La RSE. Derrière ces trois petites lettres – l’acronyme de « responsabilité sociale des entreprises » – se cache l’une des grandes préoccupations des compagnies ces dernières années.
N’en déplaise à Milton Friedman qui affirmait en 1970 que « la responsabilité sociale des entreprises est d’accroitre ses profits », ce profit ne pourra être réalisé sans assumer une certaine responsabilité sociale. Cette dernière décennie a prouvé aux compagnies que mettre en place des principes de responsabilité sociale est source d’économies et n’est plus un nice-to-have.
Selon Industrie Canada, la RSE est un concept en pleine évolution pour lequel il n’existe pas, à l’heure actuelle, de définition universellement acceptée. Mais en voici une que l’on retrouve fréquemment : il s’agit de la façon dont les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques à leurs valeurs, à leur culture, à leur prise de décisions, à leur stratégie et à leurs activités d’une manière transparente et responsable dans ses rapports avec les clients, collaborateurs et partenaires ; et au final, il s’agit de la façon d’instaurer des pratiques exemplaires, de créer de la richesse et d’améliorer la société.
Au-delà des aspects sociaux (1), environnementaux (2) et économiques (3), la RSE englobe également les considérations sociétales (4) et de gouvernance (5) :
1- Le geste social
Un récent sondage Gallup montre que seulement 29 % des Canadiens se disent heureux au travail. Chaque année au Canada, c’est environ 3 % de la population active ou 500 000 personnes qui s’absentent du travail pour maladie mentale (Source : Commission nationale sur la santé mentale, 2012). Bien que les problèmes de santé ne représentent que le tiers de tous les congés d’invalidité, ils comptent pour 70 % des coûts.
L’entreprise doit donc veiller au bien-être de ses employés et démontrer son engagement social. Plusieurs solutions existent : organiser des « 5 @ 7 » au bureau pour favoriser l’échange entre collaborateurs; favoriser le télétravail quand celui-ci est possible; programmer des tournois sportifs; développer sa politique de formation; encourager la « déviance positive » chez les employés et gestionnaires.
Ces gestes contribuent à fidéliser les employés en stimulant leur fierté d’appartenance ainsi qu’à attirer les meilleurs profils de candidats, notamment ceux qui s’identifieront à la culture de l’entreprise.
Dans le secteur des TI, c’est encore plus problématique car la relève est de plus en plus difficile à assurer. Ce n’est pas pour rien que le réseau Action TI organise un Gala de la relève avec un appel à l’action : « Saviez-vous que la relève en TI est insuffisante pour combler le nombre de postes disponibles d’année en année? ». Ainsi, fidéliser les talents c’est protéger ses actifs les plus précieux!
2- Le geste environnemental
Les mécanismes de protection de l’environnement sont nombreux. Citons la réduction des impressions sur papier, l’incitation au covoiturage, l’incitation à à l’économie d’énergie (éteindre les portables), le passage à l’infonuagique, etc.
Il ne s’agit en rien d’une révélation de dire que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et que le secteur professionnel en est extrêmement consommateur. Avec le temps, ces ressources deviennent également de plus en plus coûteuses. Limiter le gaspillage de celles-ci et réfléchir à des solutions durables, c’est aussi préserver une partie de son capital.
Les fournisseurs et constructeurs TI – vu leur nombre important de « sources » de chaleur (serveurs, portables, etc.) – ont très vite appliqué et multiplié les initiatives vertes à la fois dans une optique responsable, mais aussi économique.
3- Le geste économique
Le succès et la pérennité des entreprises passent par la satisfaction des clients. Alors, il est important de les choyer.
Pour connaître le degré de satisfaction de ses clients et faire d’eux des ambassadeurs, encore faut-il les sonder en leur demandant leur avis sur les axes d’amélioration des produits et services. Les enquêtes de satisfaction sont un bon début.
A travers cette dimension de la RSE, le postulat de Milton Friedman s’applique totalement. La responsabilité et le devoir essentiel de l’entreprise envers ses clients et ses collaborateurs sont d’assurer sa propre santé financière. Cette responsabilité ne passe pas seulement par la comptabilité, mais aussi par des actions responsables.
4- La gouvernance
La gouvernance passe tout d’abord par la définition d’une ligne de conduite, d’une charte ou d’une éthique propre à l’entreprise.
Avant même de démarrer des actions, il est nécessaire de se connaître, de s’interroger sur ce que l’on souhaite devenir et de se projeter. Sans rivaliser avec le « connais-toi toi-même » socratique, cet exercice est nécessaire à toute entreprise, tous secteurs confondus, car il permettra de diagnostiquer vos atouts ainsi que les menaces qui pèsent sur votre compagnie.
A terme, l’entreprise sera à même d’identifier les axes de progression et par conséquent d’innover. Cette innovation pourra devenir un avantage concurrentiel!
5- La responsabilité sociétale
Avec les actions environnementales, les programmes de responsabilité sociétale sont les seuls à avoir un impact tant sur l’entreprise que les parties prenantes.
Par exemple, les actions sociétales peuvent concerner les investissements et les placements responsables. Ces derniers sont réalisés en prenant en compte les aspects économiques et sociaux. Ces investissements, parfois audacieux, permettent à terme d’obtenir un rendement plus important, mais aussi de réaliser des économies significatives ou d’améliorer l’image de la compagnie qui les réalise.
Il s’agit de bien petites actions et de petits conseils pour une question qui est beaucoup plus vaste. La responsabilité sociale des entreprises ne se limite donc pas à des actions environnementales, mais s’étend bien à une dimension de développement durable. A l’heure où l’instantanéité prévaut, la RSE vise à inscrire les entreprises dans la durée, à assurer leur pérennité.
Contrairement aux premières années où la responsabilité sociale des entreprises n’était vue que comme un phénomène de mode dispendieux, ne pas prendre en considération ces enjeux est aujourd’hui un luxe que nombre d’entreprises ne peuvent se permette.
Le monde des affaires est-il prêt? Et vous, y a-t-il une pratique que vous mettrez en place?