BLOGUE – Les voitures autonomes et autres appareils de mobilité intelligente, qui ont déjà semblé être des idées farfelues, suscitent de plus en plus d’attention dans le paysage technologique.
Dans un contexte où l’on s’attend à ce que se poursuivent les tendances lourdes telles que l’accroissement de la population, le vieillissement de la société, la mondialisation et l’urbanisation, il est essentiel d’accélérer le déploiement de nouvelles solutions en matière de mobilité. D’ici 2025, les entreprises qui offrent des technologies de mobilité intelligente seront confrontées au changement et à l’incertitude liés à la connectivité, à l’automatisation, aux services et à l’électrification. Collectivement, ces forces, qu’on appelle « CASE », pousseront l’industrie automobile tout entière, ainsi que bon nombre d’entreprises dont les activités sont axées sur la mobilité intelligente, à se redéfinir au cours des prochaines années. Les effets et l’influence des changements dans le marché de la mobilité se feront sentir dans les industries connexes, comme les transports en commun, les finances et l’assurance, ainsi qu’à tous les paliers de gouvernement.
Comme il en sera question à l’occasion du Gartner IT Symposium/Xpo qui se tiendra bientôt à Toronto, la réglementation exercera une incidence sur les modalités d’adoption de la technologie. De plus, la perception du public à l’égard des avancées en matière de mobilité intelligente jouera un rôle de premier plan dans cette adoption et influencera les responsables de la réglementation, qui seront plus enclins à permettre le déploiement de la conduite autonome et des services de mobilité si le public les réclame.
Scénarios d’avenir de la mobilité intelligente
Quatre scénarios éventuels pourraient avoir une incidence sur les organisations d’ici 2025. Ceux-ci devraient être envisagés par les dirigeants principaux de l’information (DPI) et par les dirigeants du domaine de la mobilité intelligente, ainsi que servir de base à leur réflexion.
1. Le domaine de la mobilité intelligente finit par connaître un ralentissement marqué. Dans un avenir prévisible, les difficultés techniques, l’hésitation des consommateurs, la diminution du financement et, surtout, l’absence d’une réglementation cohérente plomberont l’industrie de la mobilité intelligente avant même l’acceptation de sa technologie. Les DPI devront d’abord évaluer et surveiller les délais nécessaires pour relever ces défis, ce qui donnera lieu à l’un des autres scénarios.
2. Les longs retards de réglementation et l’adoption lente par les consommateurs entraînent un changement modeste. S’il n’y avait aucune avancée réglementaire d’ici 2025, ce scénario favoriserait les joueurs locaux de chaque marché. Plusieurs pays ont adopté des mesures réglementaires permettant l’exploitation de services de mobilité autonome. Mais la réglementation qui diffère dans chaque marché a généré des solutions localisées limitant les possibilités de mise à l’échelle des analyses de rentabilité.
3. Les premiers cas de réussite ont donné lieu à un cercle vicieux et à l’utilisation étendue de services de mobilité autonome de niveau 4. La conduite autonome de niveau 4 correspond aux véhicules qui sont en mesure de fonctionner sans interaction humaine dans un large éventail de conditions et de lieux, et qui seront probablement utilisés dans des zones délimitées virtuellement. Des véhicules ayant ce niveau d’autonomie de conduite entreront probablement dans le marché sur un horizon de dix ans. Si cela s’assortit d’un fonctionnement sécuritaire et d’expériences clients bien conçues, la mobilité autonome de niveau 4 risque de donner lieu à la situation la plus perturbatrice en matière de mobilité des technologies de l’information (TI) du fait que les plus grandes entreprises de TI pourront s’approprier une portion substantielle des parts de marché.
4. Le secteur des transports et de la livraison sera le moteur de la mobilité jusqu’en 2025. Dans ce scénario, la combinaison des services de transport de produits commerciaux fins et de l’automatisation de pans de la chaîne de livraison pourrait entraîner une réduction des coûts et une utilisation accrue. L’investissement dans les véhicules de passagers est de plus en plus dirigé vers le secteur logistique.
Les quatre forces motrices de la mobilité intelligente en 2025
La technologie est la principale sphère d’influence des DPI, mais la force motrice qui influence l’avenir de la mobilité sera aussi fonction, dans une large mesure, de l’interaction entre les éléments suivants :
● La réglementation
● L’acceptation de la société et des consommateurs
● Les structures économiques
● Les structures organisationnelles
Ces forces différeront vraisemblablement d’un pays et d’une ville à l’autre, mais ces éléments seront les principales forces qui mèneront l’industrie vers l’un des quatre scénarios exposés.
Par exemple, la grande résistance de la société à l’égard des véhicules autonomes pourrait retarder ou contrecarrer l’adoption de mesures législatives essentielles à leur arrivée sur les routes. Pourtant, si le cadre législatif est approuvé, on peut présumer qu’un plus grand nombre de personnes verront les avantages des services de mobilité autonome et changeront alors d’opinion, ce qui permettra aux véhicules autonomes de devenir de plus en plus monnaie courante.
Les DPI doivent tenir compte de la mobilité dans la planification de leur feuille de route numérique
Les DPI doivent concevoir pour leur organisation une vision technologique qui comprenne l’exercice d’une influence auprès des clients. Ils doivent aussi stimuler l’innovation en adhérant à la tendance de l’industrie vers l’accélération de la numérisation. Pour ce faire, ils peuvent harmoniser leur stratégie en matière de TI avec l’un des quatre scénarios. Cela signifie également de redéfinir cette stratégie en examinant les inducteurs de scénario les plus pertinents, c’est-à-dire les modifications de la réglementation, l’expérience client, les structures économiques, etc.
L’adoption de la mobilité intelligente peut prendre divers chemins. Les DPI doivent être prêts à affronter la transformation décisive que pourrait subir le domaine aux fins de l’accélération de la numérisation.
L’auteur Carsten Isert est directeur principal, analyste au sein du groupe de recherche de Gartner sur les DPI. Il se penche sur la mobilité intelligente et sur l’évolution de l’industrie automobile, notamment sur la montée de l’autonomie des véhicules, des véhicules connectés et des technologies futures. Il soutient les DPI et les dirigeants technologiques dans l’exploration des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies et des impacts qu’elles exercent sur la mobilité.
Lire aussi :
Perturber les perturbateurs de marché grâce à la production participative
Les nouvelles tendances technologiques à surveiller en 2019
Des villes plus intelligentes grâce à l’intelligence artificielle