D’entrée de jeu, une double interprétation à cette question peut être faite :
1. Le eCommerce s’adresse-t-il à toutes les entreprises quelque soit leur localisation ?
2. Est-ce qu’un distributeur en ligne (pure-player) pourrait penser à ouvrir un magasin physique ?
Pour répondre au point 1, depuis près d’un an maintenant, je me ballade un peu partout au Québec, aux côtés de Desjardins Entreprises Capital Régional et Sid Lee Technologies, organisant des séries de conférences avec pour objectif d’inciter nos entrepreneurs québécois à sauter dans l’arène des affaires électroniques, objectif partagé avec le salon annuel eComMTL. D’ailleurs, nous sommes animés d’une même croyance : l’essor économique du Québec et de ses régions passe en bonne partie par le numérique et les capacités transactionnelles.
Les quelques statistiques purement québécoises (étude du Cefrio) montrent une augmentation annuelle des ventes en ligne de 15 %, avec 61 % des Québécois achetant en ligne. De quoi réjouir nos détaillants, même éloignés de Montréal, que l’on peut considérer, sans chauvinisme, comme la plaque tournante du Québec.
La localisation, le maitre-mot du commerce de détail
La localisation a acquis ses lettres de noblesse depuis des lustres dans l’univers de la brique et du mortier. En effet, un commerçant qui cherche à prendre de l’expansion, conquérir un nouveau marché ou acquérir une nouvelle clientèle envisagera d’ouvrir un magasin dans une nouvelle zone géographique.
En se lançant dans le transactionnel en ligne, l’objectif demeure le même, mais avec un rapport coût/étendue géographique potentielle qui est beaucoup plus avantageux. En effet, la boutique en ligne cherchera à conquérir des marchés éloignés que la boutique physique ne pourrait se permettre d’exploiter, faute de moyens financiers requis. Qu’en est-il de l’accès aux technologies ou de l’expertise? Est-il inversement proportionnel à la distance? Pour les plus grandes entreprises, probablement pas, mais pour les plus petites? Toucherait-on là au concept de frontière physique au commerce électronique? L’accueil que nous avons lors de nos conférences en région (parfois éloignées), est excellente. Les entreprises ont soif de connaissances en matière de commerce électronique, et Google (ou les autres) n’est pas la réponse à tout. Le numérique ne remplace pas adéquatement l’être humain, le physique, le réel…
Apporter l’expérience humaine sur le Web
Ce qui m’amène au point 2 des interprétations possibles dans le titre de ce billet. Distribution en ligne et physique sont-ils compatibles? eBay le fait à sa manière, avec ses magasins éphémères (pop-up stores en anglais) – voir cet article publié par le centre de veille l’Atelier; d’autres y pensent, parfois selon des modèles différents, même au Québec (chut, c’est secret…peut être dans un prochain billet?). La grande difficulté pour un distributeur en ligne reste d’amener sur le Web l’expérience humaine que l’on vit dans un commerce, comme par exemple le petit commentaire « ça vous va très bien » (même si on y croit plus ou moins) ou le pouce levé accompagné du clin d’œil complice. Techniquement pas évident, stratégiquement non plus. Alors la frontière physique au eCommerce se déplace naturellement. On n’essaie plus forcément d’amener les réflexes physiques dans l’univers numérique, mais plutôt les possibilités numériques dans l’univers physique. Autrement dit, ce qui se fait de mieux dans le Web est intégré au point de vente réel, comme le montre ce bel exemple avec 7 Eleven. La tendance est là pour rester. Il existe de plus en plus de littérature sur le sujet. Cela fera l’objet d’un prochain billet.
Tout ceci me fait penser à ce que me disait mes parents quand j’étais plus jeune : « on ne peut pas avoir le meilleur des deux mondes », ou encore « on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ». Et pourtant, ce genre de limites semble vouloir disparaitre avec le temps.