Pour Miguel Caron, anciennement de chez Cognicase et Lyrtech, diriger un studio de développement de jeu vidéo allie travail professionnel et plaisir personnel.
Miguel Caron, le chef de la direction du studio Funcom Montréal, est vêtu d’un gaminet et d’une paire de jeans. Le jeune homme de 38 ans, à l’air détendu et au franc sourire, aime visiblement son travail.
Or, son cheminement professionnel a été constitué surtout d’emplois dans des domaines non ludiques de l’industrie des TIC. Diplômé en stratégie militaire du Collège militaire royal de Kingston, Notamment, M. Caron a été vice-président de 1995 à 1999 de la firme de services-conseils Cogicase (qui appartient à CGI depuis 2003). Au milieu des années 2000, il a été président et chef de la direction de Lyrtech, une entreprise de Québec qui est spécialisée en conception de composantes de traitement de signaux numériques.
« Le mandat chez Cognicase m’a fait grandir et a constitué mon tremplin exécutif, en devenant vice-président à l’âge de 22 ans. Chez Lyrtech j’ai obtenu mes gallons en gestion, avec des mandats extraordinaires… Mais dans ces emplois les produits n’étaient pas excitants. C’était plaisant de conclure une transaction de vente d’un système bancaire ou d’obtenir un mandat de création d’un système de contre-mesure pour des chars d’assaut, mais ça me touchait moins personnellement. », commente M. Caron.
« Or, j’ai toujours été un “gamer”. Les jeux vidéo ne constituent pas un travail pour moi, car je m’amuse tous les jours. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de “challenge”, mais pour la première fois dans ma carrière le mandat de croissance et de diversification d’une entreprise et le produit final me touchent personnellement, ce qui me rend heureux. »
Gestion légère
Néanmoins, gérer un projet de développement du jeu vidéo demeure un travail. À cet effet, M. Caron explique que Funcom Montréal utilise la méthode Agile et compte deux experts en méthode « scrum ». Or, l’ajout des volets « artistique » et « amusement » à la gestion de projet entraîne un nouveau degré de difficulté.
« Quand on programme des lignes de code pour un site Web et qu’une fonction ne marche pas, c’est plus facile à [résoudre] que lorsque tout a été bien fait dans un jeu, mais que ça n’a pas l’air beau ou que la mission n’a pas l’air amusante. Comment décortique-t-on “pas le fun” en heures de travail? », demande-t-il en riant.
M. Caron dit apprécier la présence de gestionnaires qui ont beaucoup d’expérience malgré leur jeune âge. « Nous avons une culture de “swat team“: nous sommes trois à gérer cent cinquante personnes, soit la responsable des ressources humaines, la réceptionniste et moi-même. Une comptable vient travailler ici deux ou trois jours par semaine. Pour tout le groupe Funcom, il y a quatre personnes au marketing et quatre personnes aux finances. Il y a trois gestionnaires de niveau C, soit le président Trond Arne Aas et le responsable des opérations Ole Schreiner, qui sont en Norvège, et moi. Nous sommes vraiment une organisation allégée. »
Amour du travail
M. Caron, qui dit « s’être défoncé au niveau personnel et professionnel » pour Cognicase et Lyrtech, estime être rendu à une étape de carrière où il récolte ce qu’il a semé dans le passé. Notamment, il souligne l’appréciation que les employés manifestent à son égard, ce qui est aux antipodes des heures supplémentaires et des situations stressantes des emplois précédents.
« Ces bouteilles de scotch [et une bière d’épinette!] sont des cadeaux que des employés m’ont donnés lorsqu’ils sont partis. Je vais voir bientôt un spectacle que les employés m’ont offert pour mon anniversaire. Ils m’ont fait une ovation debout lorsque je suis entré au bureau le jour de ma fête… Je n’avais jamais vu cela durant ma carrière! », raconte-t-il.
« Ce qui constitue mon grand plaisir est de voir mes employés qui sourient lorsque j’arrive le matin, qui m’invitent lorsqu’ils pendent leur crémaillère… Plusieurs, lorsqu’ils sont revenus d’outre-mer après les vacances des Fêtes, ont dit qu’ils avaient eu hâte pour la première fois de “revenir à la maison”… »
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.