Voilà un message qui semble faire consensus parmi les spécialistes, notamment chez les conférenciers qui abordaient le thème Réinventer l’innovation, chez Infopresse hier. Le point de vue d’Anita Sands, Laurent Simon, Peter Andrews et Malcolm Gladwell.
Alors que tous les analystes et l’observation des marchés nous confirment de plus en plus l’état de crise financière et économique qui se déploie sous nos yeux, un nombre croissant de spécialistes s’entendent pour voir l’innovation comme un facteur qui contribuera à nous sortir de cette crise.
C’est un des messages qui a fait consensus hier chez les conférenciers qui participaient au colloque sur le thème de l’innovation organisé par le magazine Infopresse et tenu au Centre Mont-Royal à Montréal.
Étaient réunis pour l’occasion : Anita Sands, vice-présidente et chef de l’innovation, Banque Citi (New York); Laurent Simon, professeur agrégé, HEC Montréal; Peter Andrews, vice-président, innovations, IBM (États-Unis); et Malcolm Gladwell, journaliste et auteur bien connu, canadien d’origine, mais établi chez nos voisins du Sud.
Les lecteurs qui me suivent sur Twitter ont pu lire hier mon reportage en direct des faits saillants des conférences. Des membres de la blogosphère québécoise ont également suivi ces présentations en direct et on peut retrouver nos contributions communes via le moteur de recherche de Twitter.
Par ailleurs, le blogueur Mario Asselin a rencontré le conférencier principal, Malcolm Gladwell, auteur de The Tipping Point, Blink et Outliers et il nous rapporte ses propos ici.
Un travail de plombier
Si tous s’entendent pour dire que la crise actuelle représente une occasion en or pour innover, ils conviennent également qu’innover est un travail ardu, souvent en arrière-scène lorsqu’il s’agit de réinventer des processus et qui nécessite des efforts pour travailler dans la plomberie des organisations.
Pour Malcolm Gladwell, il faut quelque 10 000 heures de travail acharné pour arriver à un résultat qui peut être considéré comme un succès. Si une idée de génie peut arriver au hasard, le succès quant à lui arrive au terme d’un long trajet de perfectionnement. Il a cité en exemple à cet égard des groupes de musiciens comme Fleetwood Mac ou les Beatles ainsi que des entrepreneurs comme Bill Gates, des auteurs comme Mark Twain, des artistes comme Cézanne.
Pour Anita Sands, chef de l’innovation à la banque Citi, l’innovation ne doit pas être un service dans une organisation, mais une manière de penser. Elle nous a d’ailleurs donné son point de vue en 10 principes et 10 bonnes pratiques en matière d’innovation. Pour elle, le fait de ne pas être banquière de formation (elle possède un Ph. D. en physique atomique et nucléaire) est un atout pour regarder l’organisation avec un point de vue différent et moins d’idées préconçues.
Laurent Simon, professeur à HEC Montréal et spécialiste de la gestion de la création, croit pour sa part que les organisations ne sont pas nécessairement prêtes à travailler en mode d’innovation continue. Selon lui, le succès en cette matière nécessite une culture plus ouverte et une vision de l’organisation avec comme principe que le pouvoir réside dans le partage de la connaissance. Il conclut avec le dicton « qu’on ne fait pas pousser une plante en tirant sur ses feuilles » ou, en d’autres mots, qu’il faut être capable de mettre en place un contexte qui favorise l’innovation et non tenter de forcer pour arriver à quelque chose.
Peter Andrews, d’IBM, a de son côté souligné les dynamiques typiques des entreprises innovantes. L’innovation qui passe par un marché d’idées (à la Google), une vision d’avant-garde (à la manière d’Apple), l’innovation par la collaboration (le style Vodaphone) et l’approche plus typique d’IBM, l’innovation rigoureuse. Il y a, selon lui, plusieurs facteurs critiques du succès et plusieurs manières d’innover qu’il n’est d’ailleurs pas interdit de mélanger.
En fait, il faudrait plutôt présenter M. Andrews comme étant vice-président d’ibm (en minuscules), comme il l’a souligné pour insister sur l’humilité qu’il faut avoir dans les organisations afin d’apprendre de ses erreurs et ne pas avoir un réflexe d’arrogance.
L’innovation, comme outil de sortie de crise, risque de chambarder les organisations, qui devront se concentrer sur des projets qui doivent nécessairement contribuer à la profitabilité, soit en générant des revenus, soit en réalisant des économies. Une chose est certaine, il faut penser comme un innovateur et se rappeler que la nécessité est la mère de l’invention. Êtes-vous prêt pour un kaizen?
Patrice-Guy Martin est rédacteur en chef du magazine Direction informatique.
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