La qualité du français écrit sème la controverse. Plusieurs outils permettent de corriger les erreurs, mais la technologie ne doit pas remplacer l’apprentissage.
Au cours des dernières décennies, l’écriture de la langue française semble avoir subi de grands bouleversements, alors que plusieurs perçoivent une dégradation de la qualité du français écrit. Les changements apportés aux méthodes d’enseignement en classe ont affecté plusieurs générations de personnes. Ainsi, des enfants, mais aussi des parents d’enfants éprouvent de la difficulté à écrire sans faire de fautes d’orthographe ou d’erreurs grammaticales.
Notamment, des articles de journaux ont fait état de carences de la langue française de professeurs. Certes, l’apprentissage correct de l’écriture d’une langue requiert la présence de points de référence de grande qualité. Plusieurs personnes se sont donc indignées que des enseignants puissent pratiquer leur métier malgré d’importantes lacunes linguistiques.
D’autre part, plusieurs personnes font état de la dégradation de la qualité de l’écriture en français dans des médias électroniques, notamment dans Internet. Ah, les jeunes écrivent mal dans les forums de discussion. Ils écrivent au son lorsqu’ils clavardent!, déplorent-t-elles. Il est vrai que la qualité de l’écrit, que ce soit au niveau de l’orthographe, de la grammaire, de la structure des phrases et de la qualité du vocabulaire, en prend parfois pour son rhume.
Toutefois, il ne faudrait pas porter ce jugement seulement aux enfants et aux adolescents, car plusieurs adultes et plusieurs travailleurs font autant d’erreurs, sinon plus. Et le mot « travailleur » ne signifie pas « ouvrier », car des professionnels et des dirigeants d’entreprises écrivent des textes bourrés de fautes dans leurs blogues et leurs courriels. La détention d’un diplôme universitaire peut signifier qu’une personne a obtenu une formation supérieure dans un domaine de pointe, mais cela ne signifie pas qu’elle écrit mieux qu’un artisan qui est allé travailler après avoir fait « sa sixième année ».
Dégénérescence
La qualité du français écrit revêt un caractère important pour une organisation, puisqu’il constitue une pièce maîtresse de son image publique. Il y a quelques années, toutes les correspondances écrites étaient rédigées « au propre » par une secrétaire ou par un adjoint administratif, alors que les contenus destinés aux emballages ou aux dépliants commerciaux étaient vérifiés par des correcteurs et des réviseurs.
Aujourd’hui, à l’ère des communications électroniques et instantanées, où chaque personne peut écrire des propos à partir de son ordinateur ou son assistant numérique personnel, les étapes de correction et de révision sont souvent reléguées aux oubliettes. Bah! Ce n’est pas important, pourvu qu’on comprenne le message, diront certains. Au contraire, la qualité du français écrit est aussi importante que la justesse des mots employés et que la pertinence des propos. Des présidents d’entreprises envoient des messages truffés de fautes, sans se soucier que le destinataire puisse accorder plus d’attention à la présence de fautes qu’aux propos partagés….
Les panneaux d’affichage, les livres, les infographies à l’écran et même les articles de journaux ne sont pas exempts d’erreurs, car le temps qui presse sans cesse fait que les coins sont parfois tournés trop rondement. Or, le public, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, qu’il s’agisse de personnes dont le français est la langue maternelle ou bien d’immigrants en apprentissage de la langue de Molière, forge sa connaissance d’une langue de qualité à la lecture d’une langue de qualité…
Outils ou béquilles?
Pourtant, il existe de nombreux outils qui permettent d’améliorer la qualité du français écrit. Le dictionnaire et les guides de grammaire, d’orthographe et de conjugaison existent fort longtemps et sont disponibles en vente libre dans les librairies.
Pour les contenus écrits produits par ordinateurs, il existe des sites Web, mais aussi des logiciels spécialisés qui servent à la révision et à la correction. Dans ce domaine, quelques éditeurs québécois produisent des outils qui sont constamment améliorés et peaufinés pour mieux analyser les textes. Ces outils s’intègrent même à une multitude de logiciels d’édition. Ces logiciels sont très pratiques, notamment pour l’auteur de ces lignes, car même l’œil le plus grand ouvert peut ne pas déceler la présence d’une coquille dans un texte.
Or, bien des organisations et des individus n’utilisent pas ces outils qui pourraient faire la différence entre un texte « mal écrit » et un texte « bien écrit ». Il serait avantageux pour les personnes qui savent qu’elles ont une faiblesse en écriture d’utiliser ces logiciels pour améliorer leurs écrits,
Néanmoins, l’utilisation d’un logiciel de vérification et de correction ne signifie pas que l’auteur d’un texte doit accorder moins d’importance à sa maîtrise de la langue. Bah, pourquoi suivre des cours pour améliorer mon écriture du français? Le logiciel va tout corriger…, diront certaines personnes. Confier l’essentiel de la qualité de la langue écrite à un logiciel peut avoir des conséquences désagréables, parce que le logiciel ne peut corriger à 100 % un texte. Il y aura toujours des ambiguïtés qui ne seront clarifiées que par l’auteur d’un texte.
Le logiciel ne peut être une béquille aux carences linguistiques, mais il peut néanmoins améliorer grandement la qualité de la langue écrite, en plus de permettre à une personne d’apprendre la bonne façon de maîtriser l’écriture d’une langue.
Mais encore, les meilleurs professeurs pour l’apprentissage de l’écriture sont le parent et l’enseignant qui emploient une langue de grande qualité. Et si le parent gagne sa vie à titre d’enseignant, l’enfant a tout intérêt à écrire sans faute…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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