Depuis quatre ans que je me pose la question « qu’est-ce qui pousse certaines de nos entreprises québécoises à ne pas vouloir embarquer dans l’écosystème digital? », que eCom Montréal (www.eCom-Montreal.com) existe en tant que plateforme dédiée au eBusiness pour justement tenter de répondre à cette question, que je recense des dizaines de réponses formulées au cours de mes discussions et rencontres, toutes plus pertinentes les unes que les autres.
Et l’une d’entre elles, à laquelle je n’avais pas pensé, me vient d’une suite de commentaires faits par Scheherazade Assefsaf, et Denis Bélanger, en lien avec l’article intitulé « Achats en ligne: les détaillants canadiens doivent agir » : nos entreprises québécoises ont bâti un succès sur un modèle d’affaire qui repose principalement sur la croissance du nombre des points-de-vente physiques, n’incluant pas la dimension digitale. Ce qui explique que 72% des cyberconsommateurs québécois achète à l’étranger, faute de n’avoir pu trouver localement (et même à grandeur du Canada), ce qui veut aussi dire que seulement 28% de nos dollars canadiens restent au pays. Pas fort comme score. Certains iront même jusqu’à dire que la démographie est l’une des causes. En effet, on parle peut-être de résistance à faire évoluer un modèle d’affaires qui a toujours fait ses preuves.
Et pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les Franck & Oak, Beyond the Rack de ce monde. De belles réussites de commerce en ligne, qui ont commencé leur existence… en ligne. Face à cela, des détaillants dont l’histoire a commencé par de la brique et du mortier, et qui n’ont en ligne aujourd’hui, qu’une simple présence informationnelle. Et là, pour tous ceux qui auraient l’ambition de convaincre ces derniers d’embarquer dans le transactionnel en ligne, on touche un aspect difficile à combattre. La réussite. Car, veut, veut pas, même non transactionnel en ligne, ces détaillants affichent un taux de succès pouvant faire l’envie de beaucoup. Pourquoi faire différent quand la recette a toujours fonctionné ainsi ? C’est une vision désormais court terme, car laisser ça à la relève, c’est prendre le risque d’affaire de laisser passer la train de la compétition.
Alors de grâce, l’adage qui dit que le passé n’est pas garant du futur, il faut le respecter, le choyer et le prendre au pied de la lettre. C’est un enjeu de société. Celle de demain, qui a même déjà commencé.
Stéphane Ricoul
Président fondateur de eCom Montréal & Directeur eBusiness chez Sid Lee Technologies et Président fondateur de eCom Montréal www.ecom-montreal.com