Avec la multiplication des appareils technologiques, des applications et des moyens de stockage, il est de plus en plus difficile de garder le fil sur les contenus et les idées.
Ceux et celles qui utilisent depuis longtemps les technologies de l’information et des communications ont vu passer entre leurs mains plusieurs appareils technologiques, dont des ordinateurs personnels, des ordinateurs portables, des assistants numériques et des téléphones évolués.
Ils ont utilisé diverses applications pour consulter et créer des contenus, comme des logiciels de traitement de texte, des chiffriers, des bases de données, des agendas électroniques des logiciels de courriel, des éditeurs de sites Web, des logiciels de messagerie et des éditeurs de contenus multimédias.
Les contenus, quant à eux, ont été inscrits sur des supports fixes comme des disques rigides, sur des supports amovibles comme des disquettes souples ou rigides, des rubans ou des disques optiques compacts, et dans des espaces de serveur chez des fournisseurs de services Internet ou de services Web. Ces utilisations des TI, par ailleurs, s’effectuent autant dans le cadre du travail ou de la vie personnelle.
Si, pendant longtemps, l’utilisation des technologies s’est effectuée à raison d’un appareil et d’une application à la fois, maintenant elle est « multimatérielle », « multiapplicative », « multiplateforme » et « multicontenu. » Il n’est pas rare qu’une personne, au cours d’une journée typique, jongle avec une grande quantité d’éléments technologiques.
« Technotraîneries »
Le hic, c’est que les contenus créés ou consultés par un utilisateur finissent par être éparpillés un peu partout. D’une part, une quantité croissante d’information s’accumule çà et là, au point que des utilisateurs en viennent à ne plus les consulter, voire à oublier leur existence. D’autre part, plusieurs contenus ou plusieurs actions sont redondants, en raison de copies et d’envois répétitifs d’information ou bien d’incompatibilité des applications entre les appareils. Combien de personnes reçoivent des courriels dans plus d’un compte, inscrivent des coordonnées d’un contact dans plus d’un appareil, sauvegardent des images sur plus d’un support et font les mêmes actions dans plus d’un service en ligne?
Dans l’univers physique, il serait aberrant de réécrire le même message à l’encre, à la mine et à la dactylo, de recevoir une image en mains propres, par la poste et par pigeon voyageur ou de faire des photocopies d’un document pour le mettre dans un classeur, dans une mallette et dans un coffre-fort.
Certes, certains multiplient leurs actions à des fins de sauvegarde. On n’est jamais trop prudent. Toutefois, ces intentions sont loin d’être coordonnées, alors que ce principe de sécurité est oublié ou bien réalisé de façon asynchrone – les données sont copiées sur un mécanisme, mais pas sur un autre. Et si la duplication de l’information vise de façon intentionnelle la sauvegarde des contenus, comment sait-on quel document se trouve à quel endroit?
Quoi? Où? Comment? Pourquoi?
D’ailleurs, un autre problème réside en la multiplication des versions d’un document. Comment fait-on pour savoir s’il s’agit de la dernière version? Regarder la date, voire l’heure à la seconde près de la dernière modification peut fournir des indices. Mais s’agit-il de la version valide d’un contenu? Sinon, où se trouve la dernière version valide?
Certains fournisseurs de produits et de services technologiques offrent l’adaptation des contenus en fonction de formats « compatibles » avec les offres d’autres fournisseurs. Or, ces contenus compatibles sont rarement intégrés ou intégrables à un seul et même document, sans compter qu’une légère variation peut se solder en des doublons ou en l’exclusion d’une information.
Dans d’autres cas, un fournisseur offrira une certaine uniformité à l’utilisateur en lui suggérant d’employer tous ses produits et services. Or, rares sont ces fournisseurs qui offrent absolument toutes les composantes requises au travail quotidien, et encore moins à offrir une vue d’ensemble sur l’information. Qui plus est, un utilisateur devrait faire table rase de tous les équipements, logiciels et services déjà utilisés, et trouver un moyen d’intégrer les contenus déjà conservés.
Enfin, si aucun travail de gestion de l’information n’est fait, que ce soit du classement ou de la mise à la corbeille, l’utilisateur finit, d’une manière ou d’une autre, à perdre le fil de ses contenus, voire même de ses pensées! Certains seront rarement consultés et d’autres ne le seront jamais. Dans d’autres cas, plusieurs occasions seront ratées en raison de l’oubli de la consultation d’un contenu ou d’une source de contenu.
Une (des) solution(s)?
Comment l’utilisateur des TI réussira-t-il à résoudre ce problème qui, à l’ère du Web 2.0 et de l’omniprésence des technologies, pourrait se compliquer au cours des prochaines années? Devra-t-il miser sur les services en ligne accessibles à partir de n’importe quoi et de n’importe où? Devra-t-il trouver un service fédérateur qui analyserait la situation et gérerait un tableau de bord unique? Devra-t-il engager une assistante administrative d’expérience? Devra-t-il faire des choix et mettre de côté des produits et des services?
Déjà, en ne tenant compte que des services Web et des réseaux sociaux qui existent, la gestion de la vie numérique n’est pas des plus faciles, comme le soulignait récemment Patrice-Guy Martin dans son blogue. Imaginez ce que ce sera à l’ère du Web 4.0…
Une chose est certaine : personne n’est à l’abri de ces enjeux. Plusieurs personnes disent que les enfants d’aujourd’hui auront plus de facilité à s’y retrouver, eux qui auront baigné dans les technologies dès leur tendre enfance. Or, si la tendance se maintient, ils seront eux aussi aux prises avec le même problème. Dire qu’on leur reproche déjà leur manque d’attention et leur éparpillement…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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