Même s’il prête à interprétation, le concept d’informatique en grille gagne en popularité, aidant un nombre croissant d’entreprises à résoudre des problèmes et à accroître leur efficacité.
L’informatique en grille est la mise en commun de ressources appartenant à des réseaux multiples, par exemple le traitement, la bande passante et la capacité de stockage. L’amalgame de ces ressources permet de disposer d’une grande puissance, que l’on peut comparer à un superordinateur virtuel. Souvent confondue avec des modèles comme la mise en grappe, l’informatique distribuée, la communication poste-à-poste (ou P2P) et la virtualisation, l’informatique en grille se distingue de ces derniers de diverses façons.
Traditionnellement, on y a recours pour exécuter des tâches très complexes et volumineuses, comme des calculs scientifiques poussés, ce qui n’est généralement pas le cas des autres modèles. Non seulement regroupe-t-elle des ressources géographiquement dispersées, mais celles-ci peuvent appartenir à plusieurs organisations.
Sur le site Web qu’il publie à propos de l’informatique en grille, Rajkumar Bujja, auteur et professeur à l’université de Melbourne, établit cette distinction : chacun des noeuds de la grille conserve son propre gestionnaire de ressources, contrairement à la grappe, qui utilise un gestionnaire central.
La définition proposée par IBM aborde les choses sous un angle différent : la grille est une virtualisation de l’informatique distribuée et des ressources, créant une image système unique, à partir de laquelle on accède à un vaste bassin de fonctionnalités.
La vraie priorité : aider l’entreprise
Comme on peut le constater, de nombreuses interprétations existent et même si elles se recoupent sur plusieurs points, l’unanimité est loin d’être acquise. Lors d’une conférence sur le stockage tenue en Floride, au début de novembre, une certaine confusion régnait sur la définition à donner respectivement à la grille et à la grappe, selon ce que rapporte NetworkWorld.
Discussions byzantines, penseront certains. L’idée la plus fausse que l’on puisse avoir de la grille est de penser qu’il faille débattre de sa définition, dit à ce sujet un dirigeant du géant de l’aéronautique Boeing. L’important est qu’elle puisse résoudre les problèmes, plaide-t-il.
Voilà bien ce que doit se dire un nombre grandissant d’organisations, puisque le marché de l’informatique en grille connaît un essor rapide dans le monde des affaires. Certes, il demeure largement associé au secteur de la recherche et aux universités. Toutefois, les prévisions des firmes d’analyse sont optimistes quant à la pénétration du concept dans les entreprises, même s’il reste de nombreux obstacles à lever.
Par exemple, Insight Research estime qu’à l’échelle mondiale, les dépenses dans le domaine passeront de 1,8 milliard de dollars américains en 2006 à 24,5 milliards $US en 2011. D’après IDC, près de 10 % des serveurs vendus l’année dernière ont été déployés en grille, comparativement à moins de 5 % en 2004, et pas plus d’une poignée en 2003.
Pourquoi et comment les entreprises exploitent-elles la grille? Chacune aura sa réponse. La firme de messagerie UPS, par exemple, y voit une étape dans sa stratégie visant à utiliser des technologies de pointe en vue d’accroître sa compétitivité. De son côté, le site eBay se sert d’une grille de très grande capacité (deux petaoctets) pour mettre dynamiquement à jour ses ventes aux enchères, parvenant ainsi à maintenir un temps de fonctionnement de 99,94 %. Pour Boeing, le concept de grille permet de réduire les coûts et de partager plus efficacement les ressources éloignées les unes des autres.
Le spécialiste des services financiers Lehman Brothers, quant à lui, utilise déjà trois grilles. À plus long terme, il souhaite n’en former qu’une seule, qui constituerait le point central de gestion de l’ensemble des ressources mondiales de l’organisation. Chez Lehman, il s’agit non seulement de partager le matériel, mais aussi les services. De ce point de vue, l’utilisation de la grille est étroitement associée à l’architecture orientée vers les services.
Selon un chercheur d’eBay, Paul Strong, les entreprises peuvent facilement tirer avantage du concept. Pour ce faire, elles doivent envisager leur service des TI comme une grille, et le gérer de cette façon. C’est une question quasi philosophique, croit-il. Au lieu de développer les applications en silos, les entreprises doivent construire des silos virtuels. Et éviter de mettre en oeuvre une grille pour chaque application, renchérit un vice-président de l’ingénierie chez Sun, Jim Parkinson.
En présentant l’informatique en grille comme une solution aux problèmes d’affaires, explique Brian Cucci, directeur du Advanced Technology Group chez UPS, nous avons fait comprendre à nos employés que l’objectif n’avait rien à voir avec la « superinformatique » au service de la recherche scientifique. Au bout du compte, les employés ont pu constater l’essentiel, soit un accroissement des performances de leurs applications.