À chaque conférence sur le commerce électronique (ou sur tout autre domaine connexe, il y en a légion) à laquelle j’assiste, c’est devenu un grand classique : le désormais fameux et célèbre « En commerce électronique, on est en retard au Québec » a droit à son heure de gloire.
C’est aussi utile et nécessaire que de dire « La poutine fait grossir ».
La nuance est certainement de mise. L’angle avec lequel on porte ce jugement doit évoluer et devenir un peu plus obtus.
Je ne dis pas qu’il faut être réfractaire aux mises en garde. Je dis simplement qu’il faut maintenant mettre en contexte et relativiser nos comparaisons. Le retard ne doit pas se mesurer sur combien d’entreprises sont en ligne pour faire du transactionnel au Québec, mais sur le taux d’adoption de ce canal de vente. Comme le transactionnel ce n‘est pas seulement un échange monétaire, vous verrez que le Québec ne fait pas si mauvaise figure.
La comparaison du Québec est souvent établie avec les États-Unis, mais elle est boiteuse ou incomplète. Qui a déjà vu des chiffres sur le commerce électronique per capita? Si vous les avez, envoyez-les moi de grâce.
Des journées de ventes en ligne de plus d’un milliard de dollars, on n’en a pas. Exact. Nous n’avons pas de Thanksgiving non plus! Des Amazon, on n’en a pas. Exact. Des centaines de millions de consommateurs non plus! Une croissance du commerce électronique à deux chiffres on n’en a pas. Exact. Une exonération sur la taxe de ventes en ligne non plus !
Les entreprises québécoises embarquent dans le commerce électronique, depuis longtemps et de plus en plus. Des histoires à succès, on en a. Le mouvement est enclenché.
Des Black Friday et Cyber Monday, on en a nous aussi, on appelle ça le Boxing Day.
Et puis, on vend aussi à l’extérieur du pays, ce n’est pas vrai qu’on ne fait que acheter.
Le Québec n’est pas une ile coupée du monde : c’est une province, avec ses particularités, sa singularité. Nous devons capitaliser dessus et y puiser ce qui nous distingue en ligne. Ne tentons pas d’imiter d’autres modèles à succès. Restons nous-mêmes. Si Guy Laliberté n’avait pas cru au pouvoir des clowns, il ne serait jamais allé dans l’espace. La conviction mène loin.
Reste que j’aimerais ça pouvoir un jour commander en ligne une poutine… sans gluten !