Chris Hugues, l’un des cofondateurs de Facebook, a affirmé que les entreprises devaient établir des stratégies différentes pour chaque média social, mais surtout intégrer le tout aux moeurs organisationnelles. Il a partagé sa vision de l’économie du secteur des TIC et de la progression des technologies à court terme.
Lors d’une conférence présentée par la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, Chris Hugues, l’un des cofondateurs de Facebook, a indiqué que la question que les organisations lui posaient le plus souvent était : Quelle est la recette magique pour établir la présence sociale de mon entreprise? À son avis, la réponse n’a rien de sorcier.
« Les chefs de la direction ne se demandent pas comment on doit utiliser le téléphone ou le courriel. D’ailleurs, on a recours à chacun de diverses façons. Les médias sociaux ne sont pas différents : il faut comprendre les objectifs d’affaires à atteindre, puis établir un plan d’utilisation [de ces outils] pour chaque département dans l’entreprise », a-t-il indiqué.
En soulignant que Facebook et Twitter avaient des fonctions
Chris Hugues, l’un des cofondateurs de Facebook (Photo : Facebook)
et des auditoires finaux différents, M. Hugues a déclaré que les entreprises devaient avoir des plans d’affaires différents pour ces deux réseaux sociaux. Surtout, les organisations doivent intégrer les médias sociaux directement dans leurs stratégies d’affaires. « Il faut embaucher des gens qui seront dédiés aux médias sociaux et les intégrer à l’entreprise – ils ne peuvent rester dans un coin! Les médias sociaux doivent faire partie de la culture de l’organisation. »
M. Hugues a donné les exemples du torréfacteur et exploitant de cafés Starbucks, qui a établi des stratégies distinctes d’utilisation de Facebook et de Twitter dans le cadre d’une promotion automnale, et de l’émetteur de cartes de crédit American Express qui a eu recours de plusieurs façons à Facebook pour promouvoir une initiative nommée « le samedi des PME ». Ces deux entreprises auraient obtenu une croissance remarquée des revenus pour leurs campagnes grâce aux réseaux sociaux.
« Il n’y a pas de “bonne façon” d’utiliser les médias sociaux », a dit M. Hugues, en soulignant la diversité des utilisations des médias sociaux qui s’offrent aux entreprises.
Boom (et non bulle) du secteur des TIC
En constatant que le secteur des TIC est en plein essor, alors qu’on y investit davantage d’argent et que des centaines d’entreprises sont créées, M. Hugues a affirmé qu’il s’agissait d’un « boum » et non d’une « bulle ».
« La valeur des entreprises dans le marché est élevée. Elles font de l’argent et elles font des profits. Nous sommes peut-être au sommet d’un cycle, mais la situation est différente qu’il y a dix ans, lorsqu’il y a eu un éclatement de bulle », a-t-il affirmé.
M. Hugues a donné les exemples de l’éditeur de jeux sociaux Zynga, dont les revenus dépasseraient le milliard de dollars, de l’éditeur de billets de blogues rapides Tumblr qui connaît une croissance rapide, et du service d’application de filtre et de partage des photos Instagram, qui compte dix millions d’utilisateurs. Il a aussi évoqué le diffuseur de musique en continu Spotify, avec lequel Facebook a établi un partenariat qui permet aux utilisateurs du service de discuter avec leurs amis des chansons qu’ils écoutent. Ces produits et services ont en commun le recours à un réseau social comme couche de base.
« Ces applications permettent de faire des choses que des personnes font depuis longtemps, mais les médias sociaux apportent un nouveau paradigme de partage et d’interaction », a souligné. M. Hugues.
Avenir de croissance… et de contrôle
À propos des tendances technologiques qui pourraient survenir au cours des trois à cinq prochaines années, M. Hugues a indiqué que la mobilité augmentera en importance, avec l’explosion du recours aux téléphones évolués dans les marchés industrialisés et en émergence et avec l’essor des communications en champ proche.
« À l’aide d’un appareil mobile, on pourra magasiner en ligne, utiliser la fonction GPS pour se rendre au magasin le plus proche, recevoir une alerte contenant un coupon d’une durée limitée de la part d’un concurrent lorsqu’on approchera de la boutique, et régler un achat d’un mouvement de téléphone », a-t-il décrit.
M. Hugues a indiqué que la capacité accrue du stockage de données et du traitement des processeurs informatiques permettra aux individus de posséder une copie numérique de tous leurs contenus, et que les entreprises tireront davantage profit de l’analytique à l’endroit de ce contenu numérique.
Sans surprise, M. Hugues a prédit une poursuite de la croissance des réseaux en ligne, puisque les humains sont des êtres sociaux par définition. À son avis, la question ne sera pas de savoir si on se trouve dans Facebook, mais comment on l’utilise.
« Il faut se demander si on utilise la technologie de façon intelligente et responsable. Il s’agit de valeurs fondamentales. Parfois la vitesse ou la facilité sont appropriées, parfois non. Les mots “connecter”, “partager”, “plus facile”, “plus rapide” représentent des idées qui peuvent faire peur à des personnes, qu’elles soient jeunes ou âgées », a-t-il indiqué.
« Je veux rencontrer des gens en personne pas seulement en ligne. Je veux passer des journées où je serai peu de temps devant un écran. Je ne veux pas que tous sachent où je me me trouve en tout temps. Je veux rester en contrôle », a-t-il ajouté.
Ces derniers propos ont été partagés alors que Facebook a récemment ajouté des fonctions qui donnent aux utilisateurs un contrôle accru du partage de leur contenu dans le réseau social. Aussi, ces propos ont fait penser aux enjeux que Facebook a dû affronter lorsque le Commissariat à la vie privée du Canada a demandé la révision de certaines pratiques qui avaient trait à la confidentialité au cours des dernières années.
M. Hugues, durant son allocution, a aussi souligné l’importance de l’apport de ses amis cofondateurs et de piliers de la première heure dans l’obtention du succès que connaît présentement le réseau Facebook. (Lire : La diversité, le secret de la réussite de Facebook)
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.