Depuis une quinzaine d’années, la Ville de Québec effectue un virage numérique grâce à la diversification de son économie, à ses infrastructures de télécoms et à la mobilisation des acteurs du milieu qui oeuvrent en TIC. Carl Viel, de Québec International, souligne les atouts de la candidature de Québec au concours de «ville intelligente 2012» de l’Intelligent Community Forum.
La Ville de Québec, la deuxième plus ancienne ville du Canada, est reconnue depuis longtemps pour sa vocation gouvernementale. Or, depuis le début des années 2000, la diversification de son économie (notamment grâce aux secteurs des TIC et du jeu vidéo), le développement de ses infrastructures de télécommunications et le maillage de ses acteurs en innovation ont fait en sorte que le numérique occupe une place grandissante à tous les niveaux.
Carl Viel est le président-directeur général de Québec International, un organisme voué au développement économique et au rayonnement mondial de la région métropolitaine de Québec. Dans le cadre de ses activités de promotion, l’entité a soumis pour une deuxième année consécutive un dossier de candidature pour Québec et sa région au concours de la « ville intelligente de l’année » de l’Intelligent Community Forum (ICF). Cette compétition, qui en est à sa treizième édition, récompense la ville ou la région qui a la meilleure stratégie liée à l’économie dite « à large bande » (broadband economy en anglais).
En 2011, Québec a fait partie du palmarès Smart21 de l’ICF, qui identifie vingt-et-une candidatures parmi les centaines de dossiers qui sont acheminés aux organisateurs du concours. La candidature de Québec n’avait pas été retenue pour le palmarès Top Seven de l’année dernière, mais l’ICF avait demandé aux responsables du dossier de présenter un des projets en cours dans la Capitale-Nationale lors de l’assemblée annuelle de l’ICF.
« En participant à de tels concours, on veut démontrer que Québec, qui a eu longtemps à l’externe une connotation de ville orientée vers la fonction publique, a changé et s’est transformée. L’objectif est d’attirer des investissements, mais aussi les regards des talents qui pourraient considérer y déménager ou immigrer. Cela peut aussi susciter des partenariats commerciaux ou scientifiques pour nos entreprises et les aider à exporter leur savoir-faire », déclare M. Viel.
Savoir économique
M. Viel explique que trois principaux éléments caractérisent la candidature de Québec au concours de l’ICF. Le premier élément est la transformation de l’économie de la région Québec en économie du savoir au cours des dernières années, une transformation qu’il qualifie « d’exceptionnelle ».
Le président-directeur général de Québec International fait état de la création de 25 000 emplois en deux ans dans la région, du faible taux de chômage et de la plus force croissance du produit intérieur brut parmi les huit plus importantes régions métropolitaines du Canada au cours des cinq dernières années. M. Viel souligne la croissance de 25 %
en deux ans des emplois dans l’économie du savoir, dont fait partie le secteur des TIC.
« Des secteurs qui ont pris de l’ampleur, dont ceux de l’optique photonique et du jeu vidéo, performent très bien. Au cours de la dernière année, nous avons eu des projets comme l’avènement du premier centre d’innovation au Canada de l’entreprise Fujitsu. Aussi, nous avons la plus grande concentration de chercheurs par personne », souligne M. Viel.
Réseautique croissante
Le deuxième élément majeur de la candidature de Québec a trait aux infrastructures de télécommunications. M. Viel fait état de projets d’envergure qui sont en cours dans la région, comme la première implantation au Canada d’un réseau en fibre optique jusqu’au domicile par le fournisseur Bell Canada.
M. Viel souligne aussi le réseau Wi-Fi gratuit de l’organisme ZAP Québec, qui comporterait le plus grand nombre de bornes d’accès et constituerait le plus grand déploiement de réseau Wi-Fi gratuit pour un réseau public du genre au Canada.
« L’ensemble des plaines d’Abraham est couvert par ce réseau Wi-Fi et plus de 60 % du territoire de la ville est couvert pour l’instant », souligne M. Viel.
Innovation régionale
Le troisième élément majeur de la candidature de Québec pour le concours de la « ville intelligente 2012 » de l’ICF a trait à la capacité d’innovation de la communauté de la région de Québec.
M. Viel souligne que le Parc technologique, qui a été établi en 1988, a été le premier territoire du genre au Canada, mais il fait état surtout des nombreux maillages qui sont établis par les milieux des affaires et de la recherche.
« À la mi-mai, nous organisons la deuxième édition d’un événement nommé “Québec en mode solution” où des entreprises soumettent des problèmes à plus de 200 chercheurs de la communauté », indique-t-il à titre d’exemple.
Technologies citoyennes
À propos de la place occupée par le secteur des technologies de l’information et des communications à Québec et dans sa région, M. Viel évoque la présence d’importants fournisseurs et de firmes de services-conseils, dont certaines comme DMR (maintenant Fujitsu) ont été fondées dans la « Vieille Capitale ». Il reconnaît la présence des TIC au sein de l’économie, mais aussi dans la société en général.
« Dans notre candidature, il fallait démontrer comment les technologies sont mises au service des citoyens, indique M. Viel. Nous avons présenté des applications mobiles pour le transport en commun, des applications pour les touristes, etc. Ces projets aident à vivre dans une ville qui suit les nouvelles technologies et les innovations. Un article récent indiquait 70 % des gens dans la communauté ont un téléphone intelligent. »
Le dirigeant de Québec International ajoute que les projets d’implantation de conseils municipaux sans papier, de partage des données municipales par la Ville de Québec et de création d’applications au moyen de ces données et de création d’une carte virtuelle régionale ont été inclus dans la candidature de la région au concours de l’ICF.
La candidature traite aussi d’un projet d’optimisation du déneigement à l’aide des TIC (dont la localisation en temps réel) qui permet notamment de mieux gérer l’équipement et son entretien. M. Viel explique que ce projet se caractérise par l’envoi par messagerie SMS d’avis de déplacement des véhicules aux citoyens qui sont inscrits à un service d’alerte. Il souligne que ce service d’alerte est fourni par une jeune entreprise en démarrage, dont il s’agit du tout premier contrat.
M. Viel espère que Québec sera choisie par le comité de l’ICF à titre de « ville intelligente » 2012, mais il apprécie déjà la reconnaissance que la ville et sa région ont eue en étant sélectionnées parmi les sept finalistes du concours. « D’avoir mobilisé la communauté et de continuer à faire des projets intéressants, cela constitue en soi une réussite », considère M. Viel.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.