En période électorale (ou pré-électorale) revient souvent la question à savoir si la création d’un « ministère du Numérique » serait une bonne chose.
La culture numérique est définitivement à l’ordre du jour. D’ailleurs, ce que l’on peut lire dans la presse ces temps-ci me convainc de l’urgence d’agir :
« Best Buy (BBY) et Future Shop suppriment 950 postes […] et explique ces mises à pied par la popularité croissante de la vente de produits en ligne » (Isabelle Dubé, La Presse, 30 janvier 2014)
« Les grands magasins terrassés par le cybercommerce » (Véronique Dupont, La Presse, 31 Janvier 2014.)
Tirer à boulets rouges sur ce qui est le support de la croissance économique mondiale, quelle drôle d’idée.
Selon le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du gouvernement du Canada, le volume annuel de l’économie numérique canadienne est de près de 25 milliards de dollars. Pour la province du Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec, l’économie numérique compte 8 000 entreprises qui génèrent directement plus de 150 000 emplois.
À quand un ministère du Numérique, au même titre que l’agriculture, les transports ou la culture?
Adaptation et réaction
La première révolution a été agricole : elle a contribué au passage d’une société nomade de chasseurs à une société sédentaire de producteurs agricoles.
La deuxième révolution a été industrielle : elle a fait naître le développement du commerce. Elle a amené la révolution des transports, ce qui a favorisé l’accroissement des échanges commerciaux intérieurs et internationaux. Avec elle est apparue la notion de libre concurrence, qui était accompagnée de la recherche du profit.
Le commerce électronique est une suite logique des choses : il s’agit d’un autre canal de vente, avec le monde à sa portée.
Lorsqu’apparaissent des technologies de rupture, certaines entreprises sont totalement prises au dépourvu. Kodak est un exemple parfait : pour Kodak, c’est le refus de bousculer son modèle d’affaires afin de protéger son activité la plus rentable, soit la pellicule. Malgré une innovation constante, Kodak a été incapable de mettre en marché des nouveautés par protectionnisme de ses marges.
Blockbuster n’a pas fait mieux, Virgin Megastore non plus. Il y a eu une incapacité à s’adapter à une nouvelle réalité, en raison d’un modèle d’affaires qui gravitait autour d’une définition étroite des valeurs.
Pour Blockbuster, le magasin était sa raison d’être, alors que pour ses clients, c’était les films. Pourtant, l’entreprise avait mis en place un système de livraison en ligne, mais le modèle d’entreprise n’avait pas été adapté.
Maintenant, prenez le nom Blockbuster et remplacez-le par Virgin, remplacez « film » par « musique », et relisez ce paragraphe précédent. Triste.
Les raisons du succès
Montrer du doigt le succès du commerce électronique pour justifier une restructuration n’est pas en adéquation avec le XXIe siècle.
Le mobile, les données ouvertes et l’esprit de start-up doivent désormais être incorporés aux modèles d’affaires. La cohérence entre les canaux physiques et numériques doit être laissée au choix du client.
Créer et capter de la valeur, à travers la redéfinition d’un modèle d’affaires établis, constitue une obligation pour toute entreprise. Cela se fait à travers une stratégie basée sur les besoins des clients, mais cette fois-ci, à l’échelle mondiale.
Ce n’est donc pas une révélation. C’est enseigné dans toutes les bonnes écoles de commerce. Cela porte un nom : l’évolution. On embarque ou on n’embarque pas. C’est un choix de gestion.
Le commerce électronique ne sera jamais la cause de l’égarement d’une entreprise. Toutefois, la créativité et le courage de l’entrepreneur seront toujours les raisons de son succès.
Croyez-vous que la création d’un ministère du Numérique à l’échelle provinciale et/ou nationale, qui agirait comme un modèle de gouvernance, est désormais devenue essentielle à notre croissance économique?