Bell Canada a participé à deux projets pilotes, l’un en téléchirurgie et l’autre pour le traitement de patients atteints d’un infarctus, qui ont permis de tester l’efficacité de son réseau de télécommunications.
En moins d’une semaine, Bell Canada, qui investit bon an mal an un milliard de dollars à des projets de recherche et de développement, a rendu publics les résultats de deux projets pilotes permettant de tester l’efficacité de son réseau de télécommunications dans le cadre de deux applications différentes en santé, démontrant ainsi ses intentions stratégiques à l’égard de ce créneau.
Le premier essai porte sur l’exécution d’une série d’interventions téléchirurgicales sur une grande distance, soit entre Toronto et Vancouver. Ces essais auraient été concluants, démontrant l’efficacité du réseau de télécommunications de Bell pour mener de telles interventions.
Menées pendant une semaine, les interventions chirurgicales ont été réalisées au moyen d’un prototype de phase B du système chirurgical robotique de prochaine génération Amadeus du fournisseur canadien Titan Medical, qui est partenaire dans ce projet. Titan Medical se spécialise dans le développement et la commercialisation de technologies chirurgicales robotiques. Les interventions ont été effectuées sur un coeur d’animal et des mannequins.
Les essais ont été réalisés grâce à une connexion réseau permettant la transmission vidéo à haute définition, soit la transmission de signaux haute définition double à faible délai de transit, laquelle permet d’obtenir une vision tridimensionnelle. Le délai permis par ce type de connexion était d’environ 300 ms; les experts estiment que le délai ne doit pas dépasser 350 ms pour qu’une opération de téléchirurgie soit efficace.
La téléchirurgie offre plusieurs avantages, dont celui de pouvoir profiter de l’expertise de spécialistes reconnus situés dans une autre municipalité, voire dans un autre pays.
« Le concept de commande sur une longue distance présente de nombreux avantages : l’amélioration de la capacité d’opération du chirurgien permettra de mettre ses compétences à la disposition d’un plus grand nombre de patients; la collaboration entre experts et la formation sur les procédures seront plus simples, plus rapides et plus efficaces; les coûts de transport des patients diminueront; les communautés mal desservies pourront être prises en charge par des hôpitaux établis; enfin, les chirurgiens ne seront plus exposés aux dangers des champs de bataille dans les applications militaires », explique le président de Titan Medical, Dr Reiza Rayman.
Intervenir plus rapidement
Le deuxième projet auquel a participé Bell visait à améliorer la prise en charge des patients victimes d’un infarctus et diminuer les délais d’intervention. Désigné Identification préhospitalière de l’infarctus du myocarde (IPIM), le projet, qui est une initiative de la direction médicale des services préhospitaliers de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, a eu lieu au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Pierre-Boucher de Longueuil sur une période de 12 mois.
Le temps étant une donnée cruciale lors d’une intervention sur un patient victime d’un infarctus aigu du myocarde, le projet avait pour objectif de tester l’efficacité d’une méthode d’intervention consistant à enregistrer l’électrocardiogramme (ECG) du patient sur le site d’intervention ou durant le trajet vers l’hôpital. Le projet testait aussi la transmission de l’ECG en temps réel aux médecins de la salle d’urgence en ayant recours au réseau sans fil de Bell. Ainsi, le délai d’intervention est réduit, augmentant du coup les chances de sauver le patient.
Au-delà de 90 minutes entre l’arrivée du patient à l’hôpital et le déblocage de son artère cardiaque, les chances de permettre au patient de s’en tirer sans garder de séquelles de sa crise cardiaque, voire de survivre, sont nulles, selon les experts du domaine. Les essais ont permis d’atteindre un délai de 46 minutes.
De 15 à 18 personnes, incluant les intervenants du centre de communication Alerte santé, les ambulanciers, les urgentologues, les professionnels de la salle d’urgence, les hémodynamiciens et l’équipe interdisciplinaire qui les entoure, sont impliqués dans la prise en charge d’un patient victime d’un infarctus aigu, de son domicile jusqu’à son traitement dans la salle d’hémodynamie de l’hôpital.
« Nous sommes maintenant en mesure de poser un diagnostic sur l’état du patient et de prendre la décision de mobiliser l’équipe de garde du laboratoire d’hémodynamie avant même l’arrivée du patient à la salle d’urgence. À l’arrivée du patient, toutes les équipes sont ainsi en place dans l’hôpital pour intervenir sur le champ », a indiqué Dr Gilles Beaucage, chef du département de l’urgence de Pierre-Boucher.
Outre Bell Canada, le CSSS Pierre-Boucher et l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, le projet comptait parmi ses partenaires la Fondation de l’Hôpital Pierre-Boucher, la Fondation Cardio-Montérégienne et la firme spécialisée en équipement médical électronique Medtronic.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.