
« Ça fait quatre ans que je vends le studio avec ses bonnes intentions, ses promesses et ses projets. Je vendais de l’air. Là, les joueurs vont pouvoir porter un jugement concret sur un produit réel. C’est très important pour la pérennité d’Eidos Montréal », dit-il, en entrevue en marge du lancement qui s’est déroulé à l’intérieur des studios d’Eidos, sur le boulevard Maisonneuve.
Ce dernier dit être très fier de son « bébé » conçu à 97% dans la région montréalaise. Car au départ, il s’agissait d’un premier projet à haut risque pour l’établissement montréalais. « Pour un premier projet, nous aurions pu limiter les risques avec un projet plus facile et couper les coins ronds. Nous avons dit ‘non’ et opté pour un jeu AAA où la qualité n’était pas une option », dit-il.
En cours de production la société mère Eidos, située en Grande-Bretagne, a été achetée par l’entreprise japonaise Square Enix. Cette dernière a déboursé 84,3 millions de livres sterling (montant qui valait alors 120 millions de dollars américains).
M. D’Astous affirme que le changement de direction n’a eu aucun impact sur le développement du jeu, si ce n’est que Square Enix est encore plus obsédée par la qualité.
Si le dévoilement s’est bien déroulé, il a fallu attendre un peu plus longtemps que prévu avant de voir le jeu arriver sur les tablettes des détaillants. Au départ, Deus Ex : Human Revolution devait être lancé au premier trimestre. « Ce ne fut pas une décision facile. L’exercice financier de Square Enix se termine le 31 mars et il a fallu sauter cette barrière et expliquer la situation aux actionnaires. Toutefois, en bout de ligne, ça a été la meilleure décision à prendre, parce que le jeu a été reçu de manière spectaculaire », soutient Stéphane D’Astous.
De gros budgets
Sans dévoiler le montant du budget alloué au développement du troisième volet de la franchise Deus Ex, le directeur-général d’Eidos Montréal affirme les gens sous-estiment grandement les efforts nécessaires pour la conception d’un jeu de calibre AAA. Ces titres qui se vendent à plus d’un million d’exemplaires dans le monde et qui disposent d’un budget d’au moins 10 millions de dollars. « Le budget de Deux Ex : Human Revolution est quatre à cinq fois plus élevé que pour un film québécois populaire.
Vidéo: entrevue avec le directeur général d’Eidos Montréal, Stéphane D’Astous
Les films québécois Bon Cop Bad Cop et Maurice Richard sont ceux qui ont obtenu les plus gros budgets à ce jour, à environ 8 millions de dollars. Cela signifie que le budget total pour la première création d’Eidos Montréal pourrait avoir atteint un maximum de 32 à 40 millions de dollars.
« Il faut comprendre qu’il s’agit d’emplois permanents et qu’il y a plusieurs équipes qui participent au projet, dont celles du développement, de la recherche et développement, de l’assurance-qualité, du marketing et des services TI », raconte M. D’Astous.
Ce dernier concède qu’Eidos est allé à contre-courant en proposant un titre qui offre de 30 à 40 heures de jeu en solitaire, alors que d’autres titres vont offrir 8 heures de jeu en solitaire et un volet multi-joueurs « qui ne vaut pas vraiment le coup ».
« En proposant un titre qui propose deux fois plus d’heures de jeu que la normale, nous voulons que les joueurs conservent leurs disques et aient envie de recommencer, car le marché gris fait très mal aux éditeurs », dit-il.
Le marché gris est celui des joueurs qui, après avoir terminé un jeu, vont l’échanger chez le détaillant le plus proche en échange de quelques dollars ou d’un crédit à l’achat d’un autre jeu.
Autre projet en marche
Le prochain projet de grande envergure d’Eidos Montréal, Thief 4, est en développement, même si aucune date de lancement ne peut être avancée pour le moment.
« Il faut laisser l’équipe franchir un jalon important avant d’en parler et on s’en rapproche. Nous avons également obtenu un troisième projet, mais nous ne l’avons pas encore été annoncé car nous voulons étaler les bonnes nouvelles », confie M. D’Astous.