Pour l’utilisateur, le portable du bureau qu’on amène à la maison n’est plus tout à fait un ordinateur du bureau. Pour le gestionnaire des systèmes, par contre, c’est un défi à relever.
L’informatique mobile étend ses tentacules, comme en fait foi l’augmentation des ventes de dispositifs numériques de toutes sortes – téléphones intelligents, assistants numériques personnels, clés à mémoire et autres. La vague déferle aussi sur le monde des affaires; un nombre croissant d’organisations jugent indispensable le recours à l’informatique mobile afin d’améliorer la productivité du personnel. Il est donc possible, aujourd’hui, de se servir d’une foule d’appareils du genre pour se raccorder au réseau d’une entreprise.
Cette multiplication des canaux de communication n’est pas sans causer quelques mots de tête aux responsables des TI et aux dirigeants en général. De plus en plus d’employés utilisent au travail les mêmes dispositifs électroniques qu’à la maison, peu importe que ces appareils soient leur propriété ou celle de l’employeur.
Sur 200 entreprises ayant participé à un sondage mené par la firme d’analyse Gartner, 60 indiquent qu’au moins 30 % de leurs employés accèdent à des ressources appartenant à l’entreprise, à l’aide d’appareils ne lui appartenant pas. Par ailleurs, 102 d’entre elles prévoient qu’elles se retrouveront dans une situation semblable d’ici 2008.
Inutile de dire que l’usage de ces outils échappe en grande partie au contrôle de l’entreprise. Selon Gartner, il y a là une sorte d’anarchie, à laquelle il est difficile de se soustraire. Ayant fait ce constat, les organisations pourraient choisir de changer certaines de leurs politiques.
Gartner a émis une prédiction à ce sujet à la fin de l’année dernière : d’ici 2008, les organisations exigeront, dans une proportion de 10 %, que les blocs-notes utilisés pour le travail soient fournis par les employés. Téméraire de prime abord, cette projection n’est pourtant pas aussi farfelue qu’on pourrait le croire. Car si certaines organisations refusent toujours d’envisager que des dispositifs ne leur appartenant pas soient branchés à leur réseau, d’autres pourraient accueillir l’idée à bras ouverts, souligne-t-on dans le webzine Processor.
Les ventes de bloc-notes sont en forte progression, au détriment des ordinateurs de bureau – tendance confirmée par Gartner en mars dernier. Le portable demeure certainement la méthode privilégiée pour se relier à des données d’entreprise lorsqu’on se trouve à l’extérieur de celle-ci.
Ainsi, certaines organisations souhaitent partager avec les employés le fardeau économique plutôt lourd que représentent les blocs-notes mis la disposition du personnel. D’ailleurs, Gartner indique que les entreprises où les capitaux se font plus rares – comme les PME – sont celles qui, pour le moment, adoptent cette façon de faire.
L’acquisition d’un portable devient alors un critère d’embauche. Un peu à la façon des programmes universitaires où l’étudiant doit obligatoirement se procurer un bloc-notes, celui-ci étant considéré comme un outil pédagogique au même titre que les livres. On peut aussi établir un parallèle avec la voiture d’entreprise : Gartner prévoit qu’une allocation serait versée pour le bloc-notes, tout comme on le fait pour la voiture.
Les organisations, nous l’avons vu, sont exposées à des menaces de plus en plus nombreuses en raison de la prolifération de l’informatique mobile. Aussi, la sécurité risque de restreindre leur enthousiasme face à un tel projet. Chez Gartner, on tempère cette possibilité : de toute façon, le modèle du périmètre de sécurité autour des systèmes d’information n’est plus viable, croit-on. Dorénavant, la protection doit s’organiser davantage en fonction des réseaux. De plus, les outils de gestion des appareils mobiles ont évolué récemment, ce qui laisse entrevoir la possibilité d’exercer, à court terme, un contrôle plus étroit des blocs-notes reliés à un réseau d’entreprise.
La maintenance peut également poser problème. L’allocation versée pour les blocs-notes devra sans doute couvrir cet aspect des choses – de façon partielle au moins. Pour la maintenance des blocs-notes, Gartner suggère d’avoir recours à une tierce partie, auprès de qui on peut obtenir un tarif de groupe avantageux. Les spécialistes de la firme croient que l’image plus légère généralement installée sur le PC d’un particulier en facilite l’entretien.
Par ailleurs, les progrès technologiques pourraient accélérer l’adoption de ce nouveau modèle. À cet égard, Gartner évoque les méthodes d’authentification, les solutions à la demande et la virtualisation, techniques de pointe autour desquelles on pourrait organiser le modèle, le rendant plus attrayant. La firme estime qu’en 2010, 75 % des PC seront dotés de fonctionnalités de virtualisation.
Davantage que de technologies de pointe, toutefois, la percée du modèle requiert sans doute un renouveau des mentalités au sein d’une majorité d’organisations. Chose certaine, un tel changement ne peut venir, à moyen terme, des entreprises ayant à traiter des informations à caractère particulièrement confidentiel.