La rentrée des écoliers et des étudiants est maintenant complétée. Pour plusieurs, l’apprentissage se fera à l’aide d’un ordinateur portatif au lieu des cahiers et des crayons. Mais le bloc-notes nécessite de l’attention et de la discipline pour assurer son utilisation à bon escient.
Depuis quelques années, des centaines d’étudiants utilisent un ordinateur portatif à l’école. Certains le font par obligation, dans le cadre d’un programme académique misant sur les contenus et les communications numériques, alors que d’autres le font par choix pour bénéficier des avantages offerts par l’informatique portative.
Dans certaines écoles primaires, des écoliers utilisent un tel ordinateur, seuls ou en tandems, pour l’apprentissage de matières, notamment pour réaliser des exercices en ligne, pour effectuer des recherches ou pour rédiger leurs travaux. Certaines institutions fournissent les appareils, alors que d’autres misent sur un programme d’achat à tarif préférentiel par les étudiants ou leurs parents.
Les bénéfices offerts sont nombreux : le transport des livres, des cahiers, des crayons et des calculatrices dans le sac d’école est réduit, au profit des contenus et des logiciels électroniques; les feuilles d’exercices et d’examen sont remplacées par des documents numériques; le visionnement de contenus multimédias se fait en un tour de main; les communications entre les élèves et avec le professeur sont facilitées, grâce au courriel et aux forums de discussion; le recours au laboratoire informatique ou aux ordinateurs au fond de la classe n’est plus nécessaire. De plus, les étudiants se familiarisent dès leur jeune âge à utiliser des outils technologiques qu’ils manipuleront au quotidien une fois qu’ils seront sur le marché du travail.
Attention et précaution
Toutefois, le potentiel offert par l’ordinateur portatif aux fonctionnalités multiples peut soumettre les écoliers et les étudiants à des tentations autres que celle d’écouter le professeur donner son cours magistral.
Si le baladeur, le téléavertisseur, la console de jeu portative et le téléphone mobile ont été bannis des classes parce qu’ils constituent des sources de distraction pour leur propriétaire et pour ses voisins de bureau, l’ordinateur portatif, lui, offre toutes ces fonctions à une portée de quelques touches ou clics de souris.
De plus, la présence d’accès à l’Internet, avec ou sans fil, peut inciter les étudiants à naviguer dans le cyberespace, pour lire des contenus de sites ou utiliser une myriade d’applications d’interaction ou de divertissement, au lieu d’écouter les règles de grammaire ou les dates charnières de l’Histoire (ce qui ne leur ferait pas tort, d’ailleurs, d’écouter attentivement.)
Également, la manipulation d’un ordinateur portatif nécessite une précaution plus grande que celle qu’on attribue à des manuels scolaires. Il suffit d’échapper son ordinateur, d’y renverser son berlingot de lait ou de l’oublier à un endroit pour que l’outil technologique, qui vaut plusieurs centaines de dollars, nécessite des dépenses de réparation ou de remplacement aux parents ou à l’établissement scolaire. Il est fini, le temps où on lançait son sac dans la cour d’école!
Également, le téléchargement de logiciels ou de contenus illégaux ou infectés de virus peut causer bien des problèmes. Enfin, l’infection ou le vol d’un ordinateur portatif dont les documents n’ont pas fait l’objet d’une copie de sauvegarde peut se traduire par bien des désagréments pour un élève qui doit alors recommencer ses travaux.
Évidemment, des mesures sont mises en place pour encadrer ou restreindre l’utilisation des ordinateurs portatifs à d’autres fins que celles de l’apprentissage en classe. Les professeurs peuvent contrôler à distance les sessions d’utilisation des élèves en classe, alors que les gestionnaires de l’informatique peuvent limiter l’installation de logiciels sur les ordinateurs confiés aux étudiants.
Mais l’encadrement lié à l’utilisation de l’ordinateur diminue lorsque l’étudiant passe du primaire au secondaire, du secondaire au cégep et du cégep à l’université. Il n’en tient alors qu’à lui (et à ses parents) à s’assurer qu’il fait preuve de la discipline requise. Sinon, les mauvais plis pris à l’école pourront se maintenir en milieu de travail.
Privilège
Le recours à l’ordinateur portatif en classe constitue un grand privilège, car des milliers d’enfants, ou plutôt leurs parents ou leurs commissions scolaires, n’ont pas l’argent nécessaire pour en avoir un. Heureusement, des projets comme One Laptop Per Child visent à produire de petits ordinateurs à prix abordable, afin de réduire le fossé numérique qui sépare les enfants riches des enfants pauvres.
Entre-temps, il faudra peut-être rappeler souvent aux étudiants qui emploient un bloc-notes à l’école qu’ils sont chanceux d’en avoir un, et par la même occasion, leur inculquer la valeur du temps et de l’argent.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.