En marge d’une conférence sur l’innovation dans les centres de données, Michel Chartier de Kelvin Emtech fait le point sur les défis et les nouveautés dans le domaine.
M. Emtech, qui est l’instigateur d’une conférence nommée Salon de l’innovation dans les centres de données qui aura lieu prochainement à Montréal, indique que les enjeux liés à la sécurité sont les mêmes qui suscitent l’attention des exploitants d’infrastructures d’hébergement de serveurs au sein des organisations ou sous la forme de service externe.
Le président de Kelvin Emtech, une firme spécialisée en planification des infrastructures de centres de données, mentionne que les soucis d’attaques, d’intrusions, de vandalisme et d’entrave à la confidentialité de l’information constituent encore des sources d’inquiétude. Cette inquiétude est telle que des clients de sa firme, qui occupent des édifices anonymes, refusent même de faire visiter leurs installations à titre de modèles.
« Les exploitants de centres de données réalisent qu’il faut accorder plus d’attention à la sécurité de l’alimentation et de la climatisation, note toutefois M. Chartier. Un nombre croissant de leurs clients exigent des environnements de niveau 3 (Tier-3), tel que défini par l’organisme Uptime Institute, qui permettent de l’entretien concurrent en tout temps. »
D’autre part, M. Chartier fait état d’un « réveil » des responsables des technologies de l’information au sein des organisations quant à l’importance d’établir une relève en externe. Cette relève peut être destinée aux centres de données qui situées dans les murs d’une organisation, mais aussi pour des serveurs qui sont déjà situés chez un hébergeur en externe. « Les organisations sont de plus en plus dépendantes des technologies de l’information. Or, une panne de deux heures peut avoir des impacts dont la valeur peut atteindre 25 millions de dollars, indique-t-il. D’où l’importance de recourir à des centres de données qui sont interconnectés, mais qui sont situés aussi dans des zones climatiques et séismiques différentes. »
M. Chartier précise que la relève des centres de données intéresse davantage les grandes organisations, qui sont prêtes à payer une prime à cet effet, que les plus petites organisations qui n’ont qu’un ou deux cabinets de serveurs chez un fournisseur de services de colocation.
Innovations rafraîchissantes
Au niveau technologique, le domaine des infrastructures de centres de données fait l’objet d’améliorations et d’évolutions qui peuvent avoir des impacts considérables sur l’exploitation des installations.
En matière d’innovation, M. Chartier souligne que le recours dans les systèmes de refroidissement à un fluide qui est utilisé habituellement dans les systèmes d’extinction des incendies s’avère moins nocif pour l’environnement et offre un meilleur échange thermique que les liquides actuels.
« Ce liquide nécessite des pompes au lieu des compresseurs pour être acheminé aux condenseurs sur le toit des centres de données, ce qui réduit les besoins en consommation électrique et en climatisation. Également, il supporte des températures entre moins 30 degrés et 70 degrés Celsius, ce qui est pratique pour nos environnements où la température extérieure peut atteindre jusqu’à 32 degrés Celsius en été », explique M. Chartier.
Une autre innovation qui peut intéresser les exploitants de centres de données consiste en le recours à la modélisation en trois dimensions et à la simulation avant d’effectuer des ajouts ou d’apporter des modifications à une infrastructure. Toutefois, les coûts élevés d’un tel système pourraient en repousser l’adoption étendue dans cinq à six ans.
Selon M. Chartier, l’utilisation de la moyenne tension pour les unités d’alimentation sans coupure, qui permet d’utiliser des fils de cuivre moins gros et des transformateurs moins énergivores, attire aussi l’attention des exploitants de centres de données.