L’exploitant de la bannière de commerces de détail InterTan obtient la protection des tribunaux contre ses créanciers. La situation fait écho à une requête similaire de l’entreprise mère Circuit City aux États-Unis.
Le secteur québécois du commerce de détail en informatique s’apprête à vivre d’autres moments tumultueux, alors que l’entreprise InterTan Canada, qui exploite la chaîne nationale La Source par Circuit City, a demandé et obtenu de la Cour supérieure de l’Ontario une protection en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
InterTan, pour l’instant, affirme que ses magasins resteront ouverts, qu’elle versera les salaires et fournira des avantages sociaux aux employés et qu’elle honorera les cartes-cadeaux, les garanties, les échanges et les retours de produits.
Le tribunal a désigné la firme de services professionnels Alvarez & Marsal pour « surveiller le cas ». Cette firme, qui dit être spécialisée en « maximisation de la valeur des parties prenantes » qui détiennent des intérêts dans une organisation, conseillera InterTan dans un processus de restructuration des activités de l’entreprise.
InterTan Canada, qui a été fondée en 1970 à titre de filiale de l’entreprise américaine RadioShack, dit exploiter 772 magasins et points de vente à son compte ou par l’octroi de licence sous les bannières The Source by Circuit City au Canada, sauf au Québec où l’entreprise utilise la version francisée La Source par Circuit City. Sur son site Web où elle affiche les postes à combler, l’entreprise dit compter 3 000 employés au Canada.
Selon nos collègues de la publication Computer Dealer News, le président d’InterTan Ron Cuthbertson, lors d’une conférence téléphonique, a exprimé ses regrets que l’entreprise ait dû en arriver à exercer une demande de protection auprès des tribunaux. Il a dit vouloir travailler avec les fournisseurs, les employés et les créanciers pour tenir une saison de vente du temps des Fêtes.
« Notre équipe de gestion est déterminée à travailler avec nos employés, détaillants, partenaires de coentreprise, fournisseurs, locateurs et autres parties prenantes pour émerger de cette [demande de protection des tribunaux] », a indiqué M. Cuthberson. InterTan, qui rapporte des revenus annuels de 650 millions $, n’a pas divulgué le sort de ses cinq centres de services techniques ni de son centre de distribution.
Domino américain
InterTan Canada, dont le siège social est à Barrie en Ontario, explique sa situation par la formulation d’une requête similaire par l’entreprise américaine Circuit City, dont elle est la filiale, devant un tribunal de l’État de la Virginie. La requête de Circuit City, formulée en vertu du chapitre 11 des dispositions relatives à la faillite aux États-Unis, permet à la chaîne américaine de continuer son exploitation, mais a comme conséquence la fin des facilités de crédit d’InterTan.
Le vice-président du conseil d’administration et président-directeur général par intérim de Circuit City, Jim Marcum, a publié sur le site Web de l’entreprise une lettre pour rassurer les clients américains quant à la poursuite des activités de l’entreprise, notamment par l’exploitation de 566 magasins tout en continuer d’accepter les retours, les échanges et les certificats-cadeaux.
Circuit City avait annoncé, la semaine dernière, qu’elle fermait 155 magasins aux États-Unis et qu’elle licenciait 17 % de ses employés.
En 2007, comme le rapportait Computer Dealer News, l’entité américaine Circuit City avait fermé 62 magasins au Canada qui étaient jugés non rentables, soit 45 magasins de l’ex-bannière Radio Shack, 14 magasins Battery Plus et trois magasins de la bannière THS.
Temps difficiles
Les déboires de La Source par Circuit City marquent un autre chapitre de la tumultueuse histoire récente du commerce de détail en technologies de l’information.
En 2007, la chaîne de détaillants Compusmart, exploitée par l’entreprise québécoise Hartco, mettait fin à ses activités dans des commerces physiques pour ne conserver qu’un site de commerce en ligne.
En 2005, la bannière Radio Shack, qui était présente au pays depuis 1970, avait disparu du décor lorsque InterTan Canada, une entité indépendante depuis 1986 qui avait été achetée en 2004 par l’entreprise américaine Circuit City, a été forcée par les tribunaux à cesser d’utiliser ce nom, à la suite d’une requête formulée par l’entreprise américaine RadioShack.
En septembre 2005, RadioShack avait entamé un retour en sol canadien en ouvrant neuf établissements détenus en interne et seize établissements en franchise, avec l’intention d’en ouvrir jusqu’à trente magasins avant la fin de l’année. Or, en 2007, RadioShack a fermé ses magasins corporatifs.
La consultation d’un annuaire en ligne laisse présager que la bannière RadioShack serait encore présente dans les provinces des Prairies et de l’Ouest, probablement sous la forme de franchises. Au moment de publier cette nouvelle en ligne, le siège social de RadioShack aux États-Unis n’avait pas rappelé Direction informatique.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.