Une importante étude québécoise sur les modalités d’apprentissage et les TIC déboulonne le mythe du professeur poussiéreux. Selon les enseignants et les étudiants, les TIC ont un rôle de soutien lors de l’apprentissage.
L’Étude sur les modalités d’apprentissage et les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement a été réalisée par un groupe de chercheurs qui était dirigé par les chercheuses Magda Fusaro et Annie Couture, de l’Université du Québec à Montréal. Quatre chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi, de l’Université à Trois-Rivières, de l’Université Concordia et de l’Université Polytechnique de Montréal ont collaboré à l’exercice.
L’étude, qui a été réalisée pour le compte de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), se caractérise par l’importance de son échantillon, puisque 15 020 étudiants et 2 640 enseignants de douze universités québécoises y ont participé.
Sans surprise, les TIC sont employées dans le cadre de la formation universitaire. Selon l’étude, 88 % des étudiants utilisent toujours l’ordinateur pour produire des travaux écrits, 82 % y ont toujours recours pour préparer des exposés oraux et 56 % l’utilisent toujours pour la préparation d’un examen. À propos des compétences informatiques, 94 % des étudiants utilisent l’ordinateur souvent en classe et en dehors des heures de cours.
Chez les enseignants, 94 % se sont déclarés « de moyennement à très compétents » en matière d’utilisation des TIC. 41 % ont dit qu’ils ont un niveau de compétence moyen, 38 % un niveau avancé et 15 % un niveau expert.
Divergences
La première divergence entre les enseignants et des étudiants en matière d’utilisation des TIC se situerait au niveau des applications en ligne. Les enseignants ont dit mieux connaître et être de grands utilisateurs d’applications « utilitaires », comme les outils de conférence Web tels que Skype (72 %) et les outils de planification de rencontre et de sondages (67 %). Les étudiants, eux, emploient davantage les applications « sociales » comme les réseaux sociaux (83 %) et le partage multimédia (81 %).
Or, pour plusieurs applications Web, la proportion des enseignants qui en avaient entendu parler – sans pour autant l’utiliser – était plus élevée que celle des étudiants. Par exemple, 47 % des enseignants avaient entendu parler des fils RSS et 33 % les avaient utilisés, tandis que 39 % des étudiants avaient entendu parler de cette application et 39 % l’avaient utilisée.
D’autre part, pour la plupart des activités en ligne, les enseignants y avaient eu recours en moyenne plus fréquemment que les étudiants. Pour les activités passives, par exemple, la recherche dans Internet a obtenu des pointages de 6,6 sur 7 chez les enseignants et de 6,1 sur 7 chez les étudiants. La consultation d’un forum en ligne a obtenu des pointages de 4,2 sur 7 chez les enseignants et de 3,6 sur 7 chez les étudiants. La consultation d’un blogue a obtenu des pointages de 3,9 sur 7 chez les enseignants et de 2,9 sur 7 chez les étudiants.
Pour les activités en ligne actives, la participation à un forum en ligne a obtenu des pointages de 3,2 sur 7 chez les enseignants et de 2,6 sur 7 chez les étudiants. La participation à un wiki a obtenu des pointages de 2,1 sur 7 chez les enseignants et 1,6 sur 7 chez les étudiants. La rédaction d’un blogue a obtenu des pointages de 1,8 sur 7 chez les enseignants et 1,7 sur 7 chez les étudiants.
Appréciation accrue chez les enseignants
Lors de la réalisation du sondage pour l’étude, seulement 53 % des étudiants ont indiqué qu’ils avaient une appréciation positive ou très positive de l’utilisation des TIC dans le cadre de leurs cours et des activités connexes. L’énoncé qui a eu le pointage le plus élevé, soit celui voulant que les TIC facilitent l’accès aux documents du cours, a obtenu un pointage de 6 sur 7. L’énoncé au pointage le plus faible, soit celui voulant que les TIC augmentent les interactions avec les autres étudiants et le responsable d’enseignement, a obtenu un pointage de 4,3 sur 7.
Chez les enseignants, 86 % ont indiqué qu’ils avaient avoir une appréciation positive ou très positive des TIC en général (et non seulement dans le contexte de l’enseignement). L’énoncé au pointage le plus élevé, soit celui voulant que les TIC soient utiles pour les activités professionnelles autres que l’enseignement, a obtenu un pointage de 6,3 sur 7. L’énoncé au pointage le moins élevé, soit celui voulant que les TIC facilitent la collaboration avec les étudiants et les autres responsables de l’enseignement, a obtenu un pointage de 5,8 sur 7.
Le magistral préféré au virtuel
Quant aux facteurs qui influencent la perception de la qualité de l’enseignement, les étudiants et les enseignants auraient des préférences qui seraient contraires aux croyances populaires.
Selon l’étude, la perception positive des étudiants par rapport à un cours serait influencée par la qualité de l’enseignement et de l’expérience vécue en classe. Notamment, l’utilisation à bon escient des exposés magistraux est un des facteurs importants qui influencent cette perception positive. D’ailleurs, un énoncé voulant que l’étudiant préfère suivre des cours de formation à distance plutôt que dans une salle de classe a récolté un pointage de 2,6 sur 7, tandis qu’un énoncé portant sur la formation en ligne a récolté un pointage de 2,5 sur 7.
Chez les enseignants, c’est plutôt l’utilisation de formules interactives qui est un facteur important pour la perception positive de l’expérience d’apprentissage des étudiants. « L’utilisation d’exposés magistraux a même un lien négatif (bien que faible) avec la perception qu’ont les enseignants de l’expérience d’apprentissage des étudiants », peut-on lire dans l’étude.
L’appréciation des TIC arrivait au second plan autant chez les enseignants que chez les étudiants. Chez les étudiants, l’efficacité de l’utilisation des TIC est proportionnelle à l’appréciation du cours, mais le lien n’est pas fort. Chez les enseignants, l’appréciation positive des TIC est proportionnelle à la perception que les étudiants ont eu une bonne expérience d’apprentissage, mais ce facteur n’est pas dominant.
Vivek Venkatesh, vice-doyen aux études supérieures et professeur à l’Université Concordia, fait partie des chercheurs qui ont réalisé L’Étude sur les modalités d’apprentissage et les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement pour le compte de la CREPUQ. Ses observations sur les résultats de cette étude feront l’objet d’un article qui sera publié sous peu.