La mobilité est le mot à la mode présentement dans le secteur du paiement électronique. Cependant, selon les personnes à qui on s’adresse, le paiement mobile comporte plusieurs significations : du portefeuille numérique pour les consommateurs, aux applications d’acceptation de paiement pour les micromarchands en passant par les terminaux sans fil évolués pour les grands détaillants.
Une grande effervescence existe autour des solutions de paiement mobile destinées aux micromarchands, des solutions qui leur permettent d’utiliser un téléphone intelligent ou une tablette pour traiter les paiements par carte. Généralement, le marchand télécharge une application vers un appareil mobile, qui se transforme en terminal de paiement, puis paie des frais pour chaque transaction.
Ceci permet à de nouvelles catégories de marchands d’accepter les paiements par cartes, par exemple les travailleurs indépendants et les petites boutiques familiales. Il est alors compréhensible que l’intérêt concernant ces solutions de paiements soit élevé car, pour ces marchands, il devient alors facile et relativement peu coûteux d’accepter le paiement par carte.
En dépit de cette effervescence, ces solutions ne correspondent pas nécessairement aux besoins des plus grands détaillants qui souhaitent intégrer les paiements mobiles à leur système de point de vente.
En général, un grand détaillant possède plusieurs centaines de sites, et chaque site comporte plusieurs caisses enregistreuses qui font partie d’un système global de point de vente (PDV). Non seulement le détaillant doit-il traiter les paiements par l’entremise de ce système, mais l’information est aussi transmise aux systèmes administratifs, comme les applications de gestion de la relation client et les applications de gestion financière.
Les solutions simples pour le paiement par téléphone mobile offrent une fonctionnalité PDV de base qui n’est pas nécessairement appropriée pour les grands détaillants ou pour certains secteurs du commerce de détail. Ces solutions ne permettent pas l’intégration aux systèmes des marchands et pourraient obliger ceux-ci à modifier leur infrastructure TI en profondeur.
Une autre problématique est reliée à l’utilisation des cartes à puce. Plusieurs solutions de paiement mobile proviennent des É.-U. et font maintenant leur entrée au Canada. Cependant, aux É.-U., la majorité des détaillants acceptent uniquement les cartes avec bande magnétique requérant une signature, tandis qu’au Canada, la migration vers les cartes à puce nécessitant un NIP est presque terminée.
Résultat, la grande majorité des solutions destinées aux téléphones intelligents ou les tablettes ne supportent pas les cartes à puce, mais uniquement les cartes à bande magnétique, dont les transactions sont par définition moins sécuritaires que les transactions nécessitant un NIP. Un marchand qui déploie ce type de solutions doit comprendre qu’il court un risque plus grand et qu’il peut être tenu responsable des transactions frauduleuses qui pourraient en résulter.
De plus, au Canada, de même que dans tous les pays, le marchand doit respecter la norme PCI DSS et s’assurer que l’information provenant des cartes de crédit est sécurisée. Avec les applications de paiement par téléphonie mobile, tous les composants doivent satisfaire à ces exigences.
Un autre point à considérer est le coût total de propriété. Une solution de paiement mobile de base peut s’avérer une option abordable pour un micromarchand effectuant un nombre limité de transactions de paiement. Par contre, un grand détaillant doit considérer la façon dont le coût total de traitement des transactions se compare aux taux déjà négociés avec son acquéreur.
Solutions évoluées
Quels que soient les défis, les solutions mobiles offrent aux détaillants une flexibilité opérationnelle leur permettant de réduire les comptoirs de sortie fixes et de gagner de l’espace. La mobilité permet aux commis d’aider les clients et de compléter une vente n’importe où dans le magasin.
Cependant, si les marchands désirent une solution de paiement mobile qui supporte les cartes à puce, ils auront besoin d’une solution plus évoluée qu’une simple application sur un téléphone intelligent. Ce type de solution existe, mais elle est plus complexe et plus coûteuse.
Ceci inclut les périphériques, qui s’attachent physiquement à un téléphone intelligent ou à une tablette et peuvent comporter un lecteur de cartes à puce et un clavier NIP pour sécuriser les transactions. Cependant, ces appareils n’acceptent pas tous les cartes à puces, et ceux-ci ne sont pas supportés par tous les acquéreurs. Les marchands doivent donc s’informer avant d’investir dans cette solution. De plus, le risque existe d’acheter des périphériques conçus pour un modèle particulier de téléphone ou de tablette, qui pourraient ne pas être compatibles avec les futurs appareils mobiles.
Une autre option consiste à utiliser un terminal mobile Bluetooth qui comporte un lecteur de cartes et un clavier NIP. Cette technologie est déjà implantée dans les restaurants et permet aux serveurs de traiter les transactions de paiement par carte à puce – crédit ou débit – à la table du client tout en assurant la communication avec le système de point de vente.
Ce type de transaction peut aussi être effectué avec une tablette intégrée au système de point de vente du détaillant et à un clavier NIP mobile sans fil (qui peut être porté à la ceinture ou dans un étui.) Le clavier NIP n’a alors pas besoin d’être attaché physiquement à la tablette.
Le marchand doit cependant décider si les paiements effectués avec une tablette représentent une solution pertinente dans son environnement actuel. Si les serveurs d’un restaurant utilisent uniquement des tablettes pour traiter les transactions de paiement, un clavier NIP mobile peut constituer une solution plus économique que l’achat de tablettes (qui risquent aussi de durer moins longtemps).
Les nouvelles solutions de paiement mobile qui font leur entrée sur le marché canadien représentent de nouvelles options pour les consommateurs et les micromarchands. Par contre, ces solutions ne sont peut-être pas des plus adéquates pour les grands détaillants ayant des exigences plus complexes.
Pour ces grands détaillants, de nouvelles solutions sont présentement à l’essai et permettront de connecter des appareils mobiles à un système de point de vente existant pour leur offrir une solution entièrement intégrée… et le meilleur des deux mondes.
Nicolas Guay est directeur de pratique, solutions monétiques et Yves Desormeaux, est directeur de pratique, services transactionnels chez ACCEO Solutions; Mike Loftus est vice-président produits chez Tender Retail.