Abandon de la caméra numérique Flip et réorganisation de la division de produits grand public, résultats financiers inférieurs aux prévisions et lancement d’une vaste restructuration mondiale… Cisco est malmenée ces derniers mois, ce qui n’empêche pas Cisco Canada d’être en mode croissance et de recruter davantage de personnel en prévision du début de l’année fiscale 2012, le 1er août.
« Le Canada fait partie des trois ou quatre pays les plus rentables pour Cisco actuellement; notre croissance est phénoménale ici », soutient le vice-président, ventes et opérations, Est du Canada chez Cisco, Jean-Claude Ouellet, en entrevue dans les locaux de l’entreprise à Montréal.
Ce dernier précise que la croissance annuelle du chiffre d’affaires de Cisco Canada se situe dans la portion high single digit, ce qui signifie qu’elle est légèrement inférieure à 10 %.
Cisco, qui compte environ 1 200 employés au Canada, est notamment à la recherche de personnel du côté des produits pour les centres de données, la vidéo, la téléphonie IP et la collaboration.
Les analystes financiers estiment que la réorganisation mondiale, qui vise une réduction annuelle des dépenses de l’ordre de 1 milliard de dollars américains, se traduira par le départ d’environ 5 000 travailleurs. Jean-Claude Ouellet précise que les départs se feront sur une base volontaire par le biais d’un programme de départ à la retraite anticipée.
« Le contexte économique demeure bon au Canada. Il n’y a pas de taux de chômage élevé comme aux États-Unis. L’ouest du pays, notamment, se porte très bien avec les ressources naturelles. Au niveau des technologies, que ce soit au niveau des entreprises ou des fournisseurs de services de télécommunications et de câblodistribution, la demande pour la vidéo est tellement forte qu’elle force tout le monde à mettre ses réseaux à jour », explique-t-il.
Son collègue Luc Deschênes, vice-président partenaires et secteur commercial, Est du Canada, ajoute qu’il ressent un certain rattrapage au niveau des investissements en TI au Québec: « La province est à la traîne par rapport aux moyennes américaine et canadienne au niveau de la productivité. Notre objectif, c’est de démontrer aux clients que la technologie va les aider à améliorer leur productivité et leur compétitivité pour exporter leurs produits et leurs connaissances. Il y a là un gros potentiel de croissance pour Cisco », dit-il.
Un rapport de l’Association canadienne des technologies de l’information (ACTI) effectué par le Centre d’étude des niveaux de vie (CSLS) et qui a été publié en novembre dernier soutient que l’écart des investissements en TIC par travailleur s’est creusé entre les États-Unis et le Canada en 2009 par rapport à l’année précédente. Ainsi, pour chaque dollar par travailleur investi en TIC aux États-Unis en 2009, le Canada s’est contenté de 59,5 cents. Cette différence de 40,5 cents est supérieure à celle de 37,2 cents constatée un an plus tôt.
L’étude de l’ITAC et du CSLS ne donne toutefois pas de chiffres par province et il n’est donc pas possible d’y vérifier la performance du Québec.
Les priorités de l’entreprise
M. Ouellet raconte que le plan de croissance de Cisco est axé sur cinq priorités:
M. Ouellet soutient que l’informatique en nuage connaît une croissance exponentielle en ce moment: « Il y a deux ans, Cisco ne vendait pas de serveurs. De se classer au 3e rang mondial au 1er trimestre est donc une performance dont nous sommes très satisfaits. L’objectif de Cisco est de se classer au premier ou au deuxième rang mondial dans tous ses domaines d’activité. Nous visons donc le 2e rang d’ici un an », dit-il.
Le cabinet américain d’études IDC, dans un communiqué publié le 24 mai, a accordé une part de marché mondiale de 9,4 % à Cisco, derrière Hewlett-Packard (50 %) et IBM (20,2 %), mais devant Dell (8,4 %).
Pour continuer sa croissance au niveau de l’informatique en nuage, Cisco entend s’associer à des fournisseurs de services tels que Bell ou créer des nuages privés qui répondront aux besoins d’autres clients.
La vidéo est au cœur du plan de croissance de Cisco, car la popularité grandissante de la haute définition est très gourmande en bande passante. Il faut donc de puissants réseaux pour satisfaire tous les amateurs de vidéo en ligne et de plus en plus de serveurs pour entreposer tous ces fichiers.
L’apport de la vidéo aura également un impact sur l’informatique en nuage, qui est appelée à croître de façon exponentielle au cours des prochaines années. « Dans nos centres infonuagiques, nous diminuons le câblage de 90 %, les besoins en électricité de 30 à 50 % et l’espace occupé de 30 à 50 % », affirme Jean-Claude Ouellet.
Le coût des équipements est donc un enjeu, mais il faut, à son avis, tenir compte d’autres facteurs tout aussi importants au moment d’investir dans de nouvelles technologies.
À consulter également:
L’entrevue vidéo de Direction informatique avec Jean-Claude Ouellet et Jacques Lapointe, de Cisco Canada Flip: autopsie d’une transaction