BCE veut faire l’acquisition d’Astral, l’une des plus importantes entreprises du secteur des médias au Québec, dans une transaction évaluée à 3,38 milliards de dollars. Bell Canada compte élargir ainsi son offre de contenu sur ses plateformes, surtout sur les appareils mobiles. Mise à jour
Le conglomérat du secteur des médias BCE procédera à l’acquisition de l’entreprise médiatique québécois Astral en achetant toutes ses actions ordinaires émises et en circulation, au coût de 50 dollars l’action pour les actions de catégorie A sans droit de vote et au coût de 54,83 dollars pour les actions de catégorie B avec droit de vote. La valeur de l’acquisition de 3,38 milliards de dollars inclut une dette nette de 380 millions de dollars d’Astral Média.
BCE réalisera l’achat d’Astral par l’octroi d’espèces qui équivaudront à 75 % du prix d’achat et par la remise d’actions ordinaires qui correspondront à 25 % du prix d’achat. Le conseil d’administration d’Astral a voté en faveur de la transaction et recommande aux actionnaires votant d’en faire tout autant. Également, le président, chef de la direction et cofondateur d’Astral, Ian Greenberg, siégera au conseil d’administration de BCE.
Au terme de la transaction, les activités d’Astral seront chapeautées par l’entité Bell Canada Bell Média au sein du conglomérat BCE. Ce faisant, BCE deviendrait le deuxième employeur privé en importance au Québec, après l’institution financière Mouvement Desjardins.
Astral exploite au Canada 24 chaînes de télévision spécialisées et payantes en français et en anglais (dont Canal Vie, Canal D, Vrak.TV, Musique Plus, Télétoon, Super Écran, Viewer’s Choice, Ciné Pop, etc.), 84 stations de radio dans cinquante marchés canadiens (dont les réseaux Rouge FM, NRJ, Boom et EZ Rock, CHOM-FM, etc.) et un réseau d’affichage publicitaire au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Également, Astral exploite une centaine de sites Web qui sont liés à ses chaînes de télévision et de radio.
Contenu mobile stratégique
Lors d’une conférence de presse présentée au siège social d’Astral, le président et chef de la direction de BCE et de Bell Canada, George Cope, a affirmé que l’acquisition d’Astral était critique pour la stratégie commerciale de Bell. Il a souligné que le contenu d’Astral s’insérait parfaitement dans l’approche « des quatre écrans » – télé, ordinateur, tablette électronique, téléphone évolué – du fournisseur de services de télécommunications.
« Nous accueillons un meneur du secteur des médias par la venue d’Astral au sein de Bell, qui s’ajoutera à CTV pour proposer aux consommateurs une offre inégalée. Notre offre de contenu canadien se renforce et s’élargit », a indiqué en essence M. Cope.
M. Greenberg, en avouant qu’il ressentait des sentiments partagés en cédant le contrôle de l’entreprise familiale qu’il a cofondée il y a plus de cinquante ans, s’est dit heureux de la transaction réalisée par Astral et BCE.
« Bell est un partenaire solide d’Astral depuis quinze ans qui reconnaît le talent de nos employés et qui s’est engagé à poursuivre notre vision. Le futur est excitant pour notre équipe », a-t-il déclaré.
« Mes frères et moi avions fondé l’entreprise afin de garder notre famille unie. Au fil des années, nous avons côtoyé des collègues talentueux – nos employés sont la fondation du succès de notre compagnie », a-t-il ajouté.
À plusieurs reprises, M. Cope a souligné que Bell avait l’intention d’offrir rapidement le contenu d’Astral sur les plateformes mobiles par le biais de ses services de télécommunications, « tout comme aux concurrents, alors que nous espérons qu’ils le feront aussi rapidement qu’ils le désirent. »
Intentions et objections
M. Cope de BCE a refusé de répondre aux questions qui portaient sur de possibles pertes d’emplois en raison de chevauchements au sein de la main-d’oeuvre de Bell et d’Astral, préférant souligner que la qualité du personnel de l’entreprise médiatique québécoise était de grande valeur.
Quant à un déplacement du centre de décision d’Astral de Montréal vers Toronto, M. Cope a répondu que l’entreprise acquise détenait une présence importante au Québec en raison de la participation de ses employés du Québec et que son siège social se devait d’être au Québec.
« Nous espérons que l’équipe d’Astral restera en place, a-t-il indiqué. L’équipe d’Astral à Montréal possède beaucoup d’expérience et elle restera ici. Pour la direction des chaînes spécialisées en français, je ne pense pas que ce serait une bonne chose d’effectuer un déménagement à Toronto. »
M. Cope a refusé également de répondre aux questions liées à une possible acquisition du réseau de télévision généraliste V et aux questions portant sur une implication du conglomérat dans l’établissement possible d’une troisième équipe de hockey de la LNH à Québec.
D’autre part, M. Cope a indiqué que Bell collaborerait avec les autorités de réglementation, tout en disant croire qu’il n’envisageait pas de difficultés ou de contraintes de nature concurrentielle. L’achat d’Astral par BCE sera sûrement scruté par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et par le Bureau de la concurrence du Canada.
Avenir technologique
Astral tire ses racines de l’entreprise Angreen Photo, fondée en 1961, qui exploitait des concessions de développement de photo sur papier dans une chaîne de magasins à rayons. En 2012, Astral produit du contenu de plus en plus numérique, en multiples formats, qui est diffusé sur diverses plateformes.
Invité à commenter l’évolution de la production et de la diffusion de contenu depuis les débuts des activités commerciales d’Astral, M. Greenberg a souligné que son entreprise n’avait jamais hésité à saisir les opportunités offertes par les technologies de l’information et des communications émergentes.
« Nous avons investi tôt dans la télévision payante, qui permettait aux consommateurs de voir ce qu’ils voulaient au moment qu’ils le voulaient, a souligné M. Greenberg. Aujourd’hui, nous pouvons donner aux consommateurs la programmation qu’ils désirent lorsqu’ils le désirent sur leur téléviseur, puis par la pression d’un bouton en poursuivre l’écoute sur leur ordinateur, puis sur leur iPad ou leur téléphone mobile. »
« Nous voyons dans la technologie plus d’opportunités que de menaces. Bell sera la plus importante entreprise en matière de distribution de contenu canadien. Son approche est la voie de l’avenir », a-t-il ajouté.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.