A l’ère des technologies disruptives et de l’Internet des objets, l’informatique est désormais à l’entreprise ce que le système de guidage est à la voiture. Tenter de gouverner son entreprise sans intégrer au conseil d’administration les systèmes d’information est désormais une faute de gouvernance et la marque d’une désynchronisation profonde avec le marché.
Tous les secteurs sans exception – mais dans des degrés plus ou moins grands – sont touchés par cette révolution 3.0 du Web, par la consumérisation, la désintermédiarisation et la mondialisation, parce que les habitudes changent et les attentes aussi, parce que les produits phares d’hier (le papier, le portefeuille, l’appareil photo, etc.) ne seront pas ceux de demain. Les changements seront aussi profonds que ceux apportés par Thomas Edison avec l’ampoule électrique, Gutenberg avec l’imprimerie ou Graham Bell et le téléphone. Et ça ne fait que commencer.
Ainsi, la gouvernance des systèmes d’information doit s’asseoir au conseil d’administration et faire pleinement partie de la gouvernance d’entreprise et ce, pour six raisons :
1. Diminuer les risques liés aux technologies
Comme on l’a vu récemment avec le bogue HeartBleed, les cyber-attaques se font de plus en plus fréquentes. Elles touchent même les petites et moyennes entreprises.
Protéger le patrimoine informationnel de l’entreprise et les données de ses clients doit être la priorité majeure des organisations qui possèdent des informations nominatives, comme des numéros d’assurance sociale, des numéros de cartes de crédit, des données médicales ou plus simplement du secret industriel. La gouvernance des systèmes d’information doit aussi traiter des risques réglementaires et contractuels et de la relation avec les auditeurs TI. Les cadres de gestion des risques, des audits et de la gouvernance des données doivent être revus et adaptés.
2. Générer de nouveaux canaux de croissance
Accélératrice technologique, l’informatique innovante doit permettre de développer de nouveaux services et produits plus intelligents qui reposent sur du meilleur contenu, qui sont mieux ciblés, et qui ont recours à des infrastructures plus souples et moins chères. L’informatique doit être simplifiée et restructurée et contribuer directement à la création de valeur d’affaires. Et – est-il utile de le rappeler ? – ne parlons plus de TI axées sur les moyens, mais de systèmes d’information axés sur le contenu.
3. Accompagner l’entreprise dans sa transformation numérique
Afin de répondre à l’objectif précédent, l’entreprise, notamment sa structure, ses rôles, ses processus, son infrastructure et certains de ses métiers doivent fondamentalement évoluer. Les systèmes d’information font partie intégrante de cette transformation. Le CIO (Chief information officer en anglais ou responsable des technologies de l’information ) devient responsable de l’innnovation (Chief Innovation Officer) et doit travailler de pair avec le responsable du numérique (Chief Digital Officer) et le responsable du marketing (Chief Marketing Officer) pour définir l’identité numérique de l’entrerprise, ses nouveaux canaux de distribution et ses nouveaux modes de consommation.
4. Gérer la réputation numérique
L’identité de l’entreprise sur les réseaux sociaux devient incontournable. En particulier pour les entreprises qui désirent toucher la génération Y, se donner une responsabilité sociale et montrer sa contribution active à la société (et si possible au service public) devient un caractère distinctif. Travailler sa marque et attirer les talents demandent l’assouplissement de son image avec un engagement écoresponsable, avec un respect de l’individu et de la planète, et ce comme jamais nous ne l’avions connu.
Que ce soit par l’intelligence collective ou le financement participatif, le pouvoir de la masse est incontestable. En un seul clic, la foule peut encenser un produit comme elle peut le détruire. Les systèmes d’information, de communication et de marketing, mais aussi la charte des employés de l’organisation doivent être adaptés en ce sens.
5. Gérer la relève informatique et la continuité des activités
Les systèmes d’information faisant maintenant partie du cœur de l’entreprise, on ne saurait rappeler à quel point disposer d’un plan de continuité des activités et de relève informatique est primordial pour la pérennité de l’organisation. À ce titre, les offres en infonuagique donnent une certaine souplesse et des garanties de reprise, pourvu que les besoins et les menaces aient correctement été évalués.
6. Optimiser les coûts liés à l’informatique
Les coûts associés aux systèmes d’information sont pour certains un gouffre sans fin, pour d’autres la raison principale qui font du CIO le « mal-aimé » du comité de direction.
Quelqu’en soit la raison, afin d’optimiser les investissements et aligner adéquatement les systèmes d’information sur le plan d’affaires, il est inévitable de faire siéger au conseil d’administration un cadre indépendant qui a une bonne vision d’ensemble de la dimension des systèmes d’informaion de l’entreprise. L’informatique doit être revue quant à son modèle de gouvernance complet, de sa structure de coûts à son architecture, de la gouvernance des données aux rôles et responsabilités, sans oublier son cadre de gestion des risques.
Votre entreprise est-elle prête à faire siéger un représentant des TI au conseil d’administration?