Beaucoup d’analystes estiment que le concept de logiciel-service connaîtra une très forte progression au cours des prochaines années. En cette période de forte turbulence économique, le modèle pourrait même s’imposer davantage que prévu.
Plutôt que de se procurer des applications emballées dans des boîtes, de les installer sur leurs systèmes et de payer du personnel pour en faire la maintenance, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à utiliser des logiciels hébergés, auxquels on accède via le Web. Parfois appelé logiciel-service, d’autre fois applications à la demande ou encore SaaS (abréviation de software as a service), ce concept est promis à un bel avenir.
En 2007, Gartner estimait que le logiciel-service allait connaître un taux de croissance annuel composé de 22 % jusqu’en 2011, année où les revenus mondiaux atteindront 11,5 milliards de dollars. L’an dernier, déjà, les fournisseurs indépendants de logiciels avaient embrassé le modèle SaaS dans une proportion de 15 % à 20 %, soit en menant des projets de développement, soit par l’entremise de fusions-acquisitions, selon les recherches de la firme Saugatuck Technology.
D’après les observateurs, le logiciel-service se situe dans l’orbite du Web 2.0, de l’architecture SOA et de la communication Internet galopante. Les facteurs jouant en sa faveur sont multiples. Mentionnons la prolifération de la virtualisation et la multiplication dans le marché des interfaces de programmation Web, qui facilitent le développement d’applications aux fournisseurs indépendants de logiciels. Il y a aussi la popularité grandissante de la mobilité, à laquelle la formule usuelle des systèmes d’entreprise hautement protégés ne peut toujours répondre adéquatement.
Toutefois, les véritables avantages du logiciel-service sont économiques. Le modèle à faible risque que constitue l’utilisation à la demande, qui n’exige pas de dépenses en immobilisations et permet de mettre en œuvre rapidement et à peu de frais de nouvelles applications, séduit les entreprises, grandes ou petites. Les spécialistes de la finance aiment le côté prévisible du concept, en ce qu’il favorise des éléments comme les liquidités, les prévisions et la planification des affaires.
Bien sûr le logiciel-service n’est pas à l’abri des difficultés économiques, mais à l’heure où la planète bascule dans une crise financière et, qui sait, une récession durable, ces atouts paraissent d’autant plus pertinents.
Faire son choix
Il existe tout de même des facteurs ralentissant et limitant l’expansion du modèle. En commençant par la crainte de certaines entreprises de perdre le contrôle de leurs systèmes. À cet effet, le magazine CIO, dans un article de Meridith Levinson paru l’an dernier, recommande aux entreprises de s’assurer d’avoir accès à leurs données en cas de cessation des activités de leur fournisseur. Pareillement, l’auteur juge qu’il est sage d’obtenir des garanties relativement à la possibilité qu’un vérificateur externe puisse examiner les processus de l’entreprise et leur conformité aux lois et règlements.
En matière de sécurité, il est recommandé d’évaluer soigneusement les mesures mises en place par son éventuel fournisseur, même s’il ne s’agit plus d’un sujet d’inquiétude aussi grand qu’il y a quelques années. D’ailleurs, Meridith Levinson déconseille le logiciel-service aux entreprises traitant des données hautement confidentielles.
Selon elle, il existe quatre critères primordiaux permettant de faire un choix : le type de processus ou de fonctions que l’on souhaite utiliser à la demande, l’importance de la personnalisation voulue, le degré d’intégration requis et la maturité des applications. Règle générale, le modèle SaaS convient davantage aux fonctions non stratégiques, qui ne nécessitent pas une intégration étroite avec d’autres fonctions ou n’en sont pas largement dépendantes.
Ainsi, les applications les plus souvent utilisées à la demande sont la conférence Web, l’apprentissage en ligne et la gestion des relations avec la clientèle (CRM). Selon Gartner, le modèle SaaS accapare de 60 % à 70 % des revenus de ces marchés respectifs. Par contre, la gestion de contenu et la recherche n’atteignent que 1 % ou 2 % de leur marché. Entre les deux, on retrouve une vaste gamme de logiciels-services, dans le secteur du voyage, des ressources humaines et de la sécurité, par exemple.
Le succès du concept d’applications à la demande repose sur le caractère standard de l’offre. Plus les applications doivent être personnalisées ou intégrées, plus elles perdent de leur attrait, estime Meredith Levinson. Les organisations les plus enthousiastes ont installé de 25 à 50 applications épousant ce modèle. La vaste majorité des entreprises, toutefois, n’en ont pas plus de 5.
Selon toute apparence, ces chiffres seront révisés à la hausse au cours des années à venir.
À lire aussi cette semaine: La sécurité des applications Web, un enjeu de taille Perspectives : les applications Web Repères : les applications Web